EDITO

Inondations : une remise en cause de nos choix

BELGA

Ces dernières vingt-quatre heures, les Belges ont été confrontés à des intempéries qu’on ne voit que tous les 10, 20, 30 ou 40 ans. Aux quatre coins du pays, principalement en Wallonie, les inondations ont été si spectaculaires et il n’y a pas de doute que l’état de catastrophe naturelle sera reconnu pour permettre aux nombreux sinistrés de toucher des aides publiques afin de pouvoir réparer les dégâts. Et espérons que les compagnies d’assurances ne se feront pas tirer les oreilles pour indemniser leurs affiliés.

Quel triste spectacle que de voir les crues des rivières, débordées par la pluie partout en Wallonie, notamment dans les provinces de Liège, de Namur et de Luxembourg où les autorités publiques ont dû déclencher l’état de catastrophe afin de mobiliser dans l’immédiat toutes les ressources humaines et venir en aide aux victimes des inondations. Les images des eaux déchainées emportant tout sur leur passage au grand dam des habitants dont beaucoup d’entre eux ont tout perdu. La solidarité a joué et elle doit continuer à être d’actualité.

Même si on est surpris par l’ampleur de l’eau de pluie tombée en quelques heures et le caractère soudain de ces intempéries, il n’y a pas de quoi s’apitoyer sur notre sort. Cela fait des années que des scientifiques attirent notre attention sur les dérèglements climatiques et leurs conséquences directes qui vont nous affecter (pluies, inondations, sécheresse, famine, etc.). Nous devons revoir notre mode de vie, en termes de mobilité, de consommation et de production d’énergie, d’habitats et même de rapport à la nourriture. Mais sans dogmatisme, ni brutalité et sans culpabilisation permanente des uns et des autres. Certes, il y a une prise de conscience qui se renforce tous les jours, mais il nous faut redoubler d’efforts pour inverser la tendance et limiter les dégâts que nous causons à notre écosystème à cause de nos actes.

Les inondations qui frappent la Belgique depuis mardi doivent donc nous faire réfléchir sur plusieurs points, notamment sur la question de l’aménagement du territoire. Il faut encore serrer la vis pour éviter la délivrance de permis de bâtir dans des zones inondables. Il faut aussi sensibiliser les citoyens à investir plutôt dans la rénovation de bâtiments plutôt qu’à courir après de nouvelles constructions. Celles-ci dénaturent nos campagnes et réduisent les espaces où les eaux de pluies ont tendance à s’infiltrer et vont alimenter les nappes phréatiques. Les autorités publiques ont un rôle important à jouer en revoyant la politique d’aménagement du territoire afin de faciliter et de promouvoir les rénovations de bâtis, notamment via des incitants financiers ou des procédures administratives beaucoup plus simplifiées.
Le citoyen a aussi sa part à faire en étant plus réceptif à la nouvelle politique immobilière. On éviterait ainsi une extension des villes vers les campagnes, on préserverait ainsi les terrains agricoles, on repeuplerait les villes, on réduirait les déplacements polluants, etc. D’autres politiques doivent certainement être mises en place dans d’autres domaines pour ralentir le réchauffement climatique avec l’espoir de l’enrayer, mais on peut déjà commencer par une nouvelle politique de l’habitat.