ELECTIONS SERREES AUX PAYS-BAS

Que vont décider les Néerlandais ce mercredi lors des législatives anticipées ?

Le Premier ministre sortant hollandais, Mark Rutte, a voté ce mercredi matin. Il a annoncé son retrait de la vie publique. AFP

Après la chute du gouvernement Rutte IV en juillet dernier à la suite d’une crise de l’asile, les Néerlandais votent ce mercredi 22 novembre afin de désigner les nouveaux parlementaires pour un mandat de 4 ans. Ce sont des élections anticipées, car elles étaient initialement prévues en 2025. Plusieurs questions se posent : est-ce que le Mouvement Paysan-Citoyen de Caroline van der Plas pourrait-il une nouvelle fois créer la surprise comme au Sénat en mars dernier en décrochant de nouveaux sièges ? L’extrême droite de Geert Wilders pourrait-elle gagner les élections ? Ou est-ce que le parti chrétien de Peter Omtzigt, le NSC, pourra prendre une part importante de sièges au Parlement ?

Mark Rutte s’en ira : l’actuel Premier ministre démissionnaire a annoncé en juillet dernier qu’il quittait la vie publique après une présence de 13 ans à la tête du pays dès qu’un nouveau gouvernement sera acté. Conséquence : des élections anticipées se déroulent ce mercredi 22 novembre, alors qu’elles étaient initialement prévues qu’en 2025.

Le gouvernement, composé du VVD, ChristenUnie, CDA et D66, a chuté en raison des divergences entre les partis de la majorité sur le regroupement familial des réfugiés.

Depuis le 7 juillet dernier en effet, c’est un gouvernement démissionnaire qui gouverne le pays. Il était tombé suite à une mauvaise gestion du dossier l’asile.  Une des raisons majeures de la crise résulte de  la surcapacité du centre pour réfugiés de Ter Apel (province de Groningue, proche de l’Allemagne) qui, par ailleurs, cause des nuisances aux habitants de ce village. Il y a eu une nette progression des réfugiés, notamment à cause de la guerre en Ukraine.

Le gouvernement, composé du VVD, ChristenUnie, CDA et D66, a chuté en raison des divergences entre les partis de la majorité sur le regroupement familial des réfugiés. En effet, une proposition du Premier ministre, Mark Rutte, vise à interdire ce regroupement si les personnes ayant fui leur pays d’origine pouvaient y retourner dès que le conflit sur place est  terminé et que la famille possédait des fonds suffisants.

Des élections nécessaires

Pour les Néerlandais, l’asile n’est pas le premier problème que rencontre le pays, car il y a une grave crise du logement : en moyenne, le prix à la vente d’une habitation est de 400 000 euro, la demande étant 9 fois supérieure à l’offre. Il y a également une augmentation du prix des locations, empêchant les jeunes de s’installer et de prendre leur indépendance.

L’augmentation des prix intervient dans un contexte où le coût de la vie est déjà très élevé en raison notamment des factures d’énergie devenues impayables.

Par ailleurs, l’augmentation des prix intervient dans un contexte où le coût de la vie est déjà très élevé en raison notamment des factures d’énergie devenues impayables. La situation renforce le fossé entre les riches et une classe moyenne qui a, de plus en plus, de mal à joindre les deux bouts. Par ailleurs, elle fragilise encore plus les populations qui vivent sous le seuil de la pauvreté (environ 5% de la population).

Le VVD et le PVV probables gagnants

La question de l’immigration a traversé la campagne électorale. Elle est exploitée habilement par certains partis notamment  le parti d’extrême-droite PVV (Partij Voor de Vrijheid / Parti pour la Liberté) de Geert Wilders qui a enregistré une augmentation considérable de son électorat après un débat télévisuel. Il semble avoir convaincu les adhérents du nouveau parti NSC (Nieuwe Sociaal Contract, Nouveau Contrat Social), chrétien-démocrate et socio-conservateur, mené par Peter Omtzigt. Ce dernier est un ancien cadre du CDA (Christen-Democratisch Appèl, Appel Chrétien-Démocrate), parti présent dans le précédent exécutif.

Une coalition n’est pas exclue entre le VVD (Volkspartij voor Vrijheid en Democratie / Parti populaire pour la Liberté et la Démocratie), en tête des sondages, pour former un gouvernement avec le PVV de Wilders. Cette option offrirait au parti d’extrême-droite l’opportunité d’enfin monter dans un gouvernement et d’influencer politique d’immigration. Le VVD de centre-droit est représenté par Dilan Yesilgöz, pressenti pour devenir Première Ministre, à place de Mark Rutte.

Un fort élan de la gauche

À l’autre bout de l’échiquier politique, une alliance est formée entre GroenLinks (Gauche Verte) et le PvdA (Partij van de Arbeid / Parti du Travail) avec à sa tête Frans Timmermans, ancien vice-président de la Commission européenne. Le diplomate, dont l’alliance de gauche arrive en troisième position dans les sondages, a déjà annoncé qu’il refusera toute discussion avec l’extrême-droite, « il y a une limite intérieure que je ne veux pas franchir ».

Le Mouvement Paysan-Citoyen (BBB) a créé la surprise lors des dernières élections provinciales de mars dernier en décrochant 16 des 75 sièges au Sénat batave.

Il faut aussi compter avec les électeurs des partis Volt (parti pan-européen), D66 (Démocrates 66) et SP (Parti Socialiste). Ces trois formations politiques recueillent ensemble 10 à 15% des intentions de votes dans les sondages, tandis que les Verts et les Travaillistes se trouvent au moins à 14%.

La chute du BoerBurgerBeweging

Côté campagne, les agriculteurs hollandais protestent depuis la fin de l’été 2022 avec des drapeaux rouge blanc bleu disposés à l’envers, à cause de la demande du gouvernement Rutte de réduire les émissions d’oxyde d’azote, ce que les agriculteurs refusent. Les agriculteurs se sont tournés le Mouvement Paysan-Citoyen (BBB / BoerBurgerBeweging) de Caroline van der Plas, ancienne journaliste. Le parti a créé la surprise lors des dernières élections provinciales de mars dernier en décrochant 16 des 75 sièges au Sénat batave.

Cependant, de nombreux électeurs se sont sentis déçus par Caroline van der Plas lors d’un débat en septembre dernier au Sénat. Par conséquent, un autre parti,  le NSC de Peter Omtzigt, créé il y a plusieurs semaines et quatrième des sondages, a repris le thème de l’agriculture, c’est aussi le cas du parti plus radical, Belang van Nederland (Importance des Pays-Bas) qui ne devrait récolter qu’un siège au Parlement.

Désormais en mauvaise posture, le BBB, pressenti après les élections du Sénat de mars dernier pour être un mastodonte lors des élections législatives de ce mercredi, ne devrait récolter, selon les sondages, qu’environ 10 sièges sur 150.

Th. L.