TREVE DANS LE CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN

Israël-Hamas : un accord de cessez-le-feu a été conclu entre les parties

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. AFP

Après des mois de pourparlers difficiles – rompus à plusieurs reprises –, un accord de cessez-le-feu provisoire entre Israël et le Hamas a finalement été conclu à Doha ce mercredi 15 janvier 2025. Décrit comme la « première phase » d’un accord final qui reste à négocier (et ce sera difficile), il prévoit notamment la libération de 33 otages israéliens en échange d’un retrait partiel de l’armée israélienne, Tsahal, des zones peuplées et de l’entrée de 600 camions d’aide humanitaire par jour. L’accord qui se décline en trois phases doit entrer en vigueur le 19 janvier. Mais rien n’est réglé sur le fond. La Belgique, par la voix de son ministre des Affaires, Bernard Quintin (MR), appelle à un respect de l’accord pour que le sang cesse de couler et apportera son soutien à une solution à deux Etats.

 C’est le président américain élu, Donald Trump qui, le premier, a annoncé l’accord, dans un court message posté sur son réseau Truth Social : « Nous avons un accord sur les otages au Moyen-Orient. Ils seront libérés bientôt ».

Il faut dire que Steve Witkoff, qui sera son émissaire spécial, a participé aux dernières phases de la négociation – toujours menées à Doha, sous l’égide du Qatar et de l’Egypte -, aux côtés de membres de l’administration américaine sortante. Le président sortant, Joe Biden, a d’ailleurs déclaré en début d’après-midi (heure locale à Washington) qu’il « avait travaillé en équipe » avec Donald Trump.

Mon équipe pour la sécurité nationale, à travers les efforts de (…) Steve Witkoff, continuera à travailler en étroite collaboration avec Israël et nos alliés pour s’assurer que Gaza ne redevienne jamais un refuge pour terroristes.

Jamais avare d’autocongratulation, le futur président a souligné, pour sa part que l’accord n’a été possible que « grâce à notre victoire historique en novembre (élection présidentielle américaine du 4 novembre 2024, ndlr) », avant d’ajouter : « Mon équipe pour la sécurité nationale, à travers les efforts de (…) Steve Witkoff, continuera à travailler en étroite collaboration avec Israël et nos alliés pour s’assurer que Gaza ne redevienne jamais un refuge pour terroristes ».

Les armes se tairont dimanche à 12h15

D’après ce que l’on en sait à l’heure de boucler cet article, l’accord – qui devrait entrer en vigueur dimanche 19 janvier 2024 à 12h15 – prévoit un cessez-le-feu de six semaines, accompagné d’un retrait partiel des forces israéliennes de la bande de Gaza et de l’entrée quotidienne de 600 camions d’aide humanitaire depuis l’Egypte.

Dans un premier temps, ce retrait des troupes ne concernera que le « Corridor de Philadelphie », un étroit couloir entre la bande de Gaza et la frontière égyptienne. Cette opération devrait être achevée au plus tard le 50ème jour de la trêve. On notera toutefois qu’Omer Dostri, porte-parole du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, déclarait mercredi soir que la question du « corridor » avait été rajoutée « au dernier moment » par le Hamas et qu’Israël ne céderait « pas un millimètre » de cet axe stratégique.

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Des proches d’Israéliens retenus en otage à Gaza depuis les attaques du 7 octobre par des militants palestiniens et des sympathisants se rassemblent pour une manifestation appelant les États-Unis à intervenir pour leur libération, devant l’ambassade américaine à Tel-Aviv, le 12 décembre 2024. (Photo par Jack GUEZ / AFP)

De son côté, le Hamas doit libérer 33 otages israéliens. En échange, Israël libérera 30 prisonniers palestiniens pour chaque civil libéré, et 50 pour chaque femme soldate encore détenue. Selon les médias israéliens, sur les 33 otages qui seront rendus à Israël, dix sont morts. Toutefois, d’autres sources affirment que les corps des otages décédés seront rendus durant la deuxième phase de négociation de l’accord. « Il y aura trois étapes lors de cet accord de cessez-le-feu, afin d’empêcher un bain de sang dans cette région et de garantir davantage de paix », a précisé le Premier ministre qatari, Mohammed Ben Abderrahmane Al-Thani.

94 otages sont encore détenus à Gaza, dont 34 sont morts

Selon des sources proches des négociations, les 33 otages seraient libérés « par petits groupes, en commençant par les enfants et les femmes », suivis par les hommes de plus de 50 ans et les malades nécessitant des soins urgents. Les trois premiers otages devraient être rendus ce dimanche 19 janvier. Washington, Doha et Le Caire assureront le contrôle de l’accord et le strict respect de ses termes par les deux parties.

Il y aura trois étapes lors de cet accord de cessez-le-feu, afin d’empêcher un bain de sang dans cette région et de garantir davantage de paix.

De plus, le Hamas a reçu des garanties verbales des États-Unis, du Qatar, de l’Egypte et de la Turquie concernant la poursuite des négociations pour un cessez-le-feu permanent après la première phase.

D’après les données israéliennes, sur 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 94 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 34 sont probablement mortes.

D’après ce que l’on a appris, les équipes de négociateurs israéliens et du Hamas étaient présentes dans le même bâtiment, à Doha, mais dans des pièces séparées, les échanges se faisant via les médiateurs. Le Jihad islamique, qui détient également un nombre indéterminé d’otages, s’est joint à la dernière phase des discussions.

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Vue des dégâts dans la bande de Gaza depuis la frontière sud avec Israël. (Photo par JACK GUEZ / AFP)

Les partis d’extrême droite refusent l’accord

Le cabinet de sécurité israélien se réunira ce jeudi 16 janvier à 11h (midi à Bruxelles) pour approuver l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages. Selon des sources concordantes, Benyamin Netanyahou se serait assuré d’une majorité suffisante au sein de son gouvernement et de la Knesset pour pallier l’opposition attendue de l’extrême-droite, qui participe à son exécutif. Il est en effet acquis que le parti Otsma Yehoudit (« Force juive ») d’Itamar Ben Gvir et la formation religieuse nationaliste Hatsionout Hadatit de Betsalel Smotrich s’opposeront au cessez-le-feu.

Cette approbation devrait donc n’être qu’une simple formalité, même si le bureau du Premier ministre a indiqué en début de soirée que « plusieurs questions restent encore à régler dans l’accord et nous espérons que les détails seront finalisés cette nuit ».

Plusieurs questions restent encore à régler dans l’accord et nous espérons que les détails seront finalisés cette nuit (mercredi soir).

Du point de vue pratique, du reste, des discussions sont déjà en cours entre Jérusalem et Le Caire pour coordonner l’ouverture du point de passage de Rafah et l’acheminement de l’aide humanitaire. L’armée israélienne a donné un nom à l’opération d’accueil des otages – qui seront reçus par des psychologues et des militaires spécialisés aux centres d’accueil de Reim et Kerem Shalom où ils pourront prendre une douche et changer de vêtements avant d’être acheminés vers des hôpitaux. Elle l’a baptisée « Ailes de la liberté » (Kanfei Dror).

L’annonce de l’accord a été accueillie dans la joie, aussi bien par les habitants de Gaza que par les familles d’otages et a été saluée par la communauté internationale.

Rien n’est encore réglé sur le fond

Si l’on ne peut que se réjouir de cette accalmie, rien n’est, toutefois, encore joué sur le fond. Les négociations de la deuxième phase, qui commenceront au seizième jour du cessez-le-feu, devront en effet résoudre les questions le plus épineuses et, particulièrement, celle de la future gouvernance de la bande de Gaza. On sait, en effet, que Jérusalem n’acceptera par que le Hamas continue à jouer un rôle dans le futur gouvernement de ce territoire que mouvement terroriste palestinien dirige depuis 2007, après y avoir pris le pouvoir lors d’un sanglant coup d’Etat contre l’Autorité palestinienne, en 2007.

BELGA

Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Quintin (MR), la Belgique soutient l’accord et plaide pour une solution à deux Etats. (BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE).

Et ne parlons même pas de la reconstruction d’un territoire (l’ONU estime que cette phase durera une quinzaine d’années et que son coût s’élèvera à plus de 50 milliards d’euros).

La Belgique soutiendra tous les efforts en vue d’une solution à deux Etats.

D’après la presse israélienne, durant la « deuxième phase », les derniers otages (« les soldats et les hommes en âge d’être mobilisés ») seront relâchés et les corps des otages morts seront rendus. Mais, mardi, un responsable de Tsahal affirmait que l’armée ne quitterait « pas Gaza tant que tous les otages ne seront pas rentrés, les vivants et les morts ».

Le ministre belge des Affaires étrangères, Bernard Quintin (MR), appelle à un respect de l’accord, car dit-il, « le sang doit cesser de couler ». Il a précisé que « La Belgique soutiendra tous les efforts en vue d’une solution à deux Etats ».

Hugues Krasner