ENERGIE

Prolongation du nucléaire : l’heure est venue pour Engie de poser ses conditions


Engie, le producteur et fournisseur ne s’engagera dans une prolongation du nucléaire jusqu’en 2035 que « dans le cadre d’une approche équilibrée de partage des risques, avec un dispositif réglementaire défini, stable et viable pour l’investissement requis, comprenant également un cadre clair pour le démantèlement et la gestion des déchets nucléaires ». Voilà ce qu’à fait savoir, ce matin, la  maison-mère d’Engie Belgique, à l’occasion de la publication de ses résultats financiers trimestriels.

Pour rappel, le 18 mars dernier, le gouvernement fédéral actait la prolongation de la durée de vie de certains réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3 jusqu’en 2035. Après des mois de tergiversations sur la question, Engie devait dès lors faire face à une forme de politique de la marche-arrière.

« Cette décision exigerait qu’Engie proroge son rôle d’exploitant nucléaire pour une période beaucoup plus longue que prévu. Engie contribue à cette réorientation et travaille avec le gouvernement pour étudier la faisabilité et les conditions de mise en œuvre de ce nouveau scénario », commente Engie par voie de communiqué, ce matin.  Rappelant dans la foulée avoir déjà indiqué au politique que cinq années seront nécessaires pour l’exécution d’un tel scénario.

Rien de possible avant 2027

Fin mars dernier, Thierry Saegeman, CEO d’Engie Belgique avait prévenu que la décision tardive du gouvernement de prolonger les centrales nucléaires les plus récentes impliquait que celles-ci ne pourraient être opérationnelles qu’en 2027. Elles devront en outre probablement être mises à l’arrêt entre 2025 et 2027 pour les travaux d’adaptation. Les travaux de prolongation devront être réalisés alors même que le démantèlement des unités adjacentes aura déjà commencé et que d’autres unités adjacentes seront encore en exploitation.
« Compte-tenu de son ampleur, cette prolongation potentielle présenterait un profil de risque qui s’étend au-delà des activités normales d’un opérateur privé », estime Engie.

Le rapport trimestriel sur la table

C’est précisément dans le cadre de la publication de son rapport trimestriel, qu’Engie a tenu à faire le point sur le projet de sortie du nucléaire en Belgique avant d’aborder son plan performance. Le groupe a ainsi fait savoir que ses actifs nucléaires en Belgique ont atteint un niveau élevé de disponibilité de 91 %.
Ce niveau est légèrement inférieur à celui du premier trimestre 2021 (95 %) en raison de maintenances planifiées plus importantes, mais témoigne toutefois de l’excellence opérationnelle en matière d’exploitation. L’EBIT du Nucléaire s’est élevé à 583 millions d’euros au premier trimestre 2022. Cette performance s’explique par des prix captés beaucoup plus élevés, dont l’effet a été partiellement compensé par l’augmentation des taxes spécifiques aux centrales en Belgique et la baisse des volumes produits.

ENGIE

En outre, Engie a maintenu sa dynamique d’amélioration de la performance avec la mise en œuvre de son plan de performance qui se concentre sur l’excellence opérationnelle, les entités déficitaires et l’optimisation des coûts. Avec une contribution nette à l’EBIT de 68 millions d’euros au cours du trimestre, le plan de performance est en ligne avec les attentes pour l’année 2022.
Le chiffre d’affaires s’est établi à 25,6 milliards d’euros, en hausse de 85,0 % en brut et 84,4 % en organique. L’EBITDA s’est établi à 4,6 milliards d’euros, en hausse brute de 49,0 % et de 50,7 % en organique. L’EBIT, qui s’est élevé à 3,5 milliards d’euros, a enregistré une hausse brute de 74,0 % et de 76,4 % en organique.

A court terme, l’entreprise française entend, prioritairement à « maintenir un niveau de disponibilité opérationnelle élevé, de préparer l’arrêt définitif de Doel 3, dès octobre et Tihange 2 en février 2023 et d’entrer, en même temps dans le processus de révision triennale des provisions nucléaires au cours du second semestre de cette année. Celle-ci tiendra compte de toute mise à jour requise des scénarii techniques et économiques, notamment les coûts, le calendrier et les taux d’actualisation », précise-t-elle encore.