EDITO

Coupable sur toute la ligne

AFP

Après deux semaines d’un procès qui a tenu en haleine tout un pays, le jury a reconnu ce mardi à Minneapolis l’ancien policier Derek Chauvin coupable du meurtre de l’Afroaméricain George Floyd commis le 25 mai 2020. Coupable de tous les chefs d’accusation : homicide involontaire, meurtre au second et au troisième degré. La vidéo du drame a fait le tour du monde, associant ainsi des millions de personnes au supplice du père de famille mourant et à la douleur de sa famille. Sur les images, on voyait Derek Chauvin maintenir son genou appuyé durant près de 9 minutes sur le cou de George Floyd qui le suppliait de le libérer aux cris étouffés de « je ne peux pas respirer ».

Ce verdict rappelle que le combat pour une société plus juste (…) est loin d’être terminé.

Aujourd’hui, justice est rendue à George Floyd, à ses enfants et ses proches. Mais le verdict, rare dans une Amérique où les violences policières sur les Noirs sont peu sanctionnées, vient aussi mettre un peu de baume apaisant sur les souffrances et les frustrations de tous les défenseurs des droits civiques et de tous les partisans du mouvement « Black lives matter » dont l’onde de choc a aujourd’hui dépassé les frontières des USA.

Le verdict des 12 jurés de Minneapolis fera date. Il est historique à plusieurs égards, car il tombe à un moment où les tenants de l’ordre conservateur et les suprémacistes blancs de tous bords sont plus puissants, plus décomplexés et plus désinhibés que jamais. Ce verdict rappelle que le combat pour une société plus juste, où chacun est respecté dans sa différence, est loin d’être terminé. Il donne de l’espoir et doit être perçu comme ces victoires qui motivent et décuplent l’énergie.

Le verdict des 12 jurés de Minneapolis n’est que justice, mais il évite aussi certainement l’embrasement du pays de l’Oncle Sam. Reste à espérer qu’il marque un point d’inflexion dans le traitement des violences policières aux USA avec un rayonnement sur le reste du monde. Il n’est point exagéré de le considérer comme un signal aussi retentissant que le discours historique du pasteur Martin Luther King « I have a dream » prononcé le 28 août 1963. Mais il faut se garder de tout esprit de vengeance qui amènerait à se servir de ce verdict de culpabilité pour promouvoir la peine de mort. Celle-ci doit être combattue avec vigueur quel que soit le crime commis.

Reste maintenant à attendre la peine qui sera prononcée, mais le verdict de culpabilité de mardi est déjà une grande victoire.