Société

L’Union wallonne des entreprises veut dégager un milliard d’euros pour créer un Wallonia Institute of Technology (WIT)

CEO de l'UWE, Olivier De Wasseige espère que les pistes d'Odyssée seront repris dans les programmes des partis politiques. BELGA

A l’issue d’un long travail rassemblant différents acteurs pour plancher sur le renouveau de la région, l’Union wallonne des entreprises (UWE) a dégagé 70 pistes d’actions stratégiques pour assurer le renouveau de la Wallonie d’ici 2068. C’est le projet « Odyssée Wallonie 2068 » initié lorsque l’organisation patronale a fêté ses 50 ans en 2018. Elle propose notamment de créer un Wallonia Institute of Technology (WIT) doté d’un budget d’un milliard d’euros provenant de l’enveloppe aide aux entreprises, à l’emploi et à la recherche de la Région wallonne. Il passera par des regroupements humains, physiques et une gouvernance convergente entre les mondes de la recherche (universitaire et non universitaire) et de l’entreprise. Les hautes écoles devraient intégrées dans le WIT. Il est aussi question d’identifier une Wallonia Innovation Valley (WIV) s’inspirant du modèle des jardins d’innovations finlandais et qui pourrait couvrir un triangle Mons-Wavre-Liège. Dans le cadre des actions, Odyssée suggère la création d’une commission mixte du Parlement qui planchera sur des réformes institutionnelles.

Initié en 2018 à l’occasion des 50 ans de l’Union wallonne des entreprises (UWE), le projet « Odyssée Wallonie 2068 » a accouché de ses premières conclusions, lesquelles feront d’un rapport de plus de 400 pages qui sera publié dans les prochaines semaines. En attendant, la fédération wallonne des patrons a présenté, mardi 29 novembre, un résumé des différentes pistes identifiées par les acteurs qui se sont réunis pendant plus de trois ans. « C’est un travail de prospection qui interroge le passé pour rebondir sur le futur. Il trace des trajectoires avec des bifurcations sur plusieurs possibilités d’évolutions avec des actions stratégiques dont certaines pourraient mises en œuvre dès 2023 », a commenté Pascale Van Doren, directrice générale de l’institut Destrée qui participé au projet en tant que consultante. « Au-delà de nos difficultés, nous avons tant d’atouts. Nous avons u territoire bien placé au cœur de l’Europe, où il reste de l’espace pour faire face au besoin de développement économique et de croissance démographique, avec une densité impressionnante de moyens multimodaux. Nous avons des entreprises performantes, des leaders mondiaux et des entrepreneurs extraordinaires. Nous avons des collaborateurs de très bon niveau et reconnus comme tels ; d’excellents centres de recherche et universités, etc. Nous avons tout pour réussir ! Il reste à le concrétiser, à y croire. Notre projet Odyssée nous conforte dans cette idée qu’il y a en Wallonie toutes les ressources dont nous avons besoin », renchérit Olivier De Wasseige, administrateur délégué de l’UWE. Il souhaite que les pistes dégagées dans le cadre du travail prospectif d’Odyssée soient reprises dans les programmes des partis politiques.

Un cap avec 4 axes à garder dans le viseur

Odyssée a rassemblé près de 800 participants qui ont tenu une cinquantaine d’ateliers et de réunions pour confronter leurs points de vue afin d’alimenter la dynamique de développement de la Wallonie sur plusieurs décades. Au total 105 enjeux ont été identifiés et qui ont donné à l’élaboration de 70 actions en vue de faire du sud du pays « une Wallonie harmonieuse, prospère et durable ». « Odyssée 2068 est un cap qu’on en doit pas quitter des yeux avec des idées sur le long terme. Notre propos se veut constructif sur des enjeux essentiels pour la Wallonie. Durant les travaux, on n’a rien filtré, on n’a rien censuré. Tout a été mis sur la table », a poursuivi Samuël Saelens, directeur du pôle « compétences » à l’UWE et chef du projet « Odyssée Wallonie 2068 ».

 Odyssée 2068 est un cap qu’on en doit pas quitter des yeux avec des idées sur le long terme.

Difficile de présenter ici les 70 actions stratégiques identifiées par les acteurs d’Odyssée Wallonie 2068. Ils sont déclinés sur quatre axes intégrant des impulsions :

– Emploi et formation : s’éduquer et évoluer tout au long de la vie (réformer la formation initiale des enseignants, travailler sur une meilleure orientation des jeunes, multiplier les dispositifs permettant l’apprentissage tout au long de la vie, adapter le contenu des plans de formation, etc.);

– Gouvernance démocratique : déployer l’action collective (redéfinir le périmètre de l’Etat en Wallonie, défragmenter et reconstruire les structures pour plus de rationalisation, créer de nouveaux outils participatifs pour contribuer à rendre confiance aux citoyens, etc.) ;

– Environnement, climat et société : redéfinir les objectifs et leurs mesures (faire adhérer l’ensemble des entreprises, institutions et collectivités aux objectifs de développement durable ; inscrire les actions sociétales et environnementales dans le bilan financier des entreprises et institutions ; faire évoluer la fiscalité en fonction de la prise en compte des enjeux sociétaux et environnementaux ; lier l’accès au financement à la performance sociétale pour avoir un impact sur le coût de production et le prix à la consommation, etc.) ;

– Innovation et investissement : atteindre les masses critiques en R&D et leur valorisation (accélérer le processus de recyclage et porter attention à l’élimination des déchets, stimuler une concentration des ressources, stimuler une dynamique de prévention de la santé et de l’environnementaux, etc.).

Transfert de technologie

Des actions concrètes avec des échéances de réalisation ont dressées. Il est notamment question de la création d’un Wallonia Institute of Technology (WIT). Il passera par des regroupements humains, physiques et une gouvernance convergente entre les mondes de la recherche (universitaire et on universitaire) et de l’entreprise. Les hautes écoles  seront intégrées  dans le paysage du futur écosystème de WIT afin de « faciliter les passerelles de la haute école vers l’université tout en prenant en compte les dynamiques de recherche  différentes. Cette intégration s’accompagnerait de la consolidation d’un seul TTO (transfert de technologie) avec différents fonds et davantage d’interaction humain ».

Des pistes magnifiques s’ouvrent aux entreprises: contribuer positivement à la société en développant des produits et services environnementalement et socialement vertueux,

Il est prévu que le WIT bénéficie d’un nouveau montant d’un milliard d’euros provenant de l’enveloppe aide aux entreprises, à l’emploi et à la recherche de la Région wallonne. L’objectif ici est de créer une véritable « communalité » en matière de R&D, plus qu’un simple partenariat ou une simple coopération. La réforme devrait se traduire par une « autonomisation radicale et une responsabilisation du monde universitaire  qui dispose ainsi d’une chaîne de décision cohérente pour atteindre des objectifs fixés collectivement avec des représentants de la société et notamment les entreprises ». Le FNRS devrait être placé au cœur du WIT. Par ailleurs, les pistes envisagent aussi l’identification d’une Wallonia Innovation Valley (WIV) s’inspirant du modèle des jardins d’innovations finlandais et qui pourrait couvrir un triangle Mons-Wavre-Liège. Dans le cadre des actions, Odyssée suggère la création d’une commission mixte du Parlement qui planchera sur des réformes institutionnelles. « Des pistes magnifiques s’ouvrent aux entreprises: contribuer positivement à la société en développant des produits et services environnementalement et socialement vertueux, afin notamment de prendre soin de la santé et du bien-être des personnes, et préserver et restaurer nos lieu de vie », conclut Pierre Mottet, président de l’UWE.