UNE JOURNEE AVEC UN ASTRONAUTE BELGE

L’astronaute Dirk Frimout à l’école communale de Bosson/ Ferrières : « Les élèves ont eu des étoiles plein les yeux »

Les 200 élèves de l’école ont pu discuter pendant 3h avec l’ancien astronaute belge, (à gauche sur la photo). Loris Demarteau

vendredi 5 avril, les élèves de l’école communale de Bosson, située dans le centre de Ferrières ont reçu la visite de l’ancien astronaute Dirk Frimout, premier Belge à avoir voyagé dans l’espace. Une rencontre inoubliable où les enfants en ont appris davantage sur la vie et l’expérience unique de cette légende du monde spatial.

C’est sans sa tenue d’astronaute, mais avec beaucoup de simplicité et d’humilité que Dirk Frimout s’est rendu à Ferrières, vendredi 5 avril, pour échanger avec les élèves de la 3e à la 6e primaire lors de deux animations séparées. L’opportunité pour eux d’en découvrir un peu plus sur l’homme qui a marqué, à tout jamais, l’histoire aérospatiale de la Belgique, lors d’un échange questions-réponses. Une venue rendue possible grâce au Ferrusien Pierre-Emmanuel Paulis et au Liégeois, Christophe Collette, tous deux employés à l’Euro Space Center et amis de l’astronaute belge.

Découverte du monde spatial

Très vite, les deux hommes sont rentrés en contact avec Dominique Morelle, le directeur de l’école communale de Bosson afin de mettre sur pied l’événement. « Depuis 2004, et ce, tous les deux ans, nos élèves de 5e et 6e année se rendent à l’Euro Space Center pour découvrir les coulisses de la vie de cosmonaute. Avec des retours positifs de la part des enfants et instituteurs d’année en année, nous avons décidé d’innover et d’accueillir un astronaute au sein de notre établissement », souligne le directeur, Dominique Morelle, tout en étant conscient de la complexité d’organiser une telle rencontre. « Au début, on n’y croyait pas trop. C’était du domaine du rêve et de l’utopie, mais au moment où j’ai enfin eu la confirmation définitive de sa venue, j’ai explosé de joie », sourit-il.

Au début, on n’y croyait pas trop. C’était du domaine du rêve et de l’utopie, mais au moment où j’ai enfin eu la confirmation définitive de sa venue, j’ai explosé de joie.

Durant plusieurs semaines, les enseignants ont consacré certains cours à la découverte du monde spatial, en vue de préparer, au mieux les élèves. « Nous avons diffusé aux enfants plusieurs vidéos du système solaire et du décollage de la fusée à bord de laquelle Dirk Frimout a contemplé l’espace. Ils étaient très intéressés et empreints de curiosité. Nous avons, ensemble, dressé une liste de questions à poser à l’astronaute », précise Justine Gérôme, institutrice à l’école du Bosson. Une initiative saluée et encouragée par le bourgmestre de Ferrières, Frédéric Léonard. « C’est un honneur d’accueillir une telle personnalité dans notre commune, pour une visite pédagogique. J’avais suivi de près à la télévision son épopée spatiale dans les années 90, comme une grande partie des Belges de l’époque », se réjouit-il.

Une école en effervescence

Pour l’occasion, l’école tout entière s’est mise à l’heure de la conquête spatiale. Des banderoles avec des photos de l’astronaute, des dessins, des drapeaux, des fusées miniatures et même des objets spatiaux de collections jalonnent les couloirs et les salles de classe. « Les élèves avaient vraiment à cœur d’apporter leur pierre à l’édifice. Ils étaient motivés pour rendre cette journée magique. Certains ont même sorti de leurs armoires, leurs vêtements à motifs d’engins spatiaux et lettrés NASA », renchérit Justine Gérôme, institutrice.

Je n’ai jamais rien lâché, il y a énormément d’imprévus et d’inconnues dans ce métier.

Malgré leur jeune âge, la plupart des enfants connaissaient déjà le cosmonaute : « J’ai déjà participé à plusieurs ateliers liés au domaine de l’espace. C’est mon grand frère qui m’a parlé pour la première de lui, avec la chanson des Snuls qui lui est consacrée », raconte Siméon, 10 ans. Eva, elle, trouve que Dirk Frimout a bien changé depuis les images diffusées sur les chaines de télévision en 1992, lors de son atterrissage au Kennedy Space Center, à Cap Canaveral.

Une vie d’astronaute

Dirk Frimout est venu dans le Condroz avec de nombreux souvenirs de son expérience spatiale, vécue il y a déjà 30 ans. Au départ, il était réserviste et n’était pas prévu dans l’équipage initial de la mission Atlantis STS-45. Le cosmonaute belge a bénéficié des problèmes de santé de son collègue américain Michael Lampton pour rejoindre la mission. « Je n’ai jamais rien lâché, il y a énormément d’imprévus et d’inconnues dans ce métier. Tout s’est joué à peu de choses, mais j’ai toujours cru en mes rêves les plus fous » précise l’astronaute belge de 83 ans, devant les élèves émerveillés.

L'ancien astronaute belge a pris le temps de dédicacer les affiches réalisées par les enfants. Crédit: Loris Demarteau

 

Selon Christian Collette, proche de l’ancien astronaute, Dirk Frimout, avait plus de chances de gagner au Lotto que de s’envoler à 28.000 km/h dans l’espace. Durant la discussion, le spationaute s’est livré à plusieurs explications précises et vulgarisées concernant sa vie en apesanteur. « Nous utilisions des bombonnes d’oxygène pour respirer et récupérons de l’air en mélangeant plusieurs composants chimiques. Il n’est pas optimal de tomber à court d’oxygène dans la station spatiale internationale, puisqu’il faut 22 minutes pour que l’information arrive sur terre via les liaisons radiophoniques », a-t-il raconté, sous le regard médusé des enfants.

Le seul regret que j’ai aujourd’hui, c’est de ne plus marcher sur le plafond.

L’ancien astronaute ajoute également que le travail d’équipe et une bonne coordination des mouvements sont essentiels pour mener à bien la mission. L’apesanteur, elle, modifie totalement les réflexes et les habitudes. « L’ensemble des objets présents au sein des engins spatiaux sont attachés à l’aide de velcros. Sinon, ils flottent et peuvent nous heurter à tout moment. Lorsque l’on remet les pieds sur terre, tout s’inverse et des problèmes d’équilibre peuvent survenir. Le seul regret que j’ai aujourd’hui, c’est de ne plus marcher sur le plafond », ajoute Dirk Frimout sur le ton de l’humour. Face aux nombreuses anecdotes racontées, les élèves restent bouche bée. « Les enfants sont fascinés par les détails évoqués par Monsieur Frimout, avec un tel réalisme que l’on s’y croyait, comme si c’était hier. Les élèves ont eu des étoiles dans les yeux toute la journée », note le directeur de l’école communale.

Créer des vocations

La venue de l’ancien astronaute à Ferrières a aussi pour objectif de faire naître des vocations chez les élèves. « Son parcours exceptionnel permet de valoriser les métiers techniques liés directement et indirectement au monde spatial. Les astronautes ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Il y a beaucoup de postes de l’ombre, qui sont essentiels à la mise sur pied d’une expédition astronomique. Il n’existe pas de formation précise pour devenir astronaute. Un passage obligé par une formation en ingénierie et de la ténacité sont primordiaux pour réussir dans ce domaine. Il ne faut rien lâcher », poursuit Christian Collette, proche de l’ancien astronaute.

L’ancien astronaute belge, habillé en jaune, a pris la pose avec les élèves de 5e et 6e primaire. Crédit: Loris Demarteau

Ce dernier encourage les femmes à rejoindre ce métier, majoritairement composé d’hommes. « La NASA a toujours essayé de former des équipes mixtes. Cependant, les dames sont plus timides et hésitent parfois à poser leur candidature », conclut-il. La très médiatisée mission Soyouz MS-03, de novembre 2016 à juin 2017 et composée du Français, Thomas Pesquet, contribue également à créer des vocations auprès des jeunes. Désormais, les espoirs sont rassemblés sur les épaules du Belge Raphaël Liégeois. Et qui sait, peut-être l’un des élèves de l’école communale de Ferrières sera l’un des futurs espoirs de notre pays. En tous cas, lorsque Dirk Frimout a demandé aux enfants s’ils voulaient devenir astronautes, la moitié a levé le doigt…

Loris Demarteau