EDITO

Fêtes de Wallonie : quand les autorités wallonnes se ridiculisent avec le président du Vlaams Belang


Que s’est-il donc passé au bureau du Président du Parlement wallon, André Frédéric (PS), pour que celui-ci invite, à l’insu de son plein gré, Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang, à la cérémonie officielle des Fêtes de Wallonie, samedi soir, 16 septembre au Théâtre de Namur ? L’intéressé, qui ne pouvait pas rêver mieux pour se moquer des Wallons, s’est empressé de le clamer sur le réseau X (ex-Twitter) en exhibant, tout sourire, son invitation accompagnée d’un message ironique : « en route pour la cérémonie officielle de la Fête de la Wallonie. Même lorsque la Flandre sera indépendante, nous devrons entretenir des relations correctes avec nos voisins wallons. Merci pour l’invitation », avait-il écrit avec une dédicace pour le président André Frédéric.

Pour se justifier, ce dernier explique à des confrères journalistes que le président du parti d’extrême droite flamand est vice-président de la Chambre des députés au fédéral, et comme tous les bureaux des assemblées sont invités, forcément, il a répondu présent, faisant un bon pied de nez aux Wallons qui ont décrété, depuis des années, un cordon sanitaire autour de l’extrême droite. Pourquoi ne l’a-t-on pas vu aux Wallos 2022 à Namur ?

Les responsables politiques wallons se sont rendu compte, après coup, que la présence du président du parti d’extrême droite flamand aux Fêtes de Wallonie met un sérieux coup de canif dans le cordon sanitaire (qui n’existe pas en Flandre) auxquels ils sont attachés.

Plusieurs responsables politiques wallons ont condamné la présence de Tom Van Grieken, notamment le président du PS, Paul Magnette, car ils se sont bien rendu compte, après coup, que l’évènement met un sérieux coup de canif dans ce cordon sanitaire (qui n’existe pas en Flandre) auxquels ils sont attachés et qu’ils ne ratent aucune occasion pour fustiger tout Francophone qui ose le braver. A tout le moins, il s’agit d’un manque de clairvoyance, voire d’une erreur qui ne redore pas le blason des autorités wallonnes. Mais elle apparaît comme une défaillance du protocole qui offre ainsi une belle occasion aux détracteurs d’André Frédéric pour fustiger son incompétence ou sa capacité à tenir le bureau du Parlement régional. Pour rappel, tous les partis, y compris ceux de l’opposition, participent au bureau du Parlement wallon, ont-ils fait trop confiance au service du Président Frédéric au point de ne pas regarder de près les invités à la grande fête des Wallons ?

Cette présence de Tom Van Grieken ne provoquera certainement pas une crise politique dans le sud du pays, mais elle a suscité l’incompréhension des citoyens wallons qui se sont demandés pourquoi leurs représentants invitent à leur fête un responsable politique qui a toujours montré un certain mépris pour eux et les a toujours catalogué comme des profiteurs. En tout cas, sa présence a quelque peu éclipsé les discours se voulant optimistes des responsables politiques wallons, en particulier celui du ministre-Président wallon, Elio Di Rupo (PS) qui soutient que « la page des difficultés se referme tout doucement, et devant nous s’ouvrent de nouvelles opportunités. Des perspectives plus heureuses, plus encourageantes et plus stimulantes ».

Son discours a plutôt donné l’impression aux Wallons qu’il est déconnecté de la réalité de la majorité d’entre eux, car ils ont toujours du mal à joindre les deux bouts, ils voient des entreprises qui mettent la clé sous le paillasson étranglées par la crise et que les choses ne changent fondamentalement pas. Au contraire, ils se demandent si elles ne s’empirent pas.