CONTESTATION

Covid-19 : les infirmiers crient leur ras-le-bol face à la gestion de la crise

BELGA

Dans une carte blanche intitulée « De Codeco en Codeco ou de chrysanthème en chrysanthème…, quand le politique signe la mise à mort de la profession infirmière », les infirmières crient leur colère et dénoncent une « anarchie décisionnaire » où les décisions prises sont remises en cause dès le lendemain par ceux-là mêmes qui ont participé aux discussions et qui sont censés défendre les mesures. Olivier Gendebien, président de l’Association belge des praticiens de l’art infirmier (ACN) et son homologue de la Fédération nationale des infirmièr(e)s de Belgique (FNIB), Adrien Dufour, fustigent la stratégie adoptée qui donne la priorité aux enjeux économiques au détriment du système de santé et de ses acteurs. Ils ne sont pas opposés à l’obligation vaccinale pour le personnel soignant, mais demandent qu’elle soit étendue à toute la population. Nous publions la carte blanche dans son intégralité.

La colère monte dans la population et pratiquement toutes les couches sociales sont vent debout contre les responsables politiques. La manifestation de ce dimanche à Bruxelles témoigne de la tension qui traverse la population belge. Un des acteurs importants de la lutte contre la Covid-19 crie son ras-le-bol et en fait part dans une carte dont nous avons eu connaissance. Intitulé « De Codeco en Codeco ou de chrysanthème en chrysanthème… Quand le politique signe la mise à mort de la profession infirmière », trois représentants de la profession infirmière dénoncent une gestion calamiteuse de la crise. Olivier Gendebien, directeur du département infirmier au CHU UCL Namur (site Sainte-Elisabeth) et président de l’Association belge des praticiens de l’art infirmier (ACN) ; Adrien Dufour, chef du département infirmier, paramédical et services associés (clinique Saint-Luc à Bouge) et président de la Fédération nationale des infirmièr(e)s ainsi que Dominique Putzeys, directeur du pôle soins au CHR de la Citadelle à Liège et président du bureau des directions de département infirmier des deux associations dénoncent une « anarchie décisionnaire où chaque représentant politique au lendemain du sacrosaint Codeco, nouveau haut lieu belge du compromis mou, en réfute les décisions » dans la carte blanche (Carte blanche ACN FNIB).

Ras-le-bol général du nord au sud

Ils ne sont pas opposés à la vaccination obligatoire du personnel soignant, mais demandent qu’elle soit étendue à toute la population. « Au nom de trois éléments que sont l’éthique, la prévention des maladies et de la science, nous avons déjà sensibilisé nos membres à la vaccination, mais il n’y a pas de raison que ce soit le personnel soignant qui soit soumis à cette obligation de vaccination », nous a expliqué Olivier Gendebien (photo). « Il y a une incohérence dans la réponse du politique et une disproportion. Il n’y a pas de gradation dans la sanction », poursuit Adrien Dufour, également porte-parole de l’Union générale des infirmiers de Belgique.

Adrien Dufour, président de la FNIB.

Celle dernière regroupe 43 organisations professionnelles issues des trois régions et communautés. « Il y a un ras-le-bol de toute la profession dans tout le pays et pas seulement du côté francophone », précise Adrien Dufour.

Des recommandations

Les infirmiers et infirmières font une série de recommandations : une représentation réelle et équilibrée de la profession infirmière dans les organes qui la concernent, des normes d’encadrement de qualité pour des soins de qualité dans tous les secteurs des soins infirmiers, une différenciation des fonctions équitable, correctement financée en regard des responsabilités et de l’employabilité de chacun, la reconnaissance de la profession infirmière comme métier pénible, une prise en compte urgente de la détresse émotionnelle des soignants et des managers, un meilleur financement notamment, des soins infirmiers à domicile, de la recherche, la formation, l’éducation des patients, la coordination, et les activités de promotion de la santé, etc.