Levée de bouclier contre la participation de Georges-Louis Bouchez et de Louis Sarkozy à une conférence à l’ULB

Plusieurs cercles d’étudiants s’opposent à la venue du président du MR, Georges-Louis Bouchez, et Louis Sarkozy sur le campus de l’Université libre de Bruxelles (ULB) pour participer à une conférence organisée par Centre Jean Gol. Dans deux publications relayées sur leurs comptes Instagram, les associations signataires dénoncent la venue des deux orateurs sous le slogan « Pas de fachos sur notre campus » et appellent à un rassemblement devant le bâtiment. Elles s’attaquent également à la rectrice, Annemie Schaus, estimant qu’elle fait preuve d’une « hypocrisie (qui) trahit les valeurs de l’ULB ». Leur démarche interpelle dans la mesure où elle traduit une certaine intolérance et crée inutilement un climat de tension, d’après des observateurs. Sous le thème « Après l’élection de Trump, quelle place pour l’Europe », la conférence-débat est programmée pour ce lundi 9 décembre 2024 à 18h30 à l’auditoire Paul-Emile Janson sur le site de l’ULB à Bruxelles. Outre Georges-Louis Bouchez et le fils de l’ancien président français (Nicolas Sarkozy), d’autres responsables sont attendus dont l’ex-Premier ministre, Elio Di Rupo (PS), député européen (depuis les élections du 9 juin 2024) ; Valérie Rosoux, Professeur de Relations internationales à l’UCLouvain et Pierre Wunsch, gouverneur de la BNB.

Nouvelle poussée de fièvre à l’Université libre de Bruxelles (ULB) avec une mobilisation étudiante qui interpelle de nombreux observateurs. Plusieurs associations d’étudiants montent au créneau pour s’opposer à la participation du président du MR, Georges-Louis Bouchez, et de Louis Sarkozy, fils de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, à une conférence organisée par le centre d’études du MR, Centre Jean Gol.

Hypocrisie et trahison

Dans une « carte blanche » publiée la semaine dernière sur leurs comptes Instagram, les associations signataires attaquent violemment la rectrice de l’alma mater bruxelloise, Annemie Schaus. « Censure des voix réprimées et accueil des voies répressives : Madame la rectrice, votre hypocrisie trahit les valeurs de l’ULB », résument dans la publication plusieurs associations (Cercle des étudiants arabo-européens, comité BDS ULB, Union syndicale étudiant, Université populaire de Bruxelles, Comac, Cercle du libre examen, ULB Palestine, etc.). « Le campus n’appartient pas aux promoteurs de haine, mais à nous, sa communauté étudiante, académique et travailleuse. Nous ne resterons pas silencieux face à vos manquements », adressent-elles à la rectrice invitant les étudiants à signer la carte blanche.

Pour les associations étudiantes, la participation de Georges-Louis Bouchez, et de Louis Sarkozy à la conférence programmée ce lundi 9 décembre 2024 à 18h30 à l’auditoire Paul-Emile Janson sur le site de l’ULB à Bruxelles, « est une insulte aux valeurs de pluralisme, de libre examen et de liberté d’expression que l’université prétend défendre ».

Le campus n’appartient pas aux promoteurs de haine, mais à nous, sa communauté étudiante, académique et travailleuse.

Pour rappel, Louis Sarkozy est notamment essayiste et titulaire d’un master en diplomatie et relations internationales (American University, Washington). Il est également diplômé en histoire et philosophie (Université of New York).

Apologie de crimes de guerre

Pour illustrer le procès qu’elles font à l’ULB, les associations étudiantes rappellent que l’alma mater bruxelloise avait interdit la conférence à laquelle devait participer, en tant qu’orateur, Mohammed Khatib, coordinateur de l’association pro-palestinienne, Samidoun, et fiché par les services de renseignement comme « prédicateur de haine ».

Elles soulignent que le fils de l’ancien président avait tenu des « propos d’une gravité extrême » justifiant la mort de civils à Gaza et soutenant Israël dans son combat contre le Hamas et le Hezbollah. Il s’agit en fait de déclarations faites par Louis Sarkozy le 26 septembre 2024 sur LCI en commentant la riposte militaire de l’Etat hébreux contre le Hamas et le Hezbollah. « Je pense que je parle pour beaucoup de Français quand je dis : qu’ils crèvent. Israël faut le travail de l’humanité ici. Absolument, aucun remord à ce niveau-là, qu’ils crèvent tous ».

Les associations étudiantes précisent que « ces déclarations constituent une apologie directe de crimes de guerre ».

« Pas de fachos sur notre campus »

Elles font le même procès au président du MR après sa sortie le 24 septembre 2024 sur Radio Judaïca dans la foulée de l’opération militaire d’Israël visant des responsables du Hezbollah via leurs bippeurs. « Georges-Louis Bouchez, président du MR, a qualifié comme un « coup de génie » une opération militaire israélienne ayant causé plus de 2.931 blessés et 37 morts au Liban, dont des enfants et des soignants. Suite à ces propos, il est visé par une plainte pour apologie de crimes de guerre », indiquent les associations dans leur carte blanche.

Dans une autre publication, faite dimanche, elles appellent à un grand rassemblement contre la conférence-débat ce lundi 9 décembre sous le slogan choc : « pas de fachos sur notre campus ».

Le Janson sera THE place to be ce lundi soir. Pour discuter de Trump, du rapport Draghi, de la réindustrialisation, de notre réarmement et de la nécessité pour l’Europe de redevenir une puissance qui compte.

De leur côté, les dirigeants du Center Jean Gol continuent à faire la promotion de la conférence-débat. « Le Janson sera THE place to be ce lundi soir. Pour discuter de Trump, du rapport Draghi, de la réindustrialisation, de notre réarmement et de la nécessité pour l’Europe de redevenir une puissance qui compte pour défendre et promouvoir les valeurs universelles », a écrit dimanche sur le réseau X, son directeur, Corentin de Salle.

Pour rappel, d’autres participants de renom interviendront comme orateurs lors du débat : Elio Di Rupo, ancien Premier ministre et, aujourd’hui député européen ; Pierre Wunsch, Gouverneur de la Banque nationale (BNB), Valérie Rosoux, Professeur de Relations internationales à l’UCLouvain ; et Alexander Mattelaer, chercheur principal à l’institut royal des relations internationales, Egmont, et Professeur associé à la VUB.

La question est de savoir quelle sera l’ambiance ce lundi soir à l’auditoire Janson.

Ph. Law.