POLICE/JUSTICE

Attentat de St-Etienne-du-Rouvray : un prêtre égorgé, quatre personnes jugées pour complicité

AFP

C’est l’un des trois attentats qui aura ensanglanté la France au cours de l’année 2016. Le 26 juillet, deux hommes qui se réclament de l’organisation État Islamique, pénètrent dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, non loin de Rouen. Le père Jacques Hamel (85 ans) y célèbre la messe. Les assaillants l’égorgent devant les paroissiens et blessent grièvement un fidèle. Le procès de cette attaque qui aura eu un retentissement mondial aura lieu du 14 février au 11 mars prochain. Quatre personnes seront jugées pour complicité d’assassinat. Retour sur les faits.

C’est vers 9h30 que le drame s’enclenche dans le centre de Saint-Étienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime. Le père Hamel s’apprête à célébrer la messe pour une petite assemblée constituée de trois religieuses et d’un couple de paroissiens. Un jeune homme portant un polo bleu pénètre les lieux pour demander quand démarre l’office. Il lui est suggéré de revenir dix minutes plus tard, ce qu’il fera, mais avec de biens sombres intentions, vêtu de noir et accompagné d’un autre homme. Les deux jihadistes lancent quelques mots en arabe puis s’en prennent physiquement au prêtre, le forçant à se mettre à genoux.

Munis d’armes blanches, ils vont lui asséner 18 coups de couteau avant de l’égorger devant les paroissiens et blesser grièvement une autre personne. Une religieuse parvient à s’enfuir et donne l’alerte. C’est la première fois qu’un prêtre est tué en France au cours d’une messe depuis la guerre de Vendée en 1815. Il s’agit également du premier meurtre perpétré par l’État islamique dans une église européenne.

Abattus par les forces de l’ordre lors de l’opération d’intervention de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Rouen, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean ne répondront jamais de leurs actes devant la justice. Mais quatre individus comparaîtront devant la cour d’assises spéciale de Paris du 14 février au 11 mars prochain, soupçonnés de complicités diverses. L’une d’entre eux, Rachid Kassim, ne sera pas présent. Il aurait encouragé les deux assassins radicalisés à passer à l’acte mais il est présumé mort.

Frapper un symbole français

Jugé pour « complicité d’assassinat », Rachid Kassim est visé par un mandat d’arrêt. Présumé mort, c’est le seul accusé qui ne sera pas présent lors du procès. Il aurait été tué le 8 février 2017 dans la zone irako-syrienne lors d’un bombardement de la coalition contre Daech. Cet ancien animateur social a rejoint la Syrie en 2012.
Considéré comme l’instigateur de l’attentat, dans les semaines qui ont précédé l’attaque, il aurait encouragé les assaillants sur l’application cryptée Telegram « à frapper un symbole français ». Il aurait également prodigué des conseils opérationnels et donné des instructions en vue du passage à l’acte. Il est également soupçonné d’avoir téléguidé depuis la Syrie plusieurs autres projets d’attaques en France, comme la tentative d’attentat à la voiture piégée en septembre 2016 à proximité de Notre-Dame de Paris.

Un simple « stage théologique »

Quatre jours avant les faits, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, 19 ans tous les deux, ne se connaissaient pas. Dans la djihadosphère, les terroristes se rencontrent sur les réseaux sociaux. Adel Kermiche tenait une chaîne Telegram pro djihad très active lorsqu’il a publié le scénario d’une attaque au couteau dans une église.

Une publication sur l’application chiffrée qui a poussé Abdel Malik Petitjean à le contacter en privé pour fomenter le coup. Autour d’eux gravitaient également Farid Khalil (35 ans), le cousin d’Abdel Malik Petitjean, Yassine S. (21 ans) et Jean-Philippe Steven (26 ans), considéré comme un leader de la propagande djihadiste en ligne.
Ils sont aujourd’hui poursuivis pour association de malfaiteurs terroristes. La justice leur reproche d’avoir participé aux repérages des lieux de l’attaque et d’avoir été informés des intentions terroristes des assaillants sans les en avoir empêché. Les prévenus évoquent de simples contacts dans le cadre d’un « stage théologique ». Ils risquent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.