SOCIETE

Squid Game : condamné à mort pour avoir importé la série en Corée du Nord


La première saison de Squid Game est définitivement la plus visionnée au monde sur Netflix. Le synopsis : des personnes en difficultés financières sont invitées à une mystérieuse compétition de survie. 456 participants à un jeu sont condamnés à jouer. À la clé, pour le gagnant, une somme d’argent. Tous les perdants sont quant à eux exécutés. La production à mi-chemin entre Hunger Games et Black Mirror s’offre un rayonnement international, sauf chez son plus proche voisin, la Corée du Nord, où les productions occidentales sont formellement interdites. Un homme vient d’en faire les frais. Il a été condamné à mort pour avoir introduit des copies de la série dans le pays, rapporte Radio Free Asia.

La série sud-coréenne à succès est le pure produit de la « hallyu », soit la promotion de l’industrie culturelle et artistique à l’étranger menée par l’Etat sud-coréen. Allégorie du néo-libéralisme, marquée par une violence extrême sur fond de jeux pour enfants, elle est interdite de diffusion en Corée du Nord. En 2020, le régime a voté une loi relative à « l’élimination de la pensée et de la culture réactionnaire ». Elle prévoit une peine maximale de mort pour l’observation, la conservation ou la distribution de médias provenant de pays capitalistes, notamment de Corée du Sud et des États-Unis. Si les programmes sud-coréens sont particulièrement perçus comme des objets de propagande, Squid Game n’est pas tendre avec le régime nord-coréen.

Le personnage qu’incarne Jung Ho-Yeon est celui d’une Nord-Coréenne venue se réfugier avec son petit frère à Séoul pour vivre une vie loin de la dictature. Elle participe à ce jeu sordide pour obtenir l’argent nécessaire à la traversée de ses parents et l’intrigue laisse à penser que la perspective de libérer sa famille de cette oppression du régime vaut bien son sacrifice.

Un homme, sept lycéens et une clé USB

Au total, sept adolescents ont été interpellés par les autorités de censure de la province du Hamgyong du Nord. L’étudiant qui a acheté la clé USB contenant la série et les six élèves qui l’ont regardées avec lui. Le premier est condamné à la prison à perpétuité et ses camarades ont été condamnées à cinq ans de travaux forcés.
L’homme qui a introduit clandestinement  Squid Game dans le pays sera quant à lui exécuté par un peloton d’exécution. Considérant que l’éducation des élèves a été négligée, des enseignants et le directeur de l’école ont également été licenciés. Ils seront déportés vers des mines éloignées pour servir d’exemples. En avril dernier, un homme avait déjà été exécuté pour avoir importé des CD et clés USB contenant des films et des séries télévisées sud-coréennes. Mais c’est la première fois que le gouvernement applique de telles sanctions à l’égard de mineurs d’âge.

Les premières d’une longue série ?

Le monde dystopique de Squid Game trouve apparemment un écho tout particulier chez les Nord-Coréens qui ont pour la plupart des professions risquées et des positions financières précaires.
Selon une enquête réalisée par Unification Media Group, un consortium de médias indépendants basés à Séoul, et menée auprès de 200 évadés nord-coréens vivant à présent en Corée du Sud, 90% des personnes interrogées ont déclaré avoir consommé des médias étrangers alors qu’elles vivaient encore au Nord et 75% d’entre elles ont dit connaître quelqu’un qui avait été puni pour cela. Plus de 70% ont également déclaré que l’accès aux médias étrangers était devenu plus dangereux depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong Un en 2011. Avec l’engouement planétaire de Squid Game et la préparation d’une saison deux, d’autres arrestations seront sans doute inévitables.