OPINION

Carte blanche de la première présidente de la Chambre

BELGA

Le 13 octobre 2020, après plus de 190 années d’hégémonie masculine et 51 Présidents, la Chambre des représentants a désigné une femme pour occuper la place la plus prestigieuse de la démocratie parlementaire belge. La décision a effectivement surpris tant cette continuité apparaissait « normale » dans la continuité de notre histoire.

Lorsque j’ai été désignée pour occuper cette haute fonction, mes quelques 20 années de travail politique et mon engagement en faveur de l’égalité entre les femmes et des hommes ont défilé dans ma tête…très vite, la désignation m’est apparue comme un nouveau défi.

(…) ouvrir la voie à d’autres afin qu’elles puissent accéder à des postes à hautes responsabilités

Mes combats et enjeux à la tête de l’assemblée fédérale visent la participation citoyenne, la durabilité, la lutte contre les discriminations, la préparation de la présidence belge de l’UE en 2024. J’entends rendre la Chambre plus moderne et plus visible et tenant mieux compte de l’impératif de l’égalité des genres.

Force est de constater que bien souvent les femmes doivent démontrer, bien plus que les hommes, leurs qualités et leurs compétences professionnelles pour accéder au même poste. J’espère aujourd’hui ouvrir la voie à d’autres afin qu’elles puissent accéder à des postes à hautes responsabilités. Comme citait Eavan Boland, poète irlandaise : « notre avenir deviendra le passé d’autres femmes ». En cette Journée Internationale des droits des Femmes, je voudrais souligner que si la situation des femmes évolue, cette évolution est à mon sens encore trop lente.

Ces dernières années, plusieurs étapes ont pourtant été franchies dans notre pays : une première femme Premier ministre, un gouvernement fédéral totalement paritaire, une première femme Ministre de la Défense, et pour la première fois, deux femmes à la présidence de la Chambre et du Sénat.  Un début de mixité certes, mais on est encore loin de l’égalité !

Faire évoluer le rôle des femmes

En effet, les femmes sont encore trop peu représentées dans les délégations au sein des assemblées internationales et trop de femmes se retrouvent « cantonnées » dans les matières sociales ou de la santé tandis que les hommes siègent davantage dans les commissions de la Défense ou de l’Intérieur. Actuellement, avec la Présidente du Sénat et les services de nos deux assemblées, nous réfléchissons à mieux garantir une présence équilibrée des hommes et des femmes et à mieux intégrer la dimension du genre dans les différentes politiques. Notre volonté est que, d’ici 2030, le Parlement fédéral devienne l’un des parlements européens les plus sensible à la dimension de genre !

Nous devons encore faire évoluer le rôle des femmes dans notre société, et mieux partager les différentes fonctions, en ce compris les hautes fonctions. Finalement, chaque personne, qu’elle soit une femme ou un homme, doit avoir la possibilité de trouver sa place dans la société. Sans que cela pose question. C’est cela l’égalité.

Mme Eliane TILLIEUX,
Présidente de la Chambre