EDITO

Mobilité : plan Good Move ou plan Bad Move sur le territoire bruxellois

Des panneaux de signalisation sont détruits alors que certaines personnes organisent une action de protestation contre le plan "Good Move" à Schaerbeek. BELGA

Approuvé en 2020, le Plan régional de mobilité, Good Move, à Bruxelles est en train de virer au désastre dans sa concrétisation depuis sa mise en place progressive en août. Il est pourtant censé améliorer le cadre de vie des Bruxellois en motivant ou en forçant chacun à revoir ses déplacements quotidiens. L’objectif est principalement un meilleur partage de l’espace public entre les différents modes de déplacement (vélo, piétons, transports en commun, voiture). Il devrait donc faire le bonheur des premiers concernés que sont les Bruxellois. Mais on assiste aujourd’hui à une opposition et à une mobilisation contre le plan Good Move au fur et à mesure de sa mise en place dans différentes communes : Anderlecht a fait marche arrière, c’est compliqué à Jette et à Ixelles. A Schaerbeek, une manifestation contre le plan Good Move fait a dégénéré faisant deux blessés chez les policiers et un chez les pompiers.

D’après un sondage réalisé par le Syndicat neutre des indépendants (SNI) auprès de ses membres établis dans les 19 communes de Bruxelles, les indépendants et les PME redoutent une perte de chiffre d’affaires à cause d’un exode économique que pourrait provoquer le plan.

Les réactions d’opposition auxquelles on assiste depuis près de trois mois démontrent que la concertation autour du plan Good Move n’a pas été suffisante et que les dirigeants n’ont pas assez écouté les signaux d’alerte.

Que s’est-il donc passé pour qu’un plan, censé lutter contre la congestion et la pollution à Bruxelles et améliorer le cadre de vie des habitants, se retrouve aujourd’hui contesté de toutes parts ? Il est même critiqué par des membres de la majorité bruxelloise PS-Défi-Ecolo-Groen-Open VLD-Vooruit.

Même si les autorités assurent qu’il y a eu un maximum de concertation avec les citoyens, les réactions d’opposition auxquelles on assiste depuis près de trois mois démontrent que celle-ci n’a pas été suffisante et que les dirigeants n’ont pas assez écouté les signaux d’alerte. Par ailleurs, le plan Good Move est aujourd’hui ressenti comme un projet imposé par la majorité gouvernementale bruxelloise, alors qu’il aurait dû traduire une vision partagée et acceptée par tous de la mobilité dans la capitale. Par ailleurs, le plan est aussi vécu comme une démarche visant à compliquer encore plus la vie des automobilistes à Bruxelles.

Il n’est point question de faire marche arrière, mais plutôt de faire un « pit stop » pour relancer la concertation afin de susciter l’adhésion du plus grand nombre au plan.

Même si tout changement demande un temps d’adaptation et suscite quelques remous au début de sa mise en œuvre, le Gouvernement bruxellois serait bien inspiré de ne pas sous-estimer la contestation qui monte. S’il se drape dans une posture d’avoir raison et de miser sur un essoufflement de l’opposition au plan Good Move avec le temps, il prendrait le risque d’entraîner une radicalisation du mouvement, lequel pourrait contaminer d’autres communes. A ce moment-là, ce serait un échec total. Il n’est point question de faire marche arrière, mais plutôt de faire un « pit stop » (un arrêt comme lors des courses de formule 1) pour relancer la concertation afin de susciter l’adhésion du plus grand nombre et en procédant aux adaptations nécessaires du plan. Une évaluation objective s’impose. Il ne faut pas aller trop vite, ni fustiger les opposants au plan Good Move en adoptant une attitude pouvant être perçue comme du mépris. La majorité politique bruxelloise doit avoir conscience qu’elle joue gros avec le plan Good Move.