Quatre critères essentiels doivent être impérieusement pris en compte dans un dossier aussi fondamental pour notre économie et notre vie en société :
La sécurité d’approvisionnement
Elle sera mise en péril dès 2022 par la disparition de puissances pilotables en Belgique (- 2 GW nucléaire dès 2022) et dans les pays voisins (Allemagne -8,1 GW avec la sortie complète du nucléaire, France -1,8 GW), voir les réfs. 1&2.
Les simulations de différents scénarios effectués à partir des données de production des deux dernières années des éoliennes et des panneaux photovoltaïques montrent l’importance de maintenir des puissances pilotables proches de 14 GW pour couvrir la pointe de puissance pendant les 8.760 heures de l’année (réf. 2). Cette puissance pilotable va évoluer de 14 GW vers 20 GW à mesure de l’électrification croissante de l’énergie consommée (véhicules électriques, pompes à chaleur, etc.) Les simulations montrent que cette contrainte reste valable sans limite dans le temps quelques soient les capacités éoliennes et solaires installées dans l’avenir, car celles-ci sont non pilotables, étant dépendantes de la météo, et leur production peut tomber à zéro (c’est toujours le cas pendant la nuit pour le solaire).
Les coûts et le prix de l’électricité
La duplication des capacités et la rareté des ressources font monter les prix sur les marchés de gros, et donc les montants des factures d’électricité, en créant une dépendance aux prix des énergies fossiles et des matières premières, ainsi qu’au prix du carbone sur le marché ETS (Emission Trading System). La survenance de pénuries d’électricité de plus en plus fréquentes avec la disparition de capacités pilotables sera aussi une cause importante de croissance des coûts et par ricochet des montants des factures d’électricité (réf. 3 & 4).
Par contraste, les installations nucléaires sont amorties : les coûts du cycle du combustible et du démantèlement représentent moins de 15% du coût par kWh, qui est de ce fait très bas et en grande partie indépendant du prix des matières premières, y compris celui de l’uranium. La vie d’un réacteur peut être étendue à 60 ans, voire à 80 ans, si toutes les conditions de sûreté sont remplies, ce qui sera le cas en 2022, date de sortie de 2 GW nucléaire.
Les renouvelables de type intermittents éoliens et solaires ont une durée de vie de 20 ans en moyenne ce qui augmente leurs coûts par kWh, car il faudra tenir compte de leur démantèlements et remplacements récurrents. Il faudra aussi tenir compte des nombreux coûts systémiques ignorés des analyses de coûts directs :
La dépendance vis-à-vis de l’étranger
Cette dépendance va fortement augmenter et mettre en péril la dette extérieure de la Belgique. Outre les importations d’électricité par les réseaux interconnectés, il faut insister sur la dépendance au gaz naturel lui aussi entièrement importé et sur les matières premières : le cuivre en premier, et de nombreux métaux difficilement recyclables pour les éoliennes et les panneaux solaires. Tous les prix sur les marchés extérieurs vont augmenter du fait de l’accroissement considérable de la demande de ces matières premières à anticiper au niveau mondial, ce qui ajoutera au poste des coûts déjà évoqués.
Les impacts sur l’environnement
Du fait des empreintes territoriales et maritimes importantes dans le chef des renouvelables intermittents et des interconnexions démultipliées, le NIMBY va devenir une contrainte croissante. Il l’est déjà pour l’installation d’éoliennes de surface : on a observé quasiment aucune croissance de puissance en 2021 par rapport à 2020 en Belgique (réf. 5).
En cas d’abandon complet du nucléaire, qui émet seulement 12gCO2/kWh, on aura une forte croissance du CO2 émis par les centrales au gaz (490 gCO2/kWh) et accessoirement par la biomasse (230 gCO2/kWh) : d’une moyenne de 130 g/kWh en moyenne on passera à 300 gCO2/kWh et plus avec l’abandon du nucléaire dans le mix énergétique.
Les questions des déchets, du démantèlement, du recyclage des matières premières et du remplacement des éoliennes et des panneaux du fait de leurs durées de vie limitées, etc., feront que de nouvelles et nombreuses charges vont devenir prioritaires, ainsi que la problématique de leurs financements, pas ou insuffisamment prévus à l’heure actuelle. Cela conduira à nouveau à une augmentation des coûts et des prix.
Conclusion :
La politique poursuivie pour le gouvernement Vivaldi est mauvaise sur tous les critères à analyser. Il nous faut l’abandonner d’urgence. Maintenir le nucléaire en lui permettant de se développer, grâce aux nombreuses évolutions observées dans le monde, constitue au contraire une stratégie optimale pour la Belgique pour ces quatre critères.
Pierre Kunsch, physicien, docteur en Sciences et économiste de l’énergie – Professeur honoraire de l’ULB
Références :
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Très bonne analyse du Professeur Kunsch.
Pour les éternels timorés, ajoutons que le risque d'accident nucléaire est infiniment plus petit que le risque de catastrophe climatique vers lequel nous précipitent tous ceux qui veulent construire des centrales au gaz fortement émettrices de CO2
Enfin un message non manipulé par des rêves de personnes incompétentes proposant à des organismes qui sont des affidés ELIA, U-Gent, des schémas totalement irréalistes. Merci M. Pierre Kunsch