Après les migrants illégaux, le Royaume-Uni durcit ses règles de délivrance des visas
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Nous vous parlions il y a peu du durcissement de la ligne de politique migratoire du Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui avait ressuscité le projet Rwanda, visant à envoyer les migrants illégaux du Royaume-Uni vers le Rwanda, notamment pour les dissuader de traverser la Manche. Lundi dernier, 4 décembre, le locataire du Downing Street a définitivement ancré sa politique migratoire en annonçant de nouvelles restrictions sur les visas pour les migrants légaux. La nouvelle politique conduira à la réduction du nombre d’entrées régulières d’étrangers au Royaume-Uni de 300.000 personnes. Les critères de délivrance des visas sont plus sévères et le tarif des visas est plus élevé. Le Gouvernement britannique sonne aussi la fin du regroupement familial. Les étudiants étrangers (y compris les Européens) doivent débourser plus de 1.200 euros pour contribuer au système de santé britannique.
Le nouveau ministre de l’Intérieur, James Cleverly, assume la position du Gouvernement conservateur et déclare face au Parlement que ce nouveau plan marquera « la réduction la plus importante » jamais effectuée en termes d’immigration nette : « 300 000 personnes de moins pourront venir au Royaume-Uni dans les années à venir par rapport à l’année dernière ».
Ce durcissement intervient après la publication des chiffres sur l’immigration fin novembre, qui dépassent les estimations du ministère de l’Intérieur, avec 745 000 arrivées légales et 45 000 arrivées illégales sur le territoire en 2022.
Visa plus coûteux, salaire plus élevé
Parmi les mesures annoncées, on compte une augmentation du salaire minimum requis pour obtenir un visa. En effet, c’était une mesure phare du Brexit visant à instaurer un système de visa similaire à celui de l’Australie, fonctionnant par un système de points. Ce système vise à attirer les migrants susceptibles d’occuper des postes en tension au Royaume-Uni, notamment dans le secteur de la santé.
Cette augmentation intervient, alors que le Gouvernement britannique avait déjà resserré la vis pour les visas étudiants.
Par ailleurs, le salaire minimum requis pour obtenir un visa n’était déjà pas à la portée de tous, mais l’augmentation prévue rend la demande de visa impossible pour une personne avec un salaire bas à moyen. Le salaire minimum requis pour obtenir un visa de travail passera à 38.700 livres sterling (45.160 euros), contre 26.200 livres actuellement, soit une augmentation de 47%.
Cette augmentation intervient, alors que le Gouvernement britannique avait déjà resserré la vis pour les visas étudiants. Les étudiants ne pourront désormais plus faire une demande de regroupement familial, sauf dans des cas exceptionnels. De plus, les étudiants (européens compris) souhaitant étudier au Royaume-Uni devront s’acquitter, à partir de janvier, d’une participation de 1.035 livres (1.200 euros) pour avoir accès au système de santé publique, le NHS, ce qui devrait, selon le ministre de l’Intérieur, James Cleverly, permettre d’engranger « en moyenne 1,3 milliard de livres pour les services de santé de ce pays ». Il s’agit d’une augmentation de 66% du montant de la participation, qui est actuellement de 624 livres.
Fin du regroupement familial
L’objectif affiché est donc de renflouer les caisses du NHS qui en ont bien besoin. Mais il s’agit en fait d’un retournement de veste de la part du Gouvernement conservateur qui avait promis de renflouer les caisses du NHS avec le Brexit, notamment par le désengagement financier du Royaume-Uni de la caisse commune de l’Union Européenne.
Si les salariés du secteur de la santé ne sont pas concernés par le salaire minimum requis pour un visa, ils ne pourront plus, comme les étudiants, faire une demande de regroupement familial.
Si les salariés du secteur de la santé ne sont pas concernés par le salaire minimum requis pour un visa, ils ne pourront plus faire une demande de regroupement familial.
Cette clause inquiète fortement les associations qui représentent le NHS, comme le NHS Providers. Ce dernier juge « profondément préoccupants » ces changements qui risquent de dissuader des salariés du secteur d’essayer de venir au Royaume-Uni. L’association Care England a, quant à elle, rappelé que l’immigration avait « sauvé le secteur ».
Pour l’opposition travailliste, il s’agit en tout cas d’un aveu d’échec total, soulignant le désespoir du parti conservateur, en difficulté dans les sondages et qui s’apprête à perdre les prochaines élections générales prévues au printemps.
Léna Job (à Londres)