JUSTICE

Attentat de Nice : 8 accusés pour un procès qui s’ouvre le 5 septembre


Le 14 juillet 2016, en pleine célébration de la fête nationale, sur la promenade des Anglais, un camion bélier fonce sur la foule juste après le feu d’artifice. Le bilan est lourd : 86 morts de 19 nationalités différentes, dont 10 enfants et adolescents, et 206 blessés. Tunisien résident en France, le conducteur Mohamed Lahouaiej-Bouhlel (31 ans) est abattu par la police. Au départ pris pour un loup solitaire déséquilibré, l’enquête antiterroriste montrera une radicalisation islamiste discrète et une préméditation de cet attentat revendiqué par Daech. Le carnage entraîne à l’époque la prolongation de l’état d’urgence en raison de la menace terroriste. L’émotion est alors vive dans l’hexagone. Cette tuerie de masse perpétrée par un homme seul atteint un record tristement historique. Le procès s’ouvre ce 5 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. Il devrait durer jusqu’au 16 décembre prochain. Trois accusés comparaissent pour « association de malfaiteurs terroriste ». Les autres comparaissent libres. La qualification de « terroriste » a été évacuée pour ce qui les concerne, mais leur responsabilité exacte sera examinée par la cour.

Six ans après l’attentat du 14 juillet 2016, la justice va tenter de répondre aux attentes des proches des victimes de la seconde attaque la plus meurtrière sur le sol français après les attentats du 13 novembre. Comme un symbole, le procès de l’attentat de Nice se déroulera dans la même salle d’audience criminelle que celle où s’est déroulé le procès des attentats du 13 novembre 2015, dans l’historique Palais de justice de Paris.
Pour les parties civiles – on en dénombre 865, dont 39 de nationalité étrangère – qui ne pourront pas faire le déplacement dans la capitale, le procès sera retransmis simultanément dans une salle du palais des congrès Acropolis de Nice, qui peut accueillir 500 parties civiles. Comme le procès des attentats du 13-Novembre 2015 avant lui, le procès sera filmé et enregistré pour l’Histoire.

Un attentat revendiqué

L’attentat est revendiqué par le groupe Etat islamique (El) dans un communiqué de l’agence AMAQ. Le tueur serait « un soldat du califat » de l’organisation djihadiste. Il aurait agi « en réponse aux appels lancés » par l’EI qui contrôlait alors des territoires en Irak et en Syrie. Les services de renseignements restent toutefois perplexes quant aux liens du tueur avec l’Etat islamique. L’enquête n’a confirmé aucune connexion avec l’organisation ultraradicale. Malgré le mode opératoire et la date symbolique du 14 juillet, aucun contact entre l’homme et la Syrie n’a été établi.

Huit protagonistes

Sept hommes et une femme, comparaissent devant la cour d’assises spéciale, mais seulement trois hommes seront dans le box sécurisé des accusés : Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud, Artan Henaj. Quatre accusés, placés sous contrôle judiciaire, comparaissent libres. Il s’agit de : Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace. Le huitième, Brahim Tritrou, sera jugé en son absence après avoir rompu son contrôle judiciaire. Selon son avocate, cet accusé se trouverait actuellement détenu en Tunisie. Un mandat d’arrêt a été émis à son encontre par la justice française.

En l’absence de l’assaillant, les magistrats de la cour d’assises spéciale, présidée par Laurent Raviot, devront examiner la responsabilité des accusés, membres de son entourage ou intermédiaires impliqués dans le trafic d’armes qui lui étaient destinées.

Frustration des parties civiles

Avant même l’ouverture du procès, l’absence de l’assaillant et le fait que la complicité d’assassinats n’a pas été retenue contre les accusés font craindre une certaine « frustration » chez les parties civiles et leurs avocats. « J’entends cette frustration, elle est humaine. Mais il y aura une réponse judiciaire », a assuré le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, dans un entretien accordé à nos confrères de Nice-Matin. « Nous répondrons à cette barbarie par le droit », a-t-il assuré.

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Copyright : Le camion qui a servi à commettre un véritable massacre à Nice, lors du jour de la fête nationale française – AFP