POUVOIR D'ACHAT

L’indexation des salaires maintenue

Le chef de groupe PS à la Chambre, Ahmed Laaouej (de face), fustige l'attitude du PTB à qui il reproche d'attaquer plus les partis de gauche que ceux de droite. BELGA

Le gouvernement fédéral confirme le maintien de l’indexation automatique des salaires, mais aussi des allocations, c’est ce qu’ont indiqué ce jeudi à la Chambre le Premier ministre Alexander De Croo et le ministre de l’Économie Pierre-Yves Dermagne. Dans une révision de ses prévisions automnales publiée lundi, la Banque Nationale de Belgique avait estimé que la forte inflation constatée actuellement engendrera une perte de compétitivité des entreprises, la hausse des coûts salariaux étant attendue à plus de 10% sur deux ans. D’autres nouvelles mesures en faveur du pouvoir d’achat pourraient encore être prises ce vendredi.

Du côté patronal, la FEB a immédiatement fait part de ses craintes de voir la Belgique entrer dans une « spirale salaire-prix ». Interrogés à ce sujet jeudi à la Chambre, Alexander De Croo et Pierre-Yves Dermagne ont clairement exclu l’indexation des salaires comme piste.
« L’indexation est un instrument crucial et je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un dans ce gouvernement qui veuille le remettre en cause », a déclaré le Premier ministre. « Si la situation est difficile, il n’y a pas encore péril en la demeure », a ajouté Pierre-Yves Dermagne. « Nous ne sommes pas encore dans ce scénario catastrophe d’une spirale prix-salaire. La pression inflationniste devrait prochainement fléchir ».

L’indexation, un instrument crucial aussi pour la relance

Ce lundi, la BNB avait fait part de ses nouvelles projections estimant que « les répercussions de la guerre en Ukraine nous contraignent d’adapter nos prévisions économiques et budgétaires. Ainsi, nous prévoyons maintenant un net ralentissement temporaire de l’économie, principalement parce que le fléchissement de la croissance du pouvoir d’achat et l’incertitude incitent les consommateurs à regarder davantage à leurs dépenses. Nous tablons désormais sur une croissance de 2,4 % pour 2022. En raison de la nouvelle intensification des tensions sur les marchés mondiaux de l’énergie, la très forte inflation se tassera également plus lentement que prévu : à la fin de cette année, elle serait encore supérieure à 5 % et, pour l’ensemble de l’année, elle s’établirait en moyenne à 7,4 %.» 

Toutefois, les projections actuelles ne laissent pas entrevoir de spirale salaire-prix de longue durée : la pression inflationniste se réduirait au cours des deux prochaines années. Le déficit budgétaire s’établirait à 4,4 % du PIB en 2022, mais il se creuserait encore quelque peu d’ici 2024.

Une question de justice sociale pour le PTB

Cet après-midi, le ministre Pierre-Yves Dermagne (PS) a aussi rappelé que  l’index serait toujours maintenu. Au MR, le député Christophe Bombled a également indiqué que les libéraux ne remettaient pas non plus en cause l’indexation des salaires, ni la loi de 96 (sur la compétitivité). Cet élément a été pointé par Raoul Hedebouw (PTB, opposition). À ses yeux,  « le vrai débat, c’est la loi de 96 », dont il veut la suppression depuis belle lurette car selon lui, cette dernière « impose des cacahuètes comme augmentation salariale (…) Pas vraiment de quoi aider à remplir le caddie en fin de mois.»

Cette loi de 1996 organise un équilibre délicat entre, d’une part, le maintien de l’indexation automatique des salaires et, d’autre part, la sauvegarde de la compétitivité des entreprises et donc de l’emploi. La loi tente d’obtenir cet équilibre en comparant les augmentations salariales prévues chez nos trois grands voisins que sont l’Allemagne, la France et les Pays-Bas avec l’indexation salariale attendue en Belgique. Ensuite, le Conseil Central de l’Economie avance la différence entre ces deux estimations comme marge maximale pour l’évolution du coût salarial en plus de l’indexation.

Ce vendredi, le gouvernement planchera sur le contrôle budgétaire. De nouvelles mesures en faveur du pouvoir d’achat pourraient encore être prises.

Pour aller plus loin: le dernier rapport de la BNB: Guerre en Ukraine, mise à jour des projections macroéconomique pour la Belgique