EDITO

Après Jürgen Conings, le travail continue

AFP

La traque de Jürgen Conings, le militaire de l’armée belge soupçonné d’accointance avec l’extrême-droite et d’avoir menacé des personnalités dont le célèbre virologue flamand Marc Van Ranst, a donc pris fin ce dimanche. La traque du fugitif a pris fin après 35 jours de recherche et d’une manière particulière : son corps en décomposition a été retrouvé près du bois de Dilsen à Dilsen-Stokkem ; triste fin pour un homme dont la capture vivante aurait pu apporter des réponses à plusieurs questions. On ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour ses proches et sa famille. Mais ce dénouement non souhaité lève un peu la pression sur les équipes mobilisées pour sa recherche. Il apporte aussi un peu de sérénité pour le virologue Van Ranst et sa famille obligés de se cacher pour éviter d’être les victimes d’un militaire animé d’intention funeste à leur égard pour des raisons qu’on ne connaîtra jamais avec précision. Ils vont maintenant recouvrer la liberté.

Comment le militaire Jürgen Conings a-t-il pu passer entre les mailles du filet?

Mais la découverte du corps sans vie de Jürgen Conings ne ferme pas totalement le dossier. Plusieurs interrogations sont encore ouvertes. Le cadavre du militaire a été découvert dans un endroit non loin de la zone où des recherches avaient été effectuées pour le retrouver. Vu les moyens déployés (sa traque a coûté à la Défense au moins 650.000 euros), comment les équipes ont-elles pu passer à côté du fugitif, même sans vie ? Le corps a-t-il toujours séjourné au même endroit ou y a-t-il été transporté ? Il faudra donc établir avec certitude s’il s’agit vraiment d’un suicide ou si une main externe a joué un rôle dans son décès. Au-delà de ces interrogations auxquelles l’enquête devra apporter des réponses, il y a lieu de poursuivre les investigations au sein de l’armée pour savoir avec précision comment le militaire Jürgen Conings a pu passer entre les mailles du filet. Comment a-t-il pu réussir à sortir de l’artillerie lourde des casernes sans que les contrôles et les vérifications n’aient rien décelé ? Y a-t-il eu des complicités ou non ?

Certes, un rapport de l’Inspection générale de la Défense a déjà relevé plusieurs manquements au sein du Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS) (absence à une réunion importante, non-transmission d’informations, etc.), mais il est insuffisant. Le nouveau rapport attendu normalement pour fin juin devrait apporter plus d’éléments de réponses et si des responsabilités sont clairement identifiées, il faudra en tirer les leçons.

La traque de Jürgen Conings a pris fin. Mais son cas renseigne qu’un travail doit être effectué pour éjecter des rangs de l’armée les éléments ayant des penchants pour les idées d’extrême droite. Ils n’y ont pas leur place. Il faut donc y renforcer la sensibilisation des équipes sur l’évolution de notre société devenue de plus en plus diverse, multiculturelle et inclusive. Il faut y resserrer les contrôles aussi. Mais les autorités doivent aussi prêter davantage attention à notre armée pour la doter des moyens nécessaires pour lui permettre de remplir ses missions et de s’occuper de ses hommes. Il faut accorder une attention particulière aux hommes et femmes qui participent à des missions périlleuses afin de les préserver des troubles et des syndromes post-traumatiques.