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Un tournant historique : La Finlande et la Suède pourraient entrer dans l’OTAN


Helsinki et Stockholm, historiquement neutres, pourraient envisager de rejoindre l’OTAN après l’invasion russe en Ukraine. La Suède et la Finlande se préparent à une possible candidature, avec une officialisation attendue dans les prochains jours, a minima côté finlandais, ce qui constituerait un changement monumental pour deux pays qui ont une longue tradition de neutralité en temps de guerre et à l’écart de toutes alliances militaires. De son côté, la Russie s’oppose fermement à l’adhésion des deux États et utilise l’expansion de l’alliance militaire défensive de l’Occident comme prétexte pour sa guerre déclarée à l’Ukraine. Ce qu’il faut savoir.

Une politique de non-alignement

Pendant des décennies, la plupart des Suédois et des Finlandais ont été attachés à leur longue politique de non-alignement militaire. Alors que le soutien à une intégration tournait autour de 20 à 30% depuis 20 ans, les derniers sondages suggèrent aujourd’hui que plus de70 % des Finlandais et plus de 50% des Suédois soutiennent une adhésion.
Du côté politique, dans les deux pays, de nombreux partis sont également en train de changer de position sur la question. Au Parlement finlandais, une très nette majorité en faveur de l’adhésion se dessine. En Suède, le parti social-démocrate, historiquement opposé à l’OTAN, doit quant à lui se prononcer entre le 15 et le 24 mai, tandis que l’opposition de droite pousse pour l’adhésion.

Si ces adhésions se produisent, cela mettra fin à plus de 200 ans de non-alignement de la Suède

Pourquoi adhérer maintenant ?

L’invasion de l’Ukraine, le 24 février dernier, a marqué un tournant historique drastique, notamment pour la Finlande qui partage une frontière de près de 1.300 kilomètres avec la Fédération de Russie. Les actions de Vladimir Poutine ont brisé le sentiment de stabilité qui existait depuis longtemps en Europe du Nord, laissant la Suède et la Finlande se sentir vulnérables.

L’ex-Premier ministre finlandais, Alexander Stubb, a ainsi déclaré que l’adhésion à l’alliance était une « affaire réglée » pour son pays dès que les troupes russes ont envahi l’Ukraine. Et le ministre suédois de la défense, Peter Hultqvist, a décrit ce jour comme « le moment où le dirigeant russe a prouvé qu’il était imprévisible, peu fiable et prêt à mener une guerre cruelle, sanglante et brutale ».

L’heure des choix

C’est donc l’heure d’opérer d’autres choix. Le président finlandais Sauli Niinisto exposera sa position sur l’OTAN ce jeudi et les partis au pouvoir dans les deux pays prendront position ce week-end. Si le oui l’emporte, les deux parlements disposeront de majorités claires en faveur de l’adhésion et le processus de candidature pourra commencer.
De leur côté, les États-Unis ont affirmé être « convaincus de pouvoir répondre à toutes les préoccupations en matière de sécurité que l’un ou l’autre pays pourrait avoir entre le moment où il pose sa candidature et celui où il devient officiellement membre ».

Si ces adhésions se produisent, cela mettra fin à plus de 200 ans de non-alignement de la Suède. Quant à la Finlande, elle a adopté la neutralité après une défaite cuisante face à l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. L’ex-président russe et actuel numéro deux du Conseil de sécurité de Russie, Dmitri Medvedev, a d’ores et déjà annoncé, que si la Finlande ou la Suède devaient rejoindre l’OTAN, la Russie renforcerait ses moyens militaires, notamment nucléaires, en mer Baltique et près de la Scandinavie.

 

Copyright : La Première ministre suédoise Magdalena Andersson accueille la Première ministre finlandaise Sanna Marin avant une réunion sur l’opportunité de demander l’adhésion à l’OTAN à Stockholm, en Suède, le 13 avril 2022 – AFP