OPINION

Notre résilience post-covid ? Sortir de la dystopie du désastre


Que fait-on un premier janvier, généralement synonyme d’un lendemain de veille ? On se love dans son canapé, les pieds sous la couette et l’esprit en mode détox. L’occasion idéale de faire le bilan d’une année 2021 aux saveurs conjoncturelles amères qui ne demande qu’à s’effacer discrètement afin d’imaginer avec optimisme tous les possibles pour l’an neuf. Netflix dessine les contours de cet arrêt sur image. Et c’est « Don’t Look Up » qui s’impose à l’écran.

Le synopsis : persuadés qu’une météorite s’apprête à détruire la Terre, deux astronomes se lancent dans une tournée médiatique pour prévenir leurs semblables de la probable fin du monde à court terme. Mais personne ne les écoute, ni les politiques, ni les scientifiques. Le déni est cosmique. S’y ajoute un cirque médiatique dont seule l’audience guide avec outrance les priorités. Particulièrement cynique et grinçante, la comédie satirique nous pose en spectateur d’une société en déliquescence. Le scénario grand-guignolesque jette une lumière crue sur le malaise de notre civilisation, celui qui se révèle quand nous nous confrontons à l’absurde, sans pouvoir y réagir ou en changer le cours.

Terriblement révélatrice, la concordance avec notre actualité est troublante. La crise du coronavirus est l’astéroïde qui nous menace. La pandémie a déclenché des peurs provoquant des perturbations d’une ampleur sans précédents. Elle a finement mis en orbite un repli sur soi se structurant sur tous les fronts, politiques, économiques et sociaux. Elle a contribué à un bouleversement mondial aux répercussion dangereuses sur le plan géopolitique, tout en suscitant de vives inquiétudes quant à l’extension de l’intrusion technologie dans nos vies.

Le but ici n’est pas de minimiser une certaine réalité ou une réalité certaine. La maladie est insolente et maîtriser la propagation du Covid-19 demeure une équation à plusieurs inconnues. La stratégie du choc est la démarche des promoteurs d’une fin de notre bonne santé. Depuis deux ans, ils en agitent le spectre. L’hygiénisme et les mesures sanitaires contradictoires s’accumulent. L’épuisement intérieur de chacun est la résultante de cette psychose collective. Et l’apathie nous gangrène. Elle nous fait oublier que le sinistre d’une mort programmée de nos fondamentaux nous engourdi bien plus que le virus.

Bilan sanitaire dressé, le déni de démocratie est la véritable apocalypse qui nous hante. Et cette catastrophe-là ne nous est pas comme telle annoncée. Devons-nous pour autant être des imbéciles heureux ? Certaines variables se doivent d’être ajustées. Plutôt que de poursuivre dans une voie mortifère, le bon sens devrait nous inviter à adopter un prisme renouvelé en lecture. A la dystopie du désastre, d’autre options sont permises. Ne serait-il dès lors pas temps que notre capacité de réflexion nous donne à penser le grand reset ? Ne serait-il pas temps de brancher la prise de conscience ? Parce que lorsque la priorisation des enjeux d’un corps social n’existe plus, la pensée disparaît dans les limbes d’une véritable fin. « A force de tout supporter, on finit par tout tolérer. A force de tout tolérer, on finit par tout accepter. A force de tout accepter, on finit par tout approuver » (Saint-Augustin – Lecture au peuple de France). A méditer par les temps qui courent.

 

Alessandra d’ANGELO