EDITO

Un automne gris en Italie qui sonne comme un avertissement pour l’Europe

Chef du parti d'extrême droite italien "Fratelli d'Italia" (Frères d'Italie), Giorgia Meloni fait clignoter le signe de la victoire en prononçant un discours le 23 septembre 2022 sur le front de mer d'Arenile di Bagnoli à Naples. AFP

Annoncée et redoutée depuis des semaines au fil des sondages, la victoire de l’alliance de la droite avec une forte poussée pour l’extrême droite s’est concrétisée dimanche 26 septembre en Italie. Le parti post-fasciste, Fratelli d’Italia, devient la première formation politique de la Botte et il y a de fortes chances que sa dirigeante, Giorgia Meloni (45 ans), une admiratrice de Mussolini, prenne les commandes du Gouvernement italien. Après la Suède, l’extrême droite réalise une nouvelle percée dans un autre Etat de l’Union européenne.

A l’instar du leader du parti Reconquête en France, Eric Zemmour, des leaders de partis cultivant le repli sur soi, la haine de l’autre, en particulier de l’étranger, foulant aux pieds les valeurs démocratiques de l’Europe salueront cette victoire de l’extrême droite en y voyant un signe pour revigorer leurs troupes. Les partis démocratiques se laisseront aller à la tentation de critiquer l’Italie et sa population en les montrant du doigt.

Il serait trop facile de jeter la pierre aux habitants de la Botte, car la montée de l’extrême droite est avant tout l’échec de la politique menée jusqu’à présent par les partis démocratiques.

Il serait trop facile de jeter la pierre aux habitants de la Botte, car la montée de l’extrême droite ou de la droite dure est avant tout l’échec de la politique menée jusqu’à présent par les partis démocratiques traditionnels. Ces derniers feraient mieux de faire leur auto-critique en se demandant comment et pourquoi une telle situation où les partisans de l’autoritarisme, de la restriction des libertés ou encore de la division entre les populations sont en train de gagner du terrain. Sans cette introspection, la peste brune poursuivra sa progression au point de contaminer d’autres pays de l’Union européenne. Les dirigeants actuels hongrois et polonais ont déjà montré leurs vrais visages qui font plus que flirter avec le rejet de l’autre.

A y regarder de près, c’est parce que les partis démocratiques n’ont pas réussi à répondre convenablement aux besoins et aux aspirations des populations que celles-ci se sont laissées séduire par les chimères de l’extrême droite. En Italie, l’incapacité des partis démocratiques à s’entendre pour porter un projet de société commun qui garantisse l’épanouissement de chacun, le bien-être de tous tout en étant à l’écoute des frustrations d’une partie de la population a fait le lit de l’extrême droite. Les abus de certains dirigeants politiques n’ont fait que grignoter encore un peu plus la crédibilité des partis démocratiques. En Italie, c’est donc la lassitude et l’attirance pour la nouveauté qui ont principalement guidé le vote des électeurs. Mais une telle situation peut donc se reproduire dans d’autres pays de l’Union.

L’Europe doit, certes, être ferme, sur le respect des valeurs qui sont à la base de sa création, notamment la tolérance, le vivre ensemble, l’égalité entre tous les êtres humains, la solidarité, etc. Mais elle ne doit pas oublier de montrer qu’elle est à côté des populations en les aidant à traverser les crises et en leur portant assistance.