Bélarus, un terrorisme d’Etat dans le ciel européen
Journaliste – Rédacteur en chef.
AFP Le Bélarus et son président Alexandre Loukachencko ont fait un sérieux pied de nez à l’Europe dimanche en interceptant un avion de la compagnie aérienne Ryanair et en le forçant à atterrir à Minsk pour y arrêter l’opposant Roman Protassevitch. Une première dans le ciel européen qui mérite un message d’avertissement des autorités européennes au dictateur-président de l’un des ex-Etat de l’URSS.
L’Europe doit se montrer ferme (…) même si cette fermeté doit pousser le président Loukachenko totalement dans les bras de Vladimir Poutine
Ce n’est, ni plus, ni moins, un terrorisme d’Etat auquel s’est livré le président Loukachenko. En détournant le vol qui reliait Athènes à Vilnius, il a démontré qu’il n’a que faire des sanctions déjà prises par l’Europe à son encontre à l’issue de l’élection présidentielle d’août 2020 jugée truquée par les Européens et en réponse à la répression violente des manifestations contestant son maintien au pouvoir. Depuis ce simulacre d’élection, quelque 88 personnes dont Alexandre Loukachenko et 7 entités sont frappées d’une interdiction de voyager dans l’Union européenne et d’un gel de leurs avoir en Europe. Un embargo sur les armes est également décrété depuis plusieurs années aussi.
Après la démonstration de force du président Loukachenko, l’Europe a fermé son espace aérien aux avions biélorusses. Elle demande des sanctions économiques ciblées et une extension de la listes des personnes et institutions déjà sanctionnées après la présidentielle d’août 2020. En demandant aux compagnies aériennes européennes de ne plus survoler l’espace aérien biélorusse, l’Europe prend des mesures de sécurité, mais c’est aussi une sanction économique parce que ce sont des recettes de taxes aériennes en moins pour les caisses de cet Etat de près de 9,5 millions d’habitants.
Face au comportement du président biélorusse, l’Europe doit se montrer ferme pour éviter de créer un précédent. Il le faut, même si cette fermeté doit pousser le président Loukachenko totalement dans les bras de Vladimir Poutine, le puissant président de la Russie voisine. Car des condamnations non suivies d’actes risquent d’entrouvrir la porte à d’autres dictateurs qui, demain, pourraient se sentir libres d’intercepter un avion d’une compagnie aérienne européenne dans leur espace, quasiment en toute impunité. En détournant l’avion de Ryanair, le président Loukachenko passe une étape et devient une menace pour des pays voisins dans la sous-région comme la Lituanie et la Lettonie. L’Europe doit exiger et obtenir la libération des prisonniers politiques, y compris celle de Roman Protassevitch et de sa compagne.
La question est de savoir si la Russie continuera à soutenir son petit protégé Alexandre Loukachenko dans ses dérives où il défie l’Europe.
