POLICE/JUSTICE

Dix ans des attentats de Toulouse et Montauban : des hommages en réponse au terrorisme


Il y a dix ans, en quelques jours, Mohammed Merah sème la terreur à Toulouse et Montauban. Du 11 au 19 mars 2012, plusieurs personnes tombent sous les balles du terroriste islamiste franco-algérien Mohammed Merah. En trois expéditions, l’homme tue sept personnes, dont trois enfants et un professeur d’une école juive, et fait six blessés. L’assaillant responsable a basculé dans le fondamentalisme. C’est l’acte I de la vague terroriste que connaîtra la France dans les mois qui suivent. Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, François Hollande et le Président israélien Isaac Herzog rendent hommage aux victimes.

Il y a dix ans, les assassinats commis au nom d’Allah par Mohamed Merah annonçaient la vague d’attentats qui frappera la France dès 2014 et la menace d’actes violents de returnees (NDLR : les revenants), ces Français partis faire le jihad en Irak et en Syrie. Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah assassine, avec une arme de poing, trois militaires, trois enfants et un enseignant juif à Toulouse et à Montauban. Le 22 mars, il sera tué par la police qui prend d’assaut son appartement.
La France, qui n’avait plus connu d’attentats depuis 1996, découvre, hébétée, qu’un jeune homme islamisé de 23 ans, ayant grandi dans un quartier populaire toulousain, frappe sans scrupules sur son sol. C’est là que l’hexagone prend conscience d’un risque de massification du phénomène et que le terrorisme n’est plus importé mais local.

Sept victimes à Toulouse et Montauban

Le 11 mars, un militaire du 1er Régiment du train parachutiste, Imad Ziaten (30 ans) est la première victime. Il poste une annonce sur internet pour vendre une moto. Un rendez-vous est pris sur un parking de Toulouse. Mohammed Merah, lui, loge une balle dans la tête, puis repart sur un scooter. Le 15 mars, trois militaires retirent de l’argent devant la caserne du 17ème Régiment du génie parachutiste à Montauban. Mohammed Merah gare son scooter, s’approche d’eux et ouvre le feu.
Mohamed Legouad (23 ans) et Abel Chennouf (26 ans) sont tués. Loïc Lieber, un Guadeloupéen de 28 ans, reste tétraplégique. Le 19 mars, vers 8 heures, l’affaire prend une autre tournure. À bout portant, Mohammed Merah assassine deux enfants, Myriam Monsonego (7 ans) et Gabriel Sandler (3 ans) qui tentent de lui échapper dans la cour de récréation de l’école juive Ozar Hatorah. Quelques secondes plus tôt, Arié Sandler (6 ans) et son père Jonathan Sandler succombent aux balles du tueur casqué.

Merah abattu par le RAID

Dans la nuit du 20 au 21 mars, le RAID, l’unité d’élite de la police français, lance une opération d’assaut. Retranché dans son appartement d’un quartier résidentiel de Toulouse, Mohammed Merah ouvre le feu à travers la porte, offre une résistance et les contraints à se replier.
Des négociateurs de la police parlementent avec lui. Le siège durera trente heures, jusqu’à l’assaut final au cours duquel le jeune homme sera est abattu. Présenté comme son mentor, Abdelkader sera condamné à trente ans de prison pour complicité d’assassinats, la justice estimant qu’il a « sciemment apporté une aide ou une assistance dans la préparation des crimes commis par Mohammed Merah ».

2000 personnes attendues pour un hommage

 Pour rendre hommage aux victimes, une grande commémoration est organisée le 20 mars prochain. Plus de 2.000 personnes sont attendues, dont Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, François Hollande ou encore le président israélien Isaac Herzog.
Après une minute de silence la veille au square Charles de Gaulle, la cérémonie débutera à 14h30 par un colloque organisé à la Halle aux grains, dans le centre-ville de Toulouse. Selon une déclaration officielle de Franck Touboul, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), ce moment d’échange sera l’occasion de « trouver un moyen de vivre ensemble, soudés, à quelques semaines de l’élection présidentielle et face à la menace islamiste ».

L’après-midi se poursuivra vers 16 heures avec une cérémonie commémorative. Trois prises de parole sont d’ores et déjà prévues : celle d’Emmanuel Macron, celle du président Israélien et celle de Franck Touboul. La journée se terminera par une pièce de théâtre jouée en avant-première à la Halle aux Grains de Toulouse : « Le nageur d’Auschwitz », mise en scène par Steve Suissa, avec le chanteur franco-israélien Amir dans le premier rôle. La pièce raconte l’histoire du champion toulousain de natation, Alfred Nakache, survivant de la Shoah.

Six Premiers ministres invités

Au total, 2.000 personnes pourront assister à cet hommage. La cérémonie sera ouverte au public, sur inscription. De très nombreuses personnalités et représentants politiques feront le déplacement. Outre Emmanuel Macron, les anciens présidents Nicolas Sarkozy (au pouvoir lors des attentats) et François Hollande (qui lui a succédé) ont été invités. Nicolas Sarkozy a déjà confirmé sa venue. Tous les Premiers ministres depuis 2012 sont également conviés : François Fillon, Jean-Marc Ayrault, Bernard Cazeneuve, Manuel Valls, Édouard Philippe et Jean Castex. Des invitations ont été lancées aux ambassadeurs de plusieurs pays arabes et d’Allemagne. Tous les élus locaux ou presque devraient aussi être sur place.

Les instances religieuses présentes

Les communautés religieuses seront aussi représentées : le grand rabbin de France Haïm Korsia, le président du Consistoire central (l’instance suprême de représentation du judaïsme français) tout comme le président national du CRIF, et de nombreux imams.
Une large place sera aussi accordée aux familles de victimes.
Samuel Sandler, père et grand-père d’un enseignant et de deux enfants tués à l’école juive, prendra la parole, ainsi que Latifa Ibn Ziaetnen, mère du premier militaire assassiné à Toulouse ou encore Albert Chennouf-Meyer, père d’un militaire tué à Montauban.  Beaucoup d’avocats présents lors du procès du frère de Mohammed Merah seront aussi sur place.