OPINION

Parlons 5G : la pédagogie pour convaincre les sceptiques

BELGA

Le terme 5G fait référence à la technologie de connectivité mobile de cinquième génération qui succède aux technologies 2G, 3G et 4G. Elle est une évolution majeure de l’industrie des télécommunications et agira comme levier de l’innovation pour l’ensemble des secteurs de l’économie en autorisant le développement de nouveaux usages : réalité virtuelle, véhicule autonome et connecté, ville intelligente, industrie 4.0, e-santé etc.  Elle s’articule autour de 3 avancées majeures : des débits mobiles très hauts (> 1 Gbit/s), des délais de transmission (latence) très faibles et enfin, des communications ultra-fiables.

Dans leur volonté de renforcer l’engagement en faveur de la double transition écologique et numérique, la Commission Européenne et les états membres ont identifié les infrastructures de fibre optique et de 5G comme un domaine d’investissement clé dans le plan de relance ‘NextGenerationEU’ de 750 milliards d’euros. Et, un peu comme s’il fallait encore convaincre les derniers sceptiques, le 23 février 2021, la Commission Européenne et la Banque Européenne d’Investissement (BEI) publiaient une nouvelle étude intitulée « Accélérer la transition vers la 5G en Europe. Comment stimuler les investissements dans les solutions 5G transformatrices (1) » dans le cadre de leur programme commun de conseil InnovFin.  L’étude souligne que l’Europe doit augmenter de manière significative les investissements dans les entreprises numériques 5G innovantes si elle veut libérer tout le potentiel d’innovation de la 5G.

La course au déploiement des infrastructures 5G est devenue un champ de bataille clé dans une lutte plus large pour le contrôle des industries du futur au nom de la souveraineté et de la compétitivité européennes. L’Europe risque toutefois de prendre du retard par rapport à ses concurrents mondiaux. Par exemple, les retards à l’allumage dans l’allocation des fréquences risquent de pénaliser certains pays européens comme la Belgique sur le long terme. De même, les conséquences des tensions géopolitiques sur base de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine alimentée par un débat de cybersécurité tendu risquent de priver les entreprises européennes, tous secteurs confondus, des technologies 5G les plus avancées et les plus performantes.

La 5G et l’environnement

L’industrie des télécommunications a pris pleinement conscience des enjeux environnementaux et de nombreux opérateurs européens ont pris des engagements forts afin de réduire leur empreinte carbone en tenant compte de l’augmentation continue des volumes de données consommés. Grâce à une meilleure efficacité énergétique, à trafic constant, la 5G aura une empreinte carbone inférieure à la 4G. Ce qui devrait induire un impact environnemental positif non négligeable au vu des projections de croissance en termes de connectivité mobile.

La révolution numérique transforme l’activité économique dans son ensemble et influence donc son l’empreinte carbone. Heureusement, les opportunités pour les nouveaux cas d’usage 5G de contribuer à réduire l’impact environnemental d’autres secteurs tels que, par exemple, ceux des transports ou de l’agriculture sont prometteuses. Au-delà de la 5G et des réseaux, il reste fort à faire afin de réduire la consommation électrique des équipements terminaux et plus particulièrement au niveau des consommations en mode veille.

Et la santé dans tout cela ?

La société civile exprime des inquiétudes et certains citoyens perçoivent la 5G comme une menace pour la santé publique. Face à ces inquiétudes ; les acteurs, publics et privés, de l’industrie des télécommunications doivent être transparents, à l’écoute et doivent redoubler d’effort de pédagogie.  L’exposition aux champs électromagnétiques qui sont causés par les équipements de communication sans fil, y compris pour la 5G, est soumise à des limites définies dans une recommandation du Conseil de l’Union Européenne (2).
Ces limites sont fixées conformément aux directives publiées par la Commission Internationale de Protection Contre les Rayonnements Non Ionisants (ICNIRP).

Les limites d’exposition du grand public dans l’Union européenne sont fixées à des niveaux 50 fois inférieurs aux niveaux d’émission à partir desquels des effets sur la santé peuvent commencer à se faire sentir, selon les estimations de l’OMS. Les réseaux 2G, 3G et 4G ont été déployés dans le stricte respect de ces limites. La 5G n’y fera pas exception.

 

Luc Hindryckx

(Directeur général d’ECTA , Association européenne des télécommunications compétitives)

 

[1] Titre Original: Accelerating the 5G transition in Europe How to boost investments in transformative 5G solutions. www.eib.org/en/press/all/2021-065-new-eib-report-boosting-investments-in-european-digital-ventures-to-unleash-the-full-potential-of-5g
(2) 1999/519/CE: Recommandation du Conseil, du 12 juillet 1999, relative à la limitation de l’exposition du public aux champs électromagnétiques (de 0 Hz à 300 GHz)