EDITO

Cours d’éducation à la vie sexuelle et affective/Evras : la violence n’a pas sa place dans le débat

Belga

Environ une semaine après l’adoption du projet de décret controversé sur l’Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras) par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la mobilisation contre le texte ne faiblit pas. Il est normal que tous les sujets ne fassent pas l’unanimité dans la société et il est sain que la confrontation d’idées s’installe permettant une évolution des positions. Mais le spectacle auquel nous avons assisté ce mercredi 13 septembre est affligeant et révoltant. Les incendies volontaires qui ont visé, dans la nuit de mardi 12 septembre, quatre écoles de la région de Charleroi (Marcinelle, Charleroi, Couillet) sous prétexte d’une opposition au décret Evras sont inadmissibles. Les tags anti-Evras sont également de mauvais goût.

Que s’est-il vraiment passé dans la tête de ces opposants au décret pour imaginer que brûler des bâtiments scolaires, des lieux d’apprentissage, non seulement du savoir, mais aussi du respect, de la tolérance et des règles du vivre ensemble peut servir leur cause ? Il faut vraiment être aveuglé par la haine et un obscurantisme sans nom pour s’adonner à de tels actes ignobles qui ne peuvent susciter que de l’indignation. Ces actes relèvent purement et simplement du terrorisme culturel qu’on a pu voir dans des pays où sévit l’intégrisme aveugle comme l’Afghanistan.

Il faut vraiment être aveuglé par la haine et un obscurantisme sans nom pour s’adonner à de tels actes ignobles qui ne peuvent susciter que de l’indignation.

Il faut encore qu’une enquête policière et judiciaire soit menée pour identifier les coupables de tels actes. Mais une fois que les responsabilités seront établies, la main des magistrats ne doit pas trembler pour condamner avec la plus grande sévérité pour envoyer un signal que de tels actes ne seront jamais tolérés dans nos sociétés démocratiques.

Au-delà de la condamnation de ces incendies volontaires, le texte qui suscite le courroux de ces opposants extrêmes est-il si mauvais et préjudiciable au bien-être de nos enfants. Il ne s’agit nullement pas d’apprendre aux élèves de 6ème primaire et de 4ème secondaire à se masturber, ni leur donner des cours de pornographie. Il est question de sensibiliser des jeunes de 11-12 ans ou encore de 15-16 ans à des comportements déviants dont ils peuvent être victimes de la part d’adultes ou d’autres jeunes. C’est aussi être à l’écoute des jeunes.

Le fait que des fédérations islamiques interviennent pour empêcher l’adoption du décret Evras traduit l’immixtion des convictions religieuses dans le débat scolaire où elles n’ont pas leur place.

A l’heure où Internet est pratiquement à la portée de tous et où les enfants y sont confrontés à certaines images, l’initiative visant à leur donner un cadre et à attirer leur attention sur certains messages subliminaux ne peut qu’être salutaire et bénéfique. Mais le fait que des fédérations islamiques expriment leur opposition au texte et interviennent pour empêcher son adoption interpelle parce que leur démarche traduit l’immixtion des convictions religieuses dans le débat scolaire où elles n’ont pas leur place. La critique vise aussi les associations catholiques qui auraient l’intention de déployer un certain activisme pour s’opposer au texte. Il est temps de se calmer et de ne pas offrir un spectacle affligeant aux enfants qui ne demandent qu’à aller à l’école en toute tranquillité.