Culture

“Le serpent majuscule” signé Pierre Lemaitre


En 2013, Pierre Lemaitre a obtenu le Prix Goncourt pour Au revoir là-haut, adapté depuis lors au cinéma par Albert Dupontel. Il a ensuite poursuivi la trilogie  des Enfants du désastre. Il revient ici à ses premières amours, en nous livrant un roman noir écrit, paraît-il, en 1985, et conservé dans ses tiroirs, dont seuls certains passages auraient été corrigés, « modifications le plus souvent cosmétiques et jamais structurelles  » (p. 12).

S’agissant d’un roman policier, nous ne dirons rien de l’intrigue. Signalons seulement qu’il met en scène une tueuse à gages, dont il  raconte la vie depuis la Seconde Guerre  mondiale.

Quand nous avons lu le Monde selon Garp, de John Irving, nous avons ressenti un léger malaise en raison de ce qui nous apparut comme un certain manque de sérieux dans le traitement des personnages, Irving faisant mourir  l’un d’eux à la moitié du roman, mort qui, selon nous, ne s’imposait pas : nous nous étions attaché à cet enfant. Ceux d’entre vous qui liront le présent roman comprendront le rapprochement.

Un lecteur a-t-il le droit d’exiger moralement d’un auteur qu’il conduise les protagonistes à bon port ? Que penseraient les enfants si Hergé avait fait périr Tournesol ou même Rastapopoulos après Coke en Stock ? Pierre Lemaitre se révèle un romancier agnostique (en cela…), qui met à mort ses créatures sans espoir de résurrection. Démarche inverse : Balzac, sur son lit de mort, appelait au secours le docteur  Bianchon, le médecin de la Comédie humaine, lui donnant dans la réalité  une existence (imaginaire) qui nous touche. N’y a-t-il pas une sorte de déontologie qui lierait les créateurs ? Sherlock Holmes et Fantômas ont d’ailleurs été contraints de ressusciter, par la pression des lecteurs.

Cessons de plaisanter ( ?). Une œuvre fossile ? Au lecteur de juger quand il aura pris connaissance des détails de l’action, que nous nous sommes interdits  de lui révéler pour ne pas le priver du plaisir  de la lecture.

 

 

                                                                                   Jacques MELON

 

Le serpent majuscule, Ed.Albin Michel, 20,90 €.

 


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