JUSTICE

UN Watch dévoile les tortures « systémiques » pratiquées par les Palestiniens


Dans un rapport remis aux experts de l’ONU, UN Watch, une organisation indépendante de défense des droits humains basée à Genève, dénonce la pratique routinière de la torture par l’Autorité palestinienne et le Hamas sur les militants des droits humains, les femmes, les personnes LGBTQ+, les opposants politiques, les soi-disant « collabos » et les Palestiniens qui vendent leurs terres à des Juifs. Le Comité contre la torture de l’organisation se réunit, ces 19 et 20 juillet, afin d’examiner la façon dont les Palestiniens se conforment à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les experts entendent interroger longuement l’Autorité palestinienne (AP). C’est la première fois depuis que celle-ci a ratifié le traité en 2014.

Tortures systématiques

L’enquête de l’ONG révèle que les traitements cruels, inhumains ou dégradants dans les prisons palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont « systématiques ». Le rapport d’enquête « Torturer les Palestiniens » (Link vers : https://unwatch.org/wp-content/uploads/2022/07/Torturing-Palestinians.pdf) démontre que « Les preuves et témoignages continuent à s’accumuler d’un usage très répandu de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants contre les personnes détenues par les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza », comme le déclare Hillel Neuer, le directeur général d’UN Watch dans un communiqué.

« Jamais de ma vie je n’ai vu une telle brutalité. Les sons des gens criant à l’intérieur du poste de police, à ce jour, je les entends encore », témoigne ainsi Akil Awadah, journaliste. « Ici, nous pouvons te violer, me dit le policier. Je peux t’amener aux hommes pour qu’ils puissent s’amuser avec toi. Je peux aussi amener ta mère et tes sœurs » est un autre de ces témoignages qui s’étirent sur plus de 60 pages de rapport. La torture « routinière » de l’AP comprend des violences physiques et mentales, des coups de fouet aux pieds, des menaces et railleries, l’isolement et le fait de forcer les détenus à se mettre dans diverses positions douloureuses pendant de longues périodes, précise le communiqué.

Torture des LGBTQ+

Selon le rapport, les personnes LGBTQ+ sont victimes « de graves persécutions et d’un phénomène d’ostracisation ». Les Palestiniens homosexuels qui ont réussi à s’échapper racontent les tortures atroces infligées par l’AP et le Hamas, y compris les tentatives, souvent réussies, de leur arracher par la force les noms d’autres homosexuels ou de les marier de force, ainsi que les menaces de mort qui leur sont faites.
« Ils m’ont arrêté, m’ont suspendu au plafond, m’ont passé à tabac et m’ont interrogé pendant cinq jours », raconte un Palestinien homosexuel de Gaza, qui vit à présent en exil en Turquie. « Tout le monde a peur. Certains ont été punis, d’autres ont été tués. D’autres encore se sont suicidés », témoigne un autre homme homosexuel originaire de Gaza.

Torture de militants

Les tortures régulièrement employées comprennent des passages à tabac. En mai 2021, les forces de sécurité de l’AP ont arrêté des douzaines de militants et d’étudiants considérés comme des opposants du régime. Emmenés à la prison de Jéricho, surnommée « l’abattoir », ils ont été accusés de « fomenter un conflit sectaire et racial » et ont été torturés.

Le 24 juin 2021, la mort, alors qu’il était détenu, de Nizar Banat, a déclenché une vague de manifestations en Cisjordanie. La police de l’AP a répondu en arrêtant et en torturant les manifestants, ainsi que des journalistes, des militants issus de la société civile et des avocats. Le Hamas, à Gaza, emploie, lui aussi, de façon régulière la torture. Le militant pour la paix, Rami Aman, détenu par le Hamas pendant plus de six mois en 2020, témoigne également dans ce rapport.

Human Rights Watch appelle les pays donateurs à cesser de financer les forces de l’ordre palestiniennes coupables de tels crimes

Torture des « collaborateurs »

Les Palestiniens accusés de « collaborer » avec Israël sont aussi régulièrement torturés par l’AP et le Hamas. Les formes de torture utilisées sur les détenus comprennent des brûlures des mégots de cigarettes sur leurs corps, des arrachages de dents et des organes génitaux frappés.

En juin 2018, un tribunal israélien a ordonné à l’Autorité palestinienne de verser une somme de 3,5 millions de dollars en compensation à 51 victimes et familles de victimes palestiniennes qui avaient été arrêtées et torturées par l’AP entre 1990 et 2003, pour avoir fourni de l’aide aux forces de sécurité israéliennes afin d’empêcher des attaques terroristes. Et pourtant cette pratique continue.

En mars 2022, Suha Jbara, qui possède la double nationalité palestinienne et américaine, témoigne que des agents de l’AP l’avaient torturée à la fin de l’année 2018 pour avoir « collaboré » avec Israël. « La personne qui menait l’interrogatoire a menacé de me violer et a commencé à me frapper. Il a dit savoir comment me frapper sans laisser de traces sur mon corps. L’interrogatoire et les coups ont duré toute la nuit ».

Une demande de transparence

Au début du mois de juillet, Human Rights Watch (HRW) a également publié un rapport d’enquête indiquant que les autorités palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza torturent systématiquement les personnes détenues. Dans son rapport, HRW appelle les pays donateurs à cesser de financer les forces de l’ordre palestiniennes coupables de tels crimes et exhorte la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter.

Fort de ces deux rapports, Hillel Neuer, le directeur général d’UN WATCH, a demandé au représentant palestinien à l’ONU à Genève, Ibrahim Khraishi, d’être transparent et de faire preuve de franchise lorsqu’il sera interrogé, par le Comité contre la torture de l’organisation, sur l’usage « routinier » de la torture par l’Autorité palestinienne.
« Nous sommes confiants dans le fait que les preuves et les témoignages difficiles que nous avons recueillis aideront le Comité d’experts de l’ONU lorsqu’il examinera si oui ou non, l’Autorité palestinienne a tenu sa promesse d’éradiquer l’usage de la torture ».
C’est ainsi que se terminent les conclusions du rapport d’UN WATCH.

 

Copyright – Rami Aman, un militant palestinien pour la paix, raconte le calvaire de la torture dans les prisons du Hamas, au cours d’une interview sur le toit de sa maison familiale à Gaza, le 10 février 2021 – UN WATCH