EDITO

Footbelgate : l’image ternie du ballon rond belge

Le président du Standard Bruno Venanzi (à gauche) et le président du Club Bart Verhaeghe (à droite) photographiés après un match de Jupiler Pro League entre les deux équipes à Liège. BELGA

Après des mois d’investigations, la justice belge vient de dresser son réquisitoire renvoyant pas moins de 57 acteurs du football devant le tribunal correctionnel dont 56 personnes physiques et une personne morale. Au départ, les soupçons pesaient sur 73 personnes. La fuite de l’information dans la presse vendredi a provoqué un sérieux cataclysme dans le football belge car de grands noms de dirigeants de clubs et d’arbitres figurent parmi les suspects que le parquet fédéral veut poursuivre. L’enquête a pris du temps : 39 mois au total ! Et au bout du compte, des dirigeants de clubs, des agents de joueurs ou des arbitres qui, jusqu’à présent jouissaient d’une respectabilité, voient leurs noms désormais associés à des comportements ou des pratiques détestables : blanchiment d’argent, corruption et matchs truqués. Rien que ça !

Il a fallu la contribution de l’ex-agent de joueurs, Dejan Veljkovic, premier citoyen belge à bénéficier du statut de « repenti » pour permettre aux enquêteurs et au parquet fédéral de démonter les pièces d’un mauvais spectacle. Dans la liste de ceux que le parquet fédéral veut renvoyer en correctionnelle, on retrouve des noms connus de chaque côté de la frontière linguistique et à Bruxelles :  Bruno Venanzi (président du Standard), Olivier Renard (ex-directeur sportif du Standard), Mehdi Bayat et Pierre-Yves Hendrick (administrateur-délégué et directeur administratif du SC Charleroi), Johan Van Biesbroeck (CEO Anderlecht), Bart Verhaeghe et Vincent Mannaert, président et manager général du FC Bruges, Michel Louwagie, manager de La Gantoise.

Des acteurs qui ne sont officiellement plus actifs dans le milieu sont également inculpés : Herman Van Holsbeeck (ex-manager d’Anderlecht), Johan Timmermans (ex-président du FC Malines), Patrick Janssens (ex-directeur général de Genk) ou encore François De Keersmaecker et Steven Martens, ex-président et ex-secrétaire général de l’Union belge.

Figurent sur le banc des inculpés, des agents de joueurs connus notamment Mogi Bayat et Uros Jankovic (partenaire de Veljkovic), des entraîneurs (Peter Maes, Ivan Leko, Glen De Boeck et Yannick Ferrera) et d’anciens arbitres (Sébastien Delferière et Bart Vertenten).

Depuis l’affaire du match truqué entre le Standard de Liège et le petit club flamand de Waterschei sur fond de corruption de joueurs en 1982, aucune affaire d’une telle ampleur n’a autant secoué le football belge.

Désormais, leurs avocats respectifs vont pouvoir avoir accès au dossier et demander des devoirs complémentaires, vérifier si l’enquête a bien été menée à charge et à décharge. La chambre du conseil devra se prononcer et on saura si elle suit totalement ou partiellement le parquet fédéral dans son analyse du dossier et si elle maintient la liste dressée. Le processus va donc jouer les prolongations pendant encore plusieurs mois. Depuis l’affaire du match truqué entre le Standard de Liège et le petit club flamand de Waterschei sur fond de corruption de joueurs dans le but d’assurer au club liégeois un nouveau titre de champion de Belgique en 1982, aucune affaire d’envergure n’a autant secoué le football belge.

Au-delà de la mauvaise étiquette qui va être désormais accolée aux inculpés d’ici les débats en chambre du conseil et au procès qui suivra, c’est tout le football belge qui se retrouve éclaboussé par des pratiques et des comportements qui n’ont pas leur place dans le milieu du ballon rond, ni ailleurs. Certes les inculpés sont toujours présumés innocents jusqu’à ce qu’intervienne un jugement, mais comment peut-on expliquer ce genre de pratiques dans un milieu qui brasse autant d’argent. La cupidité, l’appât du gain, l’appétit du vice ou le goût d’une insolente richesse ? A chacun d’avoir son interprétation du dossier. En attendant, les inculpés risquent de traîner cette affaire comme un boulet susceptible de les handicaper dans leurs missions respectives. Que vont-ils décider maintenant ? Attendons de voir…