POLITIQUE

Acculé, le ministre de la Santé flamand Wouter Beke démissionne et accuse les médias

BELGA

Wouter Beke, ministre flamand de la Santé, a démissionné hier soir. Avec ce nouveau départ, une semaine après la démission de la présidence du parti de Joachim Coens, les démocrates-chrétiens flamands espèrent éviter une crise profonde et tomber dans l’oubli.  Du coup, tout se bouscule au CD&V où on précipite les élections. S’il n’y a pas d’autres candidats, l’actuel Secrétait d’Etat, Sammy Mahdi devrait prendre la tête du parti dès le 25 juin avec une mission claire : « sauver la démocratie chrétienne de l’inutilité », comme le souligne déjà nos confrères De Standaard.

Du coup, ça bouge de plus en plus au CD&V. Moins d’une semaine après l’annonce de son départ par le président Joachim Coens, il appartenait jeudi à son prédécesseur Wouter Beke de démissionner.  Quelques heures plus tard, le conseil du parti décidait d’accélérer considérablement la succession de Joachim Coens. Les candidats peuvent encore s’inscrire jusqu’au 30 mai. Si ce n’est pas le cas – le vœu fervent de plus en plus de membres du CD&V – l’actuel secrétaire d’Etat Sammy Mahdi sera nommé nouveau président le 25 juin prochain lors de la journée familiale du parti à Plopsaland.

Une démission tardive inévitable

Wouter Beke jusqu’ici ministre flamand de la Santé a démissionné puis expliqué sa décision, hier soir lors d’une conférence de presse à Bruxelles, entouré de sa famille et de membres de son cabinet ministériel. Le ministre faisait l’objet de nombreuses critiques au sein de son parti depuis un petit temps déjà et semblait lui porter préjudice. Le responsable politique CD&V a confié qu’il ne pouvait plus continuer son mandat. Il s’est dit « fier du travail accompli mais préfère se retirer dans les conditions actuelles. »

L’homme, ministre du Bien-être, de la Santé publique, de la Famille et de la Lutte contre la pauvreté avait été l’objet de nombreuses critiques, entre autres pour sa gestion du secteur de la petite enfance et  était largement notamment pointé du doigt depuis le décès d’un bébé de six mois, le 18 février dernier dans une crèche de Mariakerke, près de Gand. Un drame qui selon ses mots « l’a touché plus qu’il ne voulait l’admettre et le montrer au monde extérieur ».

Une démission salvatrice

Wouter Beke a également indiqué que le sondage diffusé vendredi dernier, préconisant que son parti, le CD&V, pourrait devenir, si on votait aujourd’hui, la plus petite formation de Flandre, avec 8,7% des intentions de vote,  avait joué dans la balance quant au choix de sa démission. Un sondage qui d’ailleurs avait  déjà  conduit le président du CD&V, Joachim Coens, à rendre son tablier la semaine dernière et à proposer une élection présidentielle de parti anticipée. Une démission qui aurait aussi conduit Wouter Beke a démissionné « inévitablement », comme le souligne la presse flamande ce matin. Avec sa démission, Wouter Beke dit vouloir « donner de l’oxygène » à son parti. Avec le limogeage de Wouter Beke, l’ère de Sammy Mahdi pourra bientôt commencer

Cependant, sa démission ne suffira peut-être pas à inverser la tendance. Après tout, le timing affecte aussi sa crédibilité. « Assumer rapidement des responsabilités politiques après un événement dramatique est une bonne chose pour un politicien, on attendait cela de lui bien plus tôt », commente De Standaard. Le ministre démissionnaire avait largement déplu par son manque de compassion et sa froideur dans les jours qui suivirent la mort du nourrisson dans une crèche gantoise en février dernier. Préférant point du doi

La presse dans le collimateur

Wouter Beke s’en est pris ouvertement aux médias. « Beaucoup de choses ont été écrites à ce sujet. Des choses qui m’ont vraiment touché. Chers journalistes, les politiciens sont aussi des humains. Être traité de manière inhumaine sur les réseaux sociaux fait apparemment partie du travail. Mais les médias classiques ont une fonction d’entonnoir. S’ils ne le remplissent pas, ne soyez pas surpris que la société se polarise », a-t-il lancé.
Récusant encore l’image du « politicien du pouvoir froid » qui lui a, selon lui, été donnée. « Mon intégrité en tant que politicien, en tant que personne, en tant que mari, en tant que père et en tant que militant est plus importante pour moi que toute autre chose. C’est plus important que ce qui a été écrit sur moi dans les médias ces deux dernières années », a-t-il conclu.

Il soutiendra Sammy Madhi

Dans la foulée, le ministre démissionnaire a précisé d’ores et déjà soutenir pleinement la candidature de Sammy Madhi à la présidence du parti. L’ancien président du CD&V, ex-ministre fédéral de l’Emploi et de l’Économie et désormais ex-ministre de la Santé et de la Petite Enfance limbourgeois de 47 ans, a annoncé qu’il retournerait siéger à la Chambre et qu’il coopèrerait avec la commission d’enquête sur l’accueil de la petite enfance mise sur pied par le parlement flamand. Il demeure en outre, bourgmestre de Bourg-Léopold où il a été élu en 2013.

Pour rappel, Wouter Beke avait hérité en octobre 2019 des portefeuilles du Bien-être, de la Santé publique, de la Famille, de la Petite Enfance et de la Lutte contre la pauvreté au sein du gouvernement flamand, dirigé par Jan Jambon (N-VA) et composé du parti chrétien-démocrate, des nationalistes de la N-VA et de l’Open Vld. Il avait débuté sa carrière politique en 2001 en devant conseiller communal à Bourg-Léopold avant de devenir bourgmestre.