EDITO : DOPER LA DEFENSE EUROPEENNE

Les déclarations de Trump doivent accélérer la construction de l’Europe de la défense

Un véhicule militaire blindé d'Arquus équipé d'une tourelle de John Cockerill.

Lors d’un meeting électoral samedi 10 février à Conway, en Caroline du Sud, Donald Trump, en campagne pour décrocher l’investiture du Parti républicain à la présidentielle du 5 novembre prochain, a provoqué un certain émoi chez les Européens. En effet, fidèle à son traditionnel style provocateur, l’ancien président des Etats-Unis a menacé de ne plus protéger l’Europe en cas d’attaque russe si les pays membres de l’Otan ne contribuent pas suffisamment au budget de l’Alliance de l’Atlantique nord. Ce n’est pas la première fois que l’intéressé profère une telle menace. En 2018, un an après son arrivée à la Maison blanche, il avait exigé que les Européens paient (cher) pour le bouclier militaire américain.

Les déclarations de Donald Trump doivent éveiller les consciences des dirigeants européens qui croient encore que l’article 5 est un parapluie solide.

Vu les circonstances, les déclarations du favori des sondages pour l’élection présidentielle américaine de novembre prochain doivent éveiller les consciences des dirigeants européens qui croient encore que l’article 5 est un parapluie solide qui leur assure une assistance militaire du pays de l’Oncle Sam. Cette disposition du Traité de l’Atlantique Nord indique que « si un pays de l’Otan est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué ». Vu les signaux qu’il envoie, Donald Trump vient de mettre un sérieux coup dans l’aile de cet engagement et renforce, dans le même temps, les velléités expansionnistes et belliqueuses du maître du Kremlin, Vladimir Poutine, qui a déclenché une guerre aux portes de l’Europe en attaquant l’Ukraine.

Mais les déclarations de l’ancien président américain doivent sonner comme une alerte pour les pays européens qui traînent encore les pieds pour soutenir la construction d’une Europe de la défense. Ils doivent se rendre compte, s’il en était encore besoin, qu’il faut accélérer le tempo afin de mettre en place une telle stratégie. Concrètement, elle doit consister à soutenir davantage les entreprises européennes de la défense et leur donner les moyens nécessaires afin de leur permettre de financer la Recherche et Développement en la matière. A cet effet, la Belgique a une belle carte à jouer avec des entreprises performantes comme FN-Herstal, John Cockerill, Thales Belgium/ex-Forges de Zeebrugge, Mecar, etc.

La Belgique a une belle carte à jouer avec des entreprises performantes comme FN-Herstal, John Cockerill, Thales Belgium/ex-Forges de Zeebrugge, Mecar.

Notre pays peut prendre le lead en la matière et tirer les autres pays européens membres de l’Otan vers cet objectif. Des pays comme l’Allemagne ou encore la France ont également des entreprises d’armement de qualité sur leur territoire. La construction d’une Europe de la défense passe aussi par l’attribution de marchés à ces entreprises en les incitant, quand il le faut, à travailler ensemble pour le même objectif. La mise en commun des compétences offrirait à l’Europe une force de frappe dont le but ne sera pas d’apparaître comme une menace pour les autres nations, mais d’avoir une capacité de réaction suffisamment forte que pour prévenir toute attaque.