CONCURRENCE SUR LE RAIL

Rail : SNCB et SNCF veulent lancer une nouvelle liaison Paris – Bruxelles dès décembre 2024

SNCB et SNCF veulent lancer une nouvelle liaison Paris – Bruxelles dès décembre 2024. BELGA

D’après une observation d’un utilisateur du réseau social Mastodon, les compagnies de chemins de fer nationales belges (SNCB) et françaises (SNCF) ont notifié aux autorités des deux pays leur intention de créer une nouvelle liaison ferrée quotidienne entre Bruxelles-Midi et Paris-Nord via Mons notamment en empruntant la ligne classique. Le projet prévoit 5 relations par semaine. La SNCB confirme le projet. Le lancement est prévu fin 2024 même si du côté politique, on pousse pour une ouverture à l’occasion des Jeux olympiques de Paris l’été prochain. Le trajet durera 3 heures, à comparer au temps de parcours de la ligne Thalys (1h22), mais à des tarifs beaucoup plus avantageux.

S’achemine-t-on vers la fin du monopole de Thalys / Eurostar entre Paris et Bruxelles d’ici 2024 ? C’est en tout cas ce que deux de ses actionnaires, la française SNCF et la belge SNCB, ont laissé entendre dans un document officiel français notifie à l’Autorité de régulation des transports, repéré par un utilisateur du réseau social Mastodon, une alternative de Twitter. La SNCB a confirmé dans un communiqué que les deux sociétés « étudient la possibilité de créer ensemble une nouvelle offre régulière de transport ferroviaire de voyageurs en vitesse classique », au rythme de cinq trains par jour, entre les gares de Paris-Nord, grand terminus de la capitale française et Bruxelles-Midi.

Vers Paris, les trains partiront de la Belgique à des heures précises (6h52, 9h40, 13h40, 15h40 et 18h40), ils quitteront la capitale française à d’autres heures (8h18, 10h18, 12h28, 15h31, 19h21). Le train devrait s’arrêter à Creil, Aulnoye-Aymeries et Mons, pour un temps de parcours d’environ 2 heures 55. Mons et Aulnoye-Aymeries ne sont plus reliées par le rail depuis décembre dernier pour cause de basse fréquentation.

« Si cela se produit, ce sera un développement vraiment bienvenu, surtout pour Mons qui aura enfin des trains vers la France une fois de plus. Au départ de Bruxelles, Thalys a longtemps été trop cher pour les voyageurs soucieux de leur budget, donc ce service – qui devrait être beaucoup moins cher – devrait être une amélioration. Pour que ce nouveau service soit un réel succès, il doit transporter des vélos (ce qui n’est pas le cas de Thalys) et ne pas être à réservation obligatoire. Mais connaissant la SNCB et la SNCF, ils sont tous trop capables de ne pas le faire », commente Jon Worth, un blogueur politique et spécialiste du transport ferroviaire transfrontalier grâce à son projet « #CrossBorderRail ».

A quelle échéance ?

Jon Worth montre certaines absurdités dans le transfrontalier avec plusieurs pays dont les trains ne vont pas plus loin que la frontière et les sociétés ferroviaires qui rechignentà créer une liaison avec un pays limitrophe, alors que l’infrastructure est présente. Il relève aussi le manque de fréquence d’un service qui pourrait aider au développement de deux régions proches.

La SNCB et l’autorité de régulation en France indiquent que la liste des gares desservies peut encore évoluer en fonction de l’étude et les discussions avec des partenaires, ainsi que les horaires de manière générale.

L’ambition est de permettre au plus grand nombre de voyageurs d’effectuer ce trajet international avec la meilleure durée possible et pour un prix compétitif.

En théorie, la volonté est de lancer la nouvelle route ferroviaire lors de l’horaire 2025, soit le 15 décembre 2024. Mais, au niveau politique, l’ambition est de concrétiser le projet au plus vite, il est donc question d’obtenir la circulation des trains durant le mois de juillet 2024, quand la capitale française accueillera les Jeux olympiques.  « En plus de l’offre de trains à grande vitesse, je suis convaincu qu’il existe une forte demande pour des liaisons ferroviaires moins chères et plus régulières via des trains internationaux réguliers. Beaucoup de Belges se rendront en France pour les Jeux olympiques de 2024 et si cette nouvelle offre de train peut être avancée de quelques mois, elle pourra aussi se faire de la manière la plus respectueuse de l’environnement », plaide Georges Gilkinet (Ecolo), ministre fédéral de la Mobilité.

Tarifs moins élevés que pour les TGV

La SNCB rappelle, de son côté, que « l’ambition est de permettre au plus grand nombre de voyageurs d’effectuer ce trajet international avec la meilleure durée possible et pour un prix compétitif ».

En effet, le prix des sièges chez Thalys et Eurostar peut devenir impayable à partir du 1er octobre prochain, pour un usager  qui s’y prend tard en ce qui concerne les réservations et un manque de flexibilité de dernière minute. Par ailleurs, la crédibilité de ces trains internationaux a été entachée par les différents incidents durant l’été 2022 avec des rames bloquées en Belgique et en France ou encore due à une adaptation de l’horaire suite à des maintenances imprévues.

La fin d’IZY profite aux autocars

IZY, produit Thalys, effectuait, déjà avant le Covid-19, entre 2016 et 2022, plusieurs liaisons hebdomadaires entre les deux capitales pour un prix très accessible, à partir de 10 euros, sur la même ligne à grande vitesse que Thalys, sauf entre Arras et Paris où la seule automotrice TMST d’Alstom terminait son service via la ligne classique. Ce service qui a transporté 1,2 million de voyageurs entre 2016 et 2019 a été stoppé par « souci de clarté ».

L’arrêt du train low cost IZY en 2022 a entraîné un bond des réservations chez les opérateurs d’autocars.

Avec l’arrêt d’IZY en juillet 2022, un bond des réservations a été constaté chez Flixbus qui effectue la liaison par la route, en car. Lors d’une comparaison antérieure, le 23 décembre 2022, Flixbus prévoyait 36 allers-retours par jour entre les deux capitales, 39 en pic début janvier dernier. Même son de cloche chez Blablacar, les réservations ont aussigrimpé avec l’arrêt des opérations d’IZY.

Intérêt qui ne date pas d’hier

Même avec la fin des prestigieux Trans-Europe-Express (TEE) en 1996, le monopole des trains Thalys n’a pas été brisé entre les deux pays, à l’exception des TGV SNCF inOui qui relient le plat pays à l’aéroport Charles-de-Gaulle (Paris), mais aussi à d’autres villes de France, comme Strasbourg ou Marseille.

Flixtrain, l’une des deux branches de l’allemand Flix Mobility, a voulu se lancer en 2020-2021 sur le réseau ferroviaire français, mais y a renoncé en raison des « coûts importants de l’infrastructure, comparés à d’autres marchés européens », avait expliqué Yvan Lefranc-Morin en 2020, patron de la branche française de Flix. Les plans incluaient Paris – Lyon, Toulouse, Nice et Bordeaux également une liaison entre Paris et Bruxelles.

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L’arrêt du train low cost IZY de Thalys profite aux opérayeurs comme Flixbus. (BELGA PHOTO). MAETERLINCK

Début d’année, la société nous avait confirmé, via Charles Billiard, porte-parole Flix France & Benelux, qu’elle faisait face au même problème et à un manque de matériel roulant. Elle se dit confiante sur le futur, précisant que la situation évoluera positivement dans le temps qu’elle explore d’autres marchés européens dans les deux prochaines années.

L’arrivée de Qbuzz et Arriva

Flixtrain voulait opérer via Bruxelles-Nord, Bruxelles-Central, Bruxelles-Midi, Mons et Saint-Quentin sur la ligne classique. Il s’agirait, comme en Allemagne et en Suède, de trainsstandard utilisés comme à la SNCB et non pas des automotrices, plus récentes.

La SNCF a manifesté son intérêt pour la liaison en ligne classique en lançant, en avril 2022, OUIGO Train Classique, une offre plus lente (comparée à OUIGO Grande Vitesse) et bon marché sur des liaisons telles que Paris – Lyon et Paris – Nantes. Cette opération a eu un succès immédiat, avec des prix d’appels à 5 euros l’aller-simple. Lors d’actions spéciales, ce prix peut baisser jusqu’à 1 euro.

Pour le futur, Qbuzz et Arriva aux Pays-Bas ont annoncé leur intention de lancer, dès 2026 et 2027, des trains Paris – Bruxelles, étendus au nord jusqu’à Amsterdam et à Groningue.

Th. L.