OPINION

A la mémoire du Commandant Massoud, disparu il y a vingt ans

AFP

Carte blanche.  Honneur et gratitude: un combat pour la civilisation

C’était le 9 septembre 2001 : ce jour-là, il y a vingt ans très exactement, Ahmed Chah Massoud, commandant du Front Islamique et National pour le Salut de l’Afghanistan, était assassiné, deux jours avant les terribles attentats du World Trade Center de New York, par deux terroristes d’Al-Qaïda : deux djihadistes tunisiens, prétendus journalistes, venus expressément, pour l’abattre, de Belgique et, plus précisément encore, du tristement célèbre quartier bruxellois de Molenbeek, d’où, par ailleurs, furent également originaires les multiples auteurs des sanguinaires attentats, dans la soirée du 13 novembre 2015, de Paris et dont l’historique procès, en audiences et assises publiques, vient justement de débuter.

Héros de la résistance contre les soviétiques puis les Talibans

Car l’iconique commandant Massoud, que l’on surnommait également le « lion du Pandjchir » en raison de ses actes de bravoure sur le plan stratégique et militaire, ne fut pas seulement, dans les années 1980, le héros de la résistance contre l’invasion, dans son pays, de l’armée soviétique, qu’il finit par vaincre, à la tête de ses fidèles moudjahidines, au prix d’âpres mais courageux combats. Il fut aussi, et peut-être surtout, celui qui lutta le plus ardemment, et le plus efficacement à la fois, contre ces « religieux » particulièrement fanatiques que sont les talibans, ceux-là mêmes, précisément, qui, après avoir pris Kaboul ce 15 août 2021 suite à la débâcle des troupes américaines, règnent aujourd’hui en maîtres, terrorisant la population et d’abord les femmes, en Afghanistan, où, barbares d’un autre âge, ils viennent d’instaurer, pour le plus grand malheur de ses habitants, l’obscurantiste, cruelle et pseudo loi islamiste de la charia.

Esprit démocratique et homme de paix: un exemple d’humanisme

Ainsi, comment donc, à l’heure où le peuple afghan ploie à nouveau sous l’impitoyable férule de ces fous d’Allah que sont les Talibans, ne pas rendre hommage – l’hommage qui lui est objectivement et sincèrement dû – à ce brave d’entre les braves, véritable esprit démocratique et authentique homme de paix, que fut Ahmed Chah Massoud, mieux connu donc aujourd’hui, après qu’il se soit littéralement sacrifié pour son peuple, sous le légendaire nom de « Commandant Massoud » ?

photo rare, provenant de la famille Massoud

Massoud au Pandjchir, de père en fils: honneur, gratitude!

C’est, du reste, son propre fils, le jeune mais vaillant Ahmad Massoud, qui, prenant lui aussi exemple sur son admirable père, a repris aujourd’hui, dans cette même vallée du Pandjchir, seule portion territoriale d’Afghanistan qui soit encore relativement libre, les aguerries et nécessaires rênes de la Résistance aux Talibans. Honneur, donc, lui soit rendu, avec, de surcroît, toute notre gratitude !
Car ce n’est pas seulement pour la liberté de son pays, ni pour la dignité de son peuple ou la sauvegarde de sa culture, qu’il se bat là, animé ainsi, lui aussi, par cette inébranlable foi en l’homme qui caractérisa jadis si bien, pour le meilleur au sein de l’humanité, son illustre père. Ahmad Massoud, qui porte chevillée à son corps tout autant qu’à son âme la glorieuse mémoire de son père, se bat également aujourd’hui, et peut-être surtout, pour la civilisation en son ensemble : cette civilisation qui, en Occident comme en Orient, fonde, par-delà les différences de croyance ou de nationalité, tout humanisme digne de ce beau nom.

Zindabad Afghanistan !  (Vive l’Afghanistan libre!)

Gloire, donc, à Massoud, père et fils : ces deux braves aves lesquels il me vient aujourd’hui l’irrésistible envie de clamer aussi haut et fort, comme un seul homme avec ce nouveau peuple martyr mais non point soumis, « Zindabad Afghanistan ! » : un cri de ralliement et, espérons-le, de future victoire, signifiant, en bon français, « Vive l’Afghanistan ! »
Oui : vive l’Afghanistan libre, moderne, tolérant et démocratique !

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, auteur, notamment, de « Requiem pour l’Europe – Zagreb, Belgrade, Sarajevo » (Ed. L’Âge d’Homme »), « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (Presses Universitaires de France), « Lord Byron » (Gallimard-Folio Biographies), « Manifeste Dandy » (Ed. François Bourin/Les Pérégrines), « Le Testament du Kosovo – Journal de guerre » (Editions du Rocher), « Traité de la mort sublime – L’art de mourir, de Socrate à David Bowie » (Alma Editeur), « Divin Vinci – Léonard de Vinci, l’Ange incarné » et « Gratia Mundi – Raphaël, la Grâce de l’Art » (publiés aux Editions Erick Bonnier), « L’Ivresse artiste – Double portrait : Baudelaire-Flaubert » et « Le meilleur des mondes possibles » (publiés chez Samsa Editions et coécrit avec Robert Redeker, Elsa Godart et Luc Ferry).