FRANCE/POLITIQUE

France/législatives : le parti de Zemmour déjà en proie à des défections

Eric Zemmour estime qu'il n'est pas vendeur de défendre la patrie ou une certaine idée de la France. DR.

Quatre poids lourds ont déjà quitté Reconquête ! dont deux porte-parole et le chargé des fédérations. Des critiques ciblent la compagne d’Eric Zemmour qui a piloté la campagne présidentielle du polémiste. Le polémiste qui se faisait rare depuis son échec à la présidentielle d’avril dernier vient de faire une sortie médiatique pour expliquer les raison de son maigre score (7,07%). L’homme n’a pas son dit son dernier mot et prépare ses troupes pour les législatives de juin prochain. La question est de savoir si lui-même y participera en tant que candidat. Mais la nièce de Marine Le Pen prépare son avenir avec Reconquête !

Au hasard de l’interview télévisée d’un soir à BFMTV, un aveu : « J’ai vendu des livres, j’ai influencé des gens, j’ai fait des audiences télévisées importantes, mais finalement, quand on défend la patrie, quand on défend une certaine idée de la France, on est diabolisé, on est ostracisé, on est traité de tous les noms ». Et aussi ces mots : « Vous dites que j’ai été victime de mon outrance, de ma radicalité… Moi, je pense surtout que j’ai été victime du bombardement médiatique incessant. Et du bombardement idéologique incessant… Mais moi, j’ai fait œuvre de salubrité publique.  Pardonnez-moi ce moment d’immodestie ».

Quand on défend la patrie, quand on défend une certaine idée de la France, on est diabolisé, on est ostracisé, on est traité de tous les noms.

Ainsi analyse, à froid, Eric Zemmour sa quatrième place (avec 7,07% des voix) à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril passés. Pourtant, à l’automne 2021, nombre de sondages le plaçaient alors en finale de cette présidentielle face au président-candidat Emmanuel Macron.

Quand Zemmour joue la discrétion

A peine une demi-heure s’était écoulée depuis la victoire de Macron le soir du 24 avril que Zemmour faisait une déclaration. Lui, le candidat (à 14 points du troisième du premier tour, Jean-Luc Mélenchon) de Reconquête !, le parti qu’il a fondé, envoyait une attaque contre le président réélu mais aussi et surtout contre la battue du jour, Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement National (RN). Résumé, ça donne : « Hélas ! Hélas ! Hélas, c’est la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen »… Ainsi, l’ancien journaliste-polémiste lançait son OPA sur l’extrême-droite et faisait appel aux patriotes très à droite dans le parti Les Républicains (RN) comme Eric Ciotti ou encore Laurent Wauquiez…

Omniprésent dans les médias (nombre d’entre eux faisant preuve d’une complaisance peu déontologique) durant les six mois qui ont précédé le premier tour de la présidentielle 2022, Eric Zemmour joue, ces temps-ci, la discrétion. Ce qui a conduit, ce 4 mai, le quotidien Libération à titrer : « Zemmour plus proche de la débandade que de la Reconquête »…

125.000 adhérents et 550 candidats aux législatives

Transfuge de LR en janvier dernier, le vice-président du parti zemmourien, Guillaume Peltier fait l’état des lieux : « En ce début mai, nous comptons 125.000 adhérents… C’est énorme pour un parti tout jeune ». Un parti que de nombreux observateurs de la chose publique imaginaient « faire pschittt » dès après la défaite de son leader au lendemain de la défaite à la présidentielle. Un parti qui, pour les prochaines élections législatives (12 et 19 juin), va présenter 550 candidats sur 577 circonscriptions…

Un parti mené par un Eric Zemmour plus que jamais convaincu qu’il va réussir l’union des droites françaises avec l’aile droit(ièr)e de LR, Nicolas Dupont-Aignan et Debout la France !, Florian Philippot et Les Patriotes… Mais, pour l’heure, cette conviction est contrariée par Marine Le Pen et le Rassemblement National (RN). En privé, pendant la campagne présidentielle, Zemmour n’a jamais caché sa façon de penser au sujet de la « patronne » du RN : « Elle est nulle », martelait-il. En retour, forte de sa place de finaliste à la présidentielle 2022 où elle a recueilli 41,46% (33,94% en 2017), elle a rejeté, d’un revers de main, l’appel de Reconquête ! et, avec une pointe de fiel, s’est moquée de la domination hégémonique de Reconquête ! sur les réseaux sociaux pendant la campagne présidentielle : « Les tweets, c’est comme Twist à Saint-Tropez, ça ne fait danser qu’un été »… Ambiance…

Des poids lourds quittent le navire

Et infos et rumeurs alimentent les dîners en ville. La tendance, assure-t-on, serait à la débandade chez Reconquête !. Ainsi, quatre poids lourds ont quitté le navire : Jean Messiha, ex-RN et porte-parole du parti ; Thibault Monnier, proche de Marion Maréchal et en charge des fédérations ; Antoine Diers, ex-LR et porte-parole ; Isabelle Muller, attachée de presse, alors que d’autres transfuges se font très discrets (Gilbert Collard et Nicolas Bay, deux ex-RN), alors que Philippe de Villiers, lui, ne figure plus dans aucun des organigrammes de Reconquête !… Alors qu’Eric Zemmour laisse planer le doute sur sa candidature aux prochaines législatives (il pourrait se présenter dans la 4ème circonscription de Paris), une femme est ciblée quand on évoque les difficultés du parti : Sarah Knafo, 29 ans, compagne et conseillère de Zemmour. « Elle est à l’origine de tout. Sans elle, il n’y aurait pas eu de campagne », assure le malheureux candidat à la présidentielle.

Ce qu’ils font, c’est une opération sauve-qui-peut : on va ramasser 1,50 euro par voix obtenue pour faire vivre un petit appareil en attendant le prochain coup. La politique casino, je connais, ça ne m’intéresse pas.

Selon un ex-Reconquête qui assure, sous couvert d’anonymat, que « ramasser les plâtres pour permettre à la « bande de Knafo » de survivre avec l’argent de l’Etat, ça n’est pas mon truc », la stratégie du couple Zemmour-Knafo est toute simple : « Ce qu’ils font, c’est une opération sauve-qui-peut : on va ramasser 1,50 euro par voix obtenue pour faire vivre un petit appareil en attendant le prochain coup. La politique casino, je connais, ça ne m’intéresse pas ».

La Reconquête de Marion Maréchal

Selon une autre source bien informée, Sarah Knafo est salariée permanente à Reconquête ! et percevrait un salaire mensuel de 6.000 euros… Et si Eric Zemmour reste encore la tête de gondole du parti, une autre femme prépare dans l’ombre l’avenir. Son avenir. Nièce de Marine Le Pen, 32 ans et actuellement enceinte de son deuxième enfant, Marion Maréchal, a, avant la présidentielle, rejoint Reconquête ! et en a été nommé vice-présidente le 19 avril dernier.

Avec le parti qu’elle souhaite placer au centre des droites et dont elle prendra, à terme, la direction, elle se positionnera pour la présidentielle de 2027. Ayant compris que sa tante Marine Le Pen n’est pas prête à lui laisser la place au RN, elle a trouvé avec Reconquête ! un parti qui lui sera tout dévoué. Et alors sera validée la thèse en cour durant la présidentielle 2022 selon laquelle Eric Zemmour était avant tout le marche-pied pour Marion Maréchal. Pour le coup d’après !

Serge Bressan (à Paris)