COLERE DES AGRICULTEURS EN FRANCE

Colère des agriculteurs : d’actions départementales à une mobilisation nationale

bePress Photo Agency / BOURGUET

Dans l’après-midi de ce lundi 29 janvier, faisant suite à l’appel des organisations syndicales nationales, les agriculteurs ont pris possession de 16 axes routiers franciliens menant à la capitale. Autour de Paris, 8 points de mobilisation ont été désignés afin de mener une opération baptisée « l’encerclement de Paris ». Nous nous sommes rendus au point le blocage de l’autoroute A1, à hauteur de l’aire de Chennevières. Sur place, près de 350 agriculteurs des environs avaient déjà pris possession des lieux et nous annonçaient l’arrivée, dès le lendemain, de renforts, en provenance des départements de la Somme, de l’Aisne et du Val-d’Oise mais aussi de la Manche. Déçus par la déclaration de politique générale du Premier ministre, Gabriel Attal, prononcée ce mardi 30 janvier à l’Assemblée nationale, certains manifestants envisagent de poursuivre la manifestation jusqu’au marché de Rungis.

Une première action symbolique à l’échelle nationale

La genèse du mouvement remonte à fin octobre 2023 lors d’un appel de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA) au travers de l’action communément appelée « On marche sur la tête ». Cette initiative nationale non violente, traduite par le retournement des panneaux dans les villes pour dénoncer les injonctions contradictoires du gouvernement mais aussi attirer l’attention de leurs concitoyens sur l’inflation des prix, l’inflation des normes, l’inflation de la bureaucratie.

La première prise de parole d’Attal pas convaincante

Les annonces du Premier ministre de ce vendredi 26 janvier étaient tout à fait insuffisantes nous déclare monsieur Damien Greffin, président de la FNSEA-Ile-de-France.  « Cette fameuse déclaration de Gabriel Attal a été très mal perçue par le monde agricole. Le manque d’empathie certain du Premier Ministre n’a fait qu’attiser le feu. Le Premier Ministre, qui est un technocrate, a tenu des propos alambiqués, à la limite de la compréhension », nous précise-t-il.

Le manque d’empathie certain du Premier Ministre n’a fait qu’attiser le feu.

Il souligne également que plusieurs tentatives, qu’il qualifie de « macroniennes », ont voulu enjamber les corps intermédiaires que représentent les délégations syndicales « en allant finalement discuter, négocier, directement sur un point de barrage avec les représentants locaux… sans finalement régler le problème des agriculteurs français ».

Toujours selon Damien Greffin, il est certain que le mouvement est en difficulté car le gouvernement ne cherche pas à activer très rapidement une sortie de mobilisation. Les négociations de la veille n’ont de fait pas abouti.  Preuve en est, « aucune déclaration des deux présidents, Arnaud Rousseau pour la FNSEA et Arnaud Gaillot pour les Jeunes Agriculteurs n’a été publiée. Tout comme le gouvernement ne s’est exprimé ».

Des espoirs réduits à peau de chagrin

Ce mardi 30 janvier, premier jour de mobilisation nationale des organisations syndicales, était un jour très attendu par les agriculteurs mais aussi par le nouveau et jeune Premier ministre Gabriel Attal qui devait prononcer son discours d’investiture à l’Assemblée nationale.

Les jours précédents, une liste de 140 revendications a en effet été remise au gouvernement. Or, lors de sa déclaration, le Premier ministre n’a fait aucune mention de ladite liste alors que les doléances ne concernent que des réglementations et exigences de la République.

Le mot d’ordre reste de maintenir la pression dans le respect des biens et des personnes.

La frustration et la colère se sont directement exprimées et Damien Greffin, a rappelé aux manifestants  que « le mot d’ordre reste de maintenir la pression dans le respect des biens et des personnes ».  Il a précisé que les deux présidents des organisations syndicales ont demandé aux représentants départementaux de « durcir le mouvement car le compte n’y était pas ! »

Il déclare que des négociations ont repris et il demande la confiance des agriculteurs envers leurs organisations. « Si vous croyez en votre métier, en la défense de notre métier et à l’avenir de nos jeunes, je pense que ça vaut le coup de livrer ce bras de fer » conclut-il.

La sagesse l’emportera-t-elle sur la frustration ? Rien n’est moins sûr, certains envisageant déjà de lever le camp, trop statique à leur goût, pour poursuivre la route avec leurs tracteurs jusqu’au marché de Rungis.

I.R. (Sur l’aire de Chennevières)