QUEL BILAN POUR LES JO DE PARIS

En attendant les Jeux paralympiques, quel bilan pour les JO de Paris 2024 ?

L'athlète belge Nafissatou Thiam (au centre) porte le drapeau national belge lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, le dimanche 11 août 2024 à Paris, en France. BELGA

Ce devait être mission impossible. Paris et la France l’ont fait. Pendant seize jours (du 26 juillet au 11 août), avec les 33ème Jeux olympiques d’été, ce fut une fête à tous les étages. Le monde entier a eu les yeux tournés vers l’Hexagone, devenu alors terre de sports et de fraternité comme le souhaitait, en 1894, le baron Pierre de Coubertin dans son discours à la Sorbonne pour relancer les JO. Ce dimanche 11 août 2024, après l’extinction de la flamme au Jardin des Tuileries, Paris a clôturé ce rendez-vous olympique par une cérémonie festive au Stade de France qui a laissé la plus grande partie aux sportifs et transmis le drapeau à Los Angeles qui accueillera les JO du 14 au 30 juillet 2028. En ce jour d’après et en attendant les Jeux Paralympiques (28 août-8 septembre 2024), c’est déjà le moment des leçons à tirer, à retenir…

Sport. L’avis est unanime : la fête fut belle, d’autant que certaines compétitions étaient organisées dans le décor de monuments parisiens, comme l’escrime ou le taekwondo au Grand Palais, les sports urbains sur la Place de la Concorde ou le cyclisme sur route avec un final étourdissant à la Butte-Montmartre.

Parmi les héros de ces JO, le nageur français Léon Marchand (5 médailles, dont 4 d’or) et son compatriote judoka Teddy Riner, les Américaines Simone Biles (gymnastique) et Katie Ledecky (natation), le sauteur à la perche suédois Armand « Mondo » Duplantis (médaille d’or et record du monde à 6,25m), la Néo-Zélandaise Lisa Carrington (canoë), le Cubain Mijaín López Núñez (42 ans, 5ème titre consécutif en lutte gréco-romaine) ou encore le cycliste belge Remco Evenepoel, vainqueur du contre-la-montre et de la course sur route. Et une mention spéciale pour la Belge Nafissatou Thiam, troisième médaille d’or consécutive en heptathlon.

Deux interrogations au lendemain de ces JO parisiens : le breaking a-t-il vraiment sa place dans un rendez-vous olympique ? Le dopage a-t-il été absent de ces JO de Paris, surtout au vu de certaines performances ?

Des JO sensationnels pour quel coût et quelles retombées ?

Economie. Lors de la cérémonie de clôture, l’Allemand Thomas Bach, président du CIO (Comité international olympique), a évoqué des « Jeux sensationnels ». En privé, il a toujours soutenu Tony Estanguet, le « patron » du COJOP (Comité organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques), et Anne Hidalgo, la maire de Paris. Ces jours-ci, il s’est félicité de la façon dont la France a tenu le budget, même s’il a plus que doublé en sept ans, d’un prévisionnel de 4,4 milliards d’euros à environ 10 milliards d’euros à la veille de l’ouverture de Paris 2024. Selon le quotidien « Les Echos » rapportant une prévision de la Banque de France, « l’événement sportif apporterait à l’économie tricolore un surcroît de croissance de 0,25 point au troisième trimestre ».

L’événement sportif apporterait à l’économie tricolore un surcroît de croissance de 0,25 point au troisième trimestre.

Pour le Président de la République, Emmanuel Macron, pas moins de 6 milliards d’euros de retombées économiques sont envisageables. Et de préciser : « Cela ne coûtera rien ou peu de choses aux Français, car ces frais seront couverts par les recettes fiscales et les infrastructures ont vocation à être pérennes. Les Jeux sont financés par les Jeux ». Dans un entretien à « L’Equipe » ce lundi 12 août 2024, Emmanuel Macron assure : « Ceux qui n’ont pas cru dans les Jeux se sont trompés ».

BELGA

Le président français Emmanuel Macron, son épouse Brigitte et le président de Paris 2024 Tony Estanguet photographiés lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024 le dimanche 11 août 2024 à Paris, en France. (BELGA PHOTO JASPER JACOBS).

Quid du bilan en matière de sécurité ?

Sécurité. C’est peu dire que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, était attendu sur le sujet sécuritaire. Il s’agissait tout simplement d’assurer la sécurité du plus grand événement sportif au monde, auquel, folie française (?), on avait ajouté une cérémonie d’ouverture en extérieur sur la Seine ! Et dans les semaines précédant ces JO, demeurait un contexte international tendu, avec des risques maîtrisés (attentats, raid de 300 drones, cyber attaques ou encore le sabotage des trois axes ferroviaires la veille de l’ouverture des Jeux).

Pas moins de 35 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour sécuriser la capitale, auxquels ont été ajouté 10 000 hommes pour le Marathon pour tous (40 000 participants) dans la soirée du 10 août. Au lendemain de ces JO, au ministère de l’Intérieur, on ne cache pas sa satisfaction : pas d’incident notable durant la quinzaine olympique. Et on s’interroge pour l’avenir : comment faire perdurer ce sentiment d’apaisement dans la population. « Ce sera difficile, voire impossible », explique-t-on dans l’entourage du ministre. « Aucun pays au monde ne peut fonctionner ainsi sur le long terme. Parce que cela a un coût : depuis 2017, 18 500 postes de policiers et gendarmes ont été créés. On ne peut faire plus »…

Des JO vraiment verts ?

Environnement. Promis juré, en présentant la candidature parisienne, il était indiqué dans le dossier que « Paris 2024 sera les Jeux les plus verts de toute l’Histoire ». Au lendemain de la cérémonie de clôture, le défi a-t-il été relevé ? Réponse de Benoît Leguet, directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat : « Ces Jeux sont un saut de géant par rapport à ce qu’il s’est fait dans le passé. Tout n’est pas parfait, mais c’est la première marche d’un long escalier ».

Ces Jeux sont un saut de géant par rapport à ce qu’il s’est fait dans le passé. Tout n’est pas parfait, mais c’est la première marche d’un long escalier.

L’objectif affiché était de diviser par plus de deux les émissions de CO2 par rapport aux Jeux de Londres 2012 et Rio 2016, et passer ainsi d’environ 3,5 millions de tonnes équivalent CO2 à 1,58 million tonnes. Le résultat sera connu dans les prochaines semaines, mais déjà un géographe de l’université de Lausanne prévient : « Les Jeux sont un événement trop grand pour être verts »… Et on se consolera avec la baignabilité de la Seine pour le public au printemps 2025…

BELGA

Le Français Valentin Madouas de la Groupama-FDJ, le cycliste belge Remco Evenepoel et le Français Christophe Laporte de l’équipe Visma-Lease a Bike photographiés sur le podium après la course en ligne masculine aux Jeux Olympiques de Paris 2024, le samedi 03 août 2024 à Paris, en France. (BELGA PHOTO DIRK WAEM).

Des JO à des allures politiques aussi

Géopolitique En 1894, proposant de relancer les Jeux olympiques, le baron Pierre de Coubertin imaginait l’événement comme une trêve durant laquelle on déposerait les armes. Avant les Jeux de Paris 2024, Emmanuel Macron a évoqué « la trêve olympique et politique ». Quelques semaines auparavant, le CIO avait décidé de ne pas inviter les Comités olympiques russe et biélorusse suite à l’invasion de l’Ukraine, mais de ne pas léser les athlètes qui n’ont pas fait allégeance aux régimes de Moscou et Minsk et de les accueillir sous une bannière neutre.

Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont envoyé un message très pro-occidental de tolérance, de respect des droits de l’homme, qui véhicule une idée de liberté avant-gardiste à la française et à l’occidentale.

Dans le même temps, des voix ont demandé le retrait de la délégation d’Israël dont le gouvernement, après l’attentat du 7 octobre 2023, a pilonné la bande de Gaza. Les Israéliens sont venus à Paris, sous haute protection policière, il y eut quelques incidents : sifflets lors du défilé sur la Seine, puis pendant leur hymne national, menaces de mort, banderoles anti-israéliennes et gestes antisémites lors du match de football contre le Paraguay… Quelques pancartes « Taiwan » ont été promptement retirées des mains des supporters : ni le nom, ni le drapeau de l’île revendiquée par Pékin ne sont autorisés par le CIO lors des JO…

Pour le chercheur Lukas Aubin, les Jeux olympiques de Paris 2024 ont envoyé « un message très pro-occidental de tolérance, de respect des droits de l’homme, qui véhicule une idée de liberté avant-gardiste à la française et à l’occidentale, qui tranche avec ce qu’on a vu pendant les précédentes éditions. C’était très politique et très assumé »…

Serge Bressan (correspondant à Paris)

 

>Le classement par médailles

(Le classement des nations est établi par le CIO d’abord par rapport au nombre de médailles d’or)

1/ Etats-Unis : 40 médailles d’or, 44 en argent, 42 en bronze. Total : 126

2/ Chine : 40 or, 27 argent, 24 bronze. Total : 91

3/ Japon : 20 or, 12 argent, 13 bronze. Total : 45

4/ Australie : 18 or, 19 argent, 16 bronze. Total : 53

5/ France : 16 or, 26 argent, 22 bronze. Total : 64

6/ Pays-Bas : 15 or, 7 argent, 12 bronze. Total : 34

7/ Grande-Bretagne : 14 or, 22 argent, 29 bronze. Total : 65

8/ Corée du Sud : 13 or, 9 argent, 10 bronze. Total : 32

9/ Italie : 12 or, 13 argent, 15 bronze. Total : 40

10/ Allemagne : 12 or, 13 argent, 8 bronze. Total : 33

(…)

25/ Belgique : 3 or, 1 argent, 6 bronze. Total : 10

 

>Les 10 sportifs les plus titrés à Paris

 

4 médailles d’or

Léon Marchand (France, natation)

3 médailles d’or

Simone Biles (USA, gymnastique)

Lisa Carrington (Nouvelle-Zélande, canoë-kayak)

Torri Huske (USA, natation)

Harry Lavreysen (Pays-Bas, cyclisme sur piste)

Summer McIntosh (Canada, natation)

Mollie O’Callaghan (Australie, natation)

Shinnosuke Oka (Japon, gymnastique)

Si-hyeon Lim (Corée du Sud, tir à l’arc)

Woo-jin Kim (Corée du Sud, tir à l’arc)