L’échec caché du « décret Inscription » : 16 ans de mixité illusoire
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Ce lundi 28 septembre sonnera la rentrée pour les élèves des écoles fondamentales et une partie du secondaire. C’est l’occasion de jeter un regard critique sur le « décret Inscription ». Au cœur de la question de l’intégration scolaire réside la nécessité de favoriser la mixité sociale et une égalité d’accès à une éducation de qualité. C’est à travers cette éducation que nous pourrons commencer à dissoudre les frontières qui séparent nos vies et nos perspectives. Dans un monde en pleine tourmente, où les mouvements extrémistes gagnent du terrain, il devient crucial de rappeler que l’éducation joue un rôle décisif pour promouvoir l’harmonie sociale et la compréhension mutuelle.
La mixité dans les écoles est bien plus qu’une simple coexistence. C’est un des piliers de la construction d’une société unifiée. Lorsque les élèves de divers horizons se côtoient dès le plus jeune âge, ils tissent des liens qui transcendent les origines et les cultures.
L’éducation agit comme un pont entre les perspectives diverses. En encourageant les interactions entre des élèves aux expériences variées, l’éducation forme des individus capables de voir au-delà des préjugés et des stéréotypes. Une éducation juste et équitable constitue un pilier pour construire une société où la diversité est célébrée et les barrières abolies.
Il convient de se demander si cette aspiration à la diversité est toujours d’actualité ? Nous devons aussi nous questionner sur la trajectoire que nous prenons. Pourquoi la machine sociétale s’est-elle enrayée ?
Décret Inscription versus mixité
En 2007, les sphères politiques ont instauré « le décret Inscription » subtilement axé sur la promotion d’une plus grande mixité. Cependant, par souci d’éviter les potentielles critiques au sein de la société, l’intitulé « Décret inscription » fut maintenu. Toutes les discussions actuelles portent sur son efficacité ou comment l’aménager. Comment un décret cherchant à renforcer la cohésion sociale et la mixité peut-il occulter son intention véritable en ne portant pas son nom « Décret Mixité » ? La question se pose aussi sur la connotation du terme «Mixité » : est-il imprégné de prudence ? Au cœur de cette énigme réside peut-être la notion, que dès le départ, la confiance en ce décret était mitigée. Comment mobiliser l’adhésion de la population envers un projet commun lorsque les instigateurs eux-mêmes hésitent à l’appeler par son nom ?
A présent, la solution réside dans l’avancée avec transparence et sincérité, car il n’y a plus de temps à perdre en tergiversations. Le déficit de confiance, la polarisation, les tensions et les conflits, les divisions sociales, la marginalisation, les inégalités, les discriminations ont un effet profond sur la stabilité et le bien-être de notre société dans son ensemble. Une inaction pourrait entraîner un déclin social, économique et politique. Il est temps de prendre des mesures, car une vraie mixité dans l’éducation dès le plus jeune âge sera le seul moyen qui nous permettra de « parler la même langue » !
Bâtir une société inclusive
La mixité permettra de créer un espace où nos visions, bien que différentes, convergeront vers un objectif commun : bâtir une société inclusive et harmonieuse.
Une éducation égalitaire et mixte ouvrirait la voie à une vision partagée de l’avenir. En fournissant à chaque élève issu de milieux et d’origines différents la possibilité d’apprendre ensemble, nous sèmerions les graines d’une société où les désaccords seraient surmontés par le dialogue et la compréhension. Les différences se réduiraient avec une éducation qui mettra l’accent sur l’unité plutôt que sur la division.
Si nous ne parvenons plus à nous mélanger, à nous comprendre et à échanger, nous risquons de perdre le fil de notre humanité commune et face à la montée des extrémismes et des divisions, il est crucial de rappeler que notre planète, dans son infinie générosité, pourrait bien refuser de nous renouveler le bail si nous persistons dans cette voie.
Lise Graesser
Enseignante