EDITO

Port du voile : bon sens et sérénité

BELGA

Le jugement du tribunal de travail de Bruxelles condamnant la Stib pour discrimination fondée sur les convictions religieuses et le genre a remis la question du port du voile à l’actualité. Et on voit passer sur les réseaux sociaux des responsables politiques qui y font le débat, les uns défendant la position de la Stib de ne pas interjeter appel du jugement, les autres estimant qu’il s’agit là d’une entorse aux valeurs de la laïcité ou de la neutralité dans la fonction ou dans les administrations publiques.

Le débat s’enflamme et les passions se déchaînent. Mais comment prendre position dans ce dossier sans être taxé d’extrêmiste ou de radical roulant pour l’un ou l’autre camp ? Comment aborder toutes les nuances du sujet sans être taxé d’islamophobe ou de représentant de l’extrême droite ?

Les dirigeants de la Stib auraient pu interjeter appel pour démontrer qu’ils sont loin de l’image que le jugement du tribunal donne d’eux et de l’entreprise. Les dirigeants ont-ils oublié que la Stib a été primée en mars 2019 pour son personnel qui reflète l’image de Bruxelles, une société multiculturelle ? C’est l’association de lutte contre le racisme, Ucobel (United color of Belgium), qui lui avait délivré la médaille dans la catégorie entreprises publiques. Ont-ils perdu de vue qu’en décembre 2020, la société a encore décroché la même médaille récompensant sa politique de diversité en termes de sexe, d’origine, d’âge, de profession… ? Ils ont préféré renvoyer la balle vers les politiques pour qu’ils tranchent.

Dans un dossier aussi clivant, il n’est point besoin de prendre position à chaud, ni de légiférer, alors que le débat est aujourd’hui pollué par toutes sortes de considérations. Il faut ramener de la sérénité et le bon sens dans le débat.
Il faut constater qu’il n’y a pas d’unanimité sur la question. Cela ne servirait personne de prendre une décision qui donnerait l’impression qu’un camp a gagné contre l’autre. Certes, c’est la qualité du service qui doit compter, mais l’apparence des agents de la fonction publique compte.

Aujourd’hui, force est de constater que les esprits ne sont pas, en grande partie, prêts à accepter une plus grande visibilité de signes convictionnels, principalement musulmans, dans l’administration, ni dans la fonction publique ou encore dans les entreprises publiques. Principe de neutralité absolu oblige. Par ailleurs, le bon sens voudrait que, parfois, il ne faut pas brutaliser les esprits pour imposer certaines réformes. Il faut procéder par petites touches. Par conséquent, quand l’agent(e) n’est pas en contact avec le public, porter le voile ne devrait pas poser de problème. En revanche, si c’est le cas, un règlement d’ordre intérieur doit pouvoir l’interdire de façon claire. Ainsi, il y aura une habituation progressive des esprits au voile. Mais il est temps que le politique prenne ses responsabilités et indique la marche à suivre : est-ce que la religion doit rester dans la sphère strictement privée ou s’afficher dans les administrations ou la fonction publique ?