Société

Bruno Brel, le neveu du « Grand Jacques » qui avoue tout


Dans son livre « Le neveu de mon oncle » paru au Café de la Rue Editions, Bruno Brel, le neveu du « Grand Jacques », raconte sa vie. Un parcours haut en couleur où nous entrons dans l’intimité de celui qui n’a jamais voulu changer de nom pour exercer son métier de chanteur. Une biographie en forme de roman d’aventures. On y retrouve bien sûr sa relation avec son célèbre oncle même si les rapports avec celui-ci n’ont pas été nombreux, il est certain qu’un attachement d’homme et d’artiste les unissait. Bruno Brel témoigne d’une estime très « bréliene » à son père. Il est le fils de Pierre alors que sans cesse le Grand-jacques lui colle à la peau.

Bruno Brel signe un livre rempli de franchise, ne se mettant à l’abri de rien. Il ne s’épargne pas. Il va au bout de son aventure humaine celle d’un écorché qui ne gémit pas. Aucune vengeance ne transparait parce que chez ces gens-là, Monsieur ! On entre avec pudeur dans l’intimité de cette famille cassée en deux : celle de Jacques et celle de Pierre. On parcourt les pistes africaines « du père » passionné d’aventures et de motos. Une vie jonchée de rencontres étonnantes aux situations aussi surréalistes que dangereuses. Parfois, il nous parle d’un temps que les moins de trente ans auront du mal à situer ! Bruno Brel, ce citoyen clandestin du bonheur a décidé de raccrocher sa guitare.

De retour en Belgique

Âgé de 72 ans, Bruno Brel est revenu s’installer en Belgique après avoir bourlingué au travers du monde. Il a le vague à l’homme aussi fort que son vague à l’âme.  Son péché d’orgueil et de résistance : vivre à l’image de Pierre et de Jacques sans jamais les trahir. Impossible pour lui comme pour son oncle, de vivre seul. Il a besoin de partager même sa solitude. Alors qu’il est installé avec son épouse de l’époque à Montréal, il accueille à bras ouverts sa cousine défunte Chantal, un passage aussi émouvant que cocasse, mais très à la « Brel ».

Son livre nous fait aussi découvrir les textes de ses chansons. « Je suis heureux d’avoir vécu ma vie même si elle n’a pas été drôle tous les jours » avoue-t-il en forme de confessions laïques. Bruno est aussi auteur de plusieurs romans qui sentent sa Belgique, celle de Simenon et bien entendu de Brel.

Surprenant aussi, pour la 1re fois, il s’exprime publiquement sur la fondation Jacques Brel. Ce chapitre se nomme : « Ma part des choses » et l’on peut y lire entre autres :

« C’est donc après mûre réflexion que j’ai décidé de franchir le pas. Avec pour seule raison de vouloir remettre les choses à leur place vis-à-vis du véritable état d’esprit de la famille Brel. Nous sommes des aventuriers, pas des marchands du temple. Or il se fait que depuis quelques années, la fondation qui porte le nom du frère de mon père se livre à un commerce indigne de la probité et de la générosité qui ont toujours marqué l’empreinte familiale. »           

…/… Pour se défendre, il est parfois nécessaire d’accuser. Et ici, c’est à la fois l’état d’esprit de “ma” famille Brel que je veux défendre, mais aussi l’acharnement et l’honnêteté que j’ai mis à vouloir respecter « L’Esprit de Jacques », en tentant de rajouter quelques petites touches d’amour et d’amitié à son œuvre tellement humaine et honnête. Si Jacques ne m’avait pas encouragé, dans sa loge de La Mancha en avril 69, j’aurais probablement changé de cap. Peut-être vers l’univers du cinéma, certainement vers celui de la littérature. Mais je possédais un aval que certains n’ont pas voulu savoir. Et pourtant, quel danger pouvais-je représenter vis-à-vis de l’œuvre de Jacques, reconnue mondialement ? Pas plus que David Halliday pour celle de son père, pas plus que le fils Dutronc pour ses parents ni plus que Claude Brasseur pour son génial et illustre père, malgré une ressemblance troublante. Un jour, ma mère, ma petite Maman, m’a dit qu’elle était persuadée que mon début de carrière avait été bloqué par « l’autre côté de la famille ». Je n’ai pas voulu y croire, et j’ai poursuivi ma route. Mais quelques années plus tard, partageant un repas avec Béatrice Ollier, la seconde épouse de mon père, je me permets de lui citer cette phrase, cette intuition de ma mère. La réaction a fusé sans la moindre hésitation : “Ton père pensait la même chose. Il m’en parlait souvent. Mais tu sais comment il était ; il ne tenait pas à créer des désaccords ! »

Hervé Meillon

LE NEVEU DE MON ONCLE éditions Café de La Rue Prix : 18.99€ Couverture et Préface Alain Marouani