EDITO

Un Codeco avec ou sans surprise?

Le ministre Franck Vandenbroucke (Vooruit). BELGAIMAGE

Nous revoilà à la veille d’une énième grand’messe du Comité de concertation, appelé par le passé, conseil national de sécurité. Que faut-il en attendre cette fois?  Une fois n’est pas coutume, pas grand-chose, hélas.

Et ce tout simplement en s’inspirant des confidences déjà lâchées par le Premier ministre qui souhaite une fois de plus “prendre des décisions dans la sérénité”, puisque celle-ci semble toujours inatteignable.  Rappelons-nous qu’en février dernier, le Codeco s’était réuni au grand complet pour officiellement “ne rien annoncer” et ce, dans les trois langues nationales.  On se risquerait volontiers à en rire si le contexte ne semblait pas aussi désespérant. On en arriverait presque aussi à regretter le temps, c’était il y a un an, des rassemblements en famille devant le téléviseur redevenu, un temps, le cœur de la maison, devant lequel on écoutait religieusement les nouvelles mesures libératrices ou protectrices pour faire face au mortel virus.

Favoriser la vaccination de ceux qui souhaitent tendre le bras

Mais plus rien de tout cela aujourd’hui. D’ailleurs, Alexander De Croo a d’ores et déjà appelé tout le monde – responsables politiques et experts – à éviter de “trop s’exprimer, de ne pas créer trop d’attentes”, entendez par là, de faire des promesses qu’ils ne pourront tenir étant donné que seuls le virus et l’arrivage des vaccins (et le bon fonctionnement de nos centres de vaccination) font la pluie et le beau temps. On serait même en droit de se demander pourquoi la fine équipe prend-elle encore la peine de se mettre en scène de la sorte? Les annonces ou non-annonces fuitent toujours anticipativement et sont le plus souvent confirmées, dans les deux langues nationales, au cours d’une réunion retransmise sur le pouce et qui, fort heureusement, ne dure plus que quelques minutes, cliché de la fameuse courbe à l’appui.

On ne jouera pas le jeu de nos confrères, on ne s’éternisera donc pas sur ce qui fait déjà la Une de la presse du jour : réouverture partielle en présentiel des écoles, peu ou pas d’annonce visant l’Horeca, rien sur l’accès à davantage de culture. En même temps, le bon sens rejoint ici la réalité, la saison des théâtres et des salles de spectacle touche à sa fin… pour autant qu’elle ait jamais véritablement commencé. Somme toute, pouvons-nous peut-être espérer une levée officielle de l’interdiction de sortir de nos frontières bien qu’ils soient nombreux les Belges à être partis  quand même voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs.
Rien à attendre donc  de ce nouveau Codeco mensuel sauf surprise, qui sait. Le Codeco  a ses raisons que la raison ignore bien souvent.

Quoi qu’il en soit, l’Horeca, lui, se tient prêt à prendre son destin en main. Au 1er mai, l’appel est lancé. La volonté est grande et bien vivace d’ouvrir les terrasses pour participer à rendre le moral aux citoyens en mal d’oisiveté toute simple. Les acteurs du secteur se disent prêts eux à prendre leurs responsabilités, en bonne intelligence, en respectant logiquement les mesures sanitaires imposées: 4 personnes par table, 1,50 à 2 mètres de distance entre chaque table.
Que demande le peuple?! Rien de plus. Allez si, pouvoir aussi se rendre au cinéma, un siège sur trois ou quatre si le Codeco le veut bien. Ne plus craindre d’être verbalisé en se rendant à l’église ou à la mosquée où là aussi les jauges devraient être repensées voire levées avec bon sens au vu de l’espace disponible et de l’avancée de la vaccination de nos aînés. D’ailleurs, le Ramadan débute ce mardi, contraignant, une fois encore, nos amis musulmans au respect des restrictions en vigueur.

A l’heure où  le virologue flamand et porte-parole interfédéral de la lutte contre le virus, Steven Van Gucht, estime encore et toujours que la baisse des chiffres (la fameuse courbe) pourrait être plus rapide, laissant penser qu’aucun espoir n’est permis; à l’heure où l’on entend encore et toujours que “deux semaines de plus pourraient faire la différence”, ne serait-il pas temps d’en appeler enfin au bon sens et à la responsabilité de chacun, politiques et experts en tête?

Ouvrir la vaccination au plus grand nombre désireux de tendre le bras, favoriser la vaccination collective sans restriction d’âge, permettre à chacun d’envisager les semaines à venir avec sérénité et perspective d’avenir véritable, offrir de l’air à l’Horeca wallon asphyxié. Voilà des annonces qui boosteraient véritablement  le moral de tous.