SOCIETE

Massacre de Munich : les Championnats sportifs européens 2022 marqués par le souvenir de l’attaque terroriste


Pour la deuxième édition de cet évènement multisports, après Glasgow en 2018, la ville de Munich accueillera du 11 au 21 août, neuf championnats européens. L’événement, qui s’ouvre ce jeudi, commémore également le 50ème anniversaire des Jeux Olympiques de 1972 marqués par le drame de la prise d’otages et la mort d’athlètes israéliens. L’organisation, qui rassemblera, cette année, plus de 4 700 athlètes, est placée sous le signe du souvenir de cet attentat qui a incontestablement marqué l’histoire de l’olympisme. Le 5 septembre 1972, 11 membres de l’équipe israélienne et un agent de police sont tués par l’organisation terroriste palestinienne Septembre Noir. Un drame qui changera à jamais la manière d’aborder la quinzaine olympique d’été.

Les Jeux de Munich ont été les plus importants jamais organisés, avec des records dans toutes les catégories : 195 épreuves et 7.134 athlètes venant de 121 Comités Nationaux Olympiques. Paradoxalement, ils sont aussi marqués par un drame. Le 5 septembre 1972, 8 terroristes palestiniens, représentant le groupe Septembre Noir, font irruption dans le village olympique. Deux membres de l’équipe d’Israël  trouveront la mort et 9 autres seront pris en otages. Cette attaque et son dénouement tragique, sont à l’origine de la pire crise de l’histoire des Jeux.

Prise d’otages

Il est 4h30 du matin, tandis que les athlètes israéliens dorment, huit membres de l’organisation terroriste palestinienne Septembre Noir, vêtus de survêtements afin de se faire passer pour des sportifs et transportant des sacs chargés de fusils d’assaut, de pistolets et de grenades, franchissent grâce à l’aide d’athlètes canadiens, qui les prennent pour des homologues, une clôture grillagée afin de s’introduire dans le village olympique. Ils pénètrent ensuite dans l’immeuble où se trouvent les deux appartements utilisés par la délégation israélienne, soit 21 sportifs et encadrants. Malgré, une courageuse résistance, les terroristes kidnappent 9 athlètes de cette équipe. Les autres membres de la délégation réussissent à fuir en sautant des balcons ou en se cachant dans l’immeuble.

 

Copyright : le tarmac de l’aéroport après l’assaut

Négociations

Malgré la demande israélienne, les autorités politiques allemandes et le Comité olympique refusent d’interrompre les JO dont les épreuves sportives, transmises à la télévision, se déroulent parallèlement aux négociations avec les terroristes. Les terroristes formulent alors leurs exigences : la libération et le passage en Égypte de 236 militants palestiniens détenus en Israël, ainsi que de deux militants de la Fraction Armée Rouge, Andreas Baader et Ulrike Meinhof, détenus en Allemagne. Si leurs revendications ne sont pas suivies d’effet, les terroristes abattront un otage toutes les heures.

La Première ministre israélienne Golda Meir répond immédiatement et très fermement qu’il n’y aura aucune négociation. Afin de montrer leur détermination, les terroristes jettent d’un balcon le corps d’un athlète, Moshe Weinberg.
Une cellule de crise est alors mise en place par le gouvernement ouest-allemand. À 17 heures, les terroristes demandent que soit mis à leur disposition un avion pour se rendre au Caire avec leurs otages. Un transfert avec les otages est organisé par deux hélicoptères vers l’aéroport de la base militaire Fürstenfeldbruck de l’OTAN.

Dénouement

Dans une improvisation qui sera sévèrement critiquée, la police choisit d’intervenir. Vers 23 heures, peu après que les appareils se soient posés sur le tarmac, des tireurs ouvrent le feu et un assaut est déclenché mais les forces de l’ordre ne disposent ni de viseurs de précision, ni de gilets pare-balles, ni de radios opérationnelles.
Dans une grande confusion, trois preneurs d’otages sur huit sont tués, mais les autres parviennent à faire exploser l’un des hélicoptères et à tirer sur leurs prisonniers. Tous sont tués, de même qu’un policier allemand. Trois terroristes survivent et sont interpellés. La fusillade aura duré 75 minutes. Vers minuit trente, le gouvernement allemand annonce la libération des otages et le succès de l’opération avant, une demi-heure plus tard, d’en reconnaitre le fiasco.

Copyright – Le Mémorial en hommage aux victimes – archives www.olympics.com

Les Jeux olympiques sont suspendus pour 24 heures. Une cérémonie à la mémoire des victimes se déroule dans le stade le 6 septembre. Selon le souhait du président du Comité international olympique (CIO), l’Américain Avery Brundage, les compétitions reprendront dès le lendemain. La décision fera couler beaucoup d’encre, même après les cérémonies de clôture du 11 septembre.

Dès les jours qui suivent le drame de Munich, Tsahal, l’Armée de défense d’Israël, déclenche des représailles aériennes contre différents camps palestiniens de Syrie et du Liban, tuant, selon certaines sources, près de 200 personnes dont de nombreux civils.
Sur ordre de la Première ministre Golda Meir, le Mossad organise la traque et l’assassinat de plusieurs Palestiniens présumés impliqués dans la tuerie de Munich. C’est l’opération « Baïonnette », dite aussi « Colère de Dieu », portée à l’écran en 2006 par Steven Spielberg. Elle durera près de vingt ans.

Lors des JO d’été suivants, à Montréal en 1976, des mesures de sécurité exceptionnelles seront adoptées afin d’éviter la répétition d’un attentat de ce genre. Quarante-cinq ans plus tard, un mémorial commémorant les 12 victimes est aussi dévoilé, à Munich, le 6 septembre 2017.