EDITO

Conflit Israël-Palestine : retour au dialogue

AFP

Situation explosive et menace d’embrasement au Proche-Orient au départ du conflit israélo-palestinien. Une fois encore, les tensions entre deux communautés, que l’histoire oblige à coopérer pour vivre en harmonie l’une à côté de l’autre, sont sur le point de plonger leurs habitants dans une guerre fratricide.

Alimentée au début par de petits accrochages entre jeunes Palestiniens et les forces de l’ordre israéliennes à Jérusalem-est, la situation a aujourd’hui atteint un niveau critique. Et même si le point rouge de non-retour n’est pas encore franchi, il n’est pas très loin. On arrive à une situation qui voit des tirs de roquettes lancées d’un camp à l’autre causant destruction de biens et des pertes de vies humaines.

La crise sanitaire occupe tellement la Communauté internationale qu’elle peine à réagir avec rapidité

Les dirigeants des deux côtés n’ont-ils pas encore compris que les nouvelles générations n’ont plus envie de vivre dans une atmosphère minée par la méfiance mutuelle exacerbée, n’offrant aucune perspective de développement pour les uns (jeunes Palestiniens) et obligeant les autres (jeunes Juifs) à vivre sur le qui-vive permanent ?
En lançant des expulsions de familles palestiniennes de maisons qu’elles occupent depuis des décennies, sans ménagement et sans dialogue pour trouver une solution qui satisfasse tout le monde, les autorités israéliennes ont (r)allumé (sciemment ?) le feu d’une colère en sommeil qui n’attendait qu’un faux pas, même minime, pour s’exprimer. Elles sont tombées dans le piège du mouvement islamiste, Hamas, qui n’attendait que ça pour reprendre sa croisade.

Il aurait fallu procéder autrement pour éviter l’humiliation des familles, victimes des expulsions et dont la douleur est partagée par toute une communauté palestinienne éprouvée par des années d’occupation.
Est-ce une provocation pour remettre la question de Jérusalem-est, revendiquée par les Palestiniens comme la capitale de leur futur, au goût du jour ? On voudrait ne pas le croire. Les comportements des extrémistes dans les deux camps compliquent la tâche des partisans d’une solution négociée à deux Etats dans cette région. Or, cette dernière est l’unique voie qui garantira une paix pour les deux communautés.

Malheureusement, la crise sanitaire occupe tellement la Communauté internationale qu’elle peine à réagir avec rapidité pour éteindre le début d’un incendie qui menace de se transformer en un puissant feu susceptible de consumer tout ou une bonne partie sur son passage. Mais elle doit derechef prendre ce dossier israélo-palestinien à bras le corps pour remettre les deux parties autour d’une table de négociation sous sa supervision, mais sans trop d’ingérence. Certes, le vide de pouvoir, tant en Israël (où le Premier-ministre Benyamin Netanyahu n’a pas réussi à former une majorité) qu’en Palestine (où le président Mahmoud Abbas a encore reporté les premières élections en15 ans), ne facilite pas les choses. Il favorise la violence et laisse le champ libre aux extrémistes des deux côtés.

La Communauté internationale doit intervenir, car sans une paix durable au Proche-Orient, c’est tout l’équilibre du monde qui est menacé, parce que les Israéliens et les Palestiniens ont chacun leurs alliés qui exporteront ce conflit sur l’échiquier mondial.

 

Photo: La fumée monte après une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza près de plusieurs lieux gouvernementaux, l’une des plus grandes frappes aériennes sur la bande de Gaza, tôt ce 12 mai 2021