PRESIDENTIELLE EN AMERIQUE LATINE

Argentine : Javier Milei, le nouveau « Trump » du chapelet populiste mondial

Javier Milei, membre du Congrès argentin et pré-candidat présidentiel de l'Alliance La Libertad Avanza, prononce un discours lors de la clôture de sa campagne pour les élections primaires du 13 août, à la Movistar Arena de Buenos Aires le 7 août 2023. AFP

La gauche a eu son heure de gloire et son « revival », en Amérique du Sud. La réélection de Lula au Brésil et l’espoir suscité pouvaient laisser entrevoir de nouvelles victoires. Mais il semble bien que la droite reprenne du poil de la bête. Montée des extrêmes-droites, de l’évangélisme, des leaders charismatiques : le sous-continent subit de nombreux soubresauts politiques. C’est le cas de l’Argentine, dont la gauche s’essoufflait lors des législatives de 2021 pour voir l’extrême-droite progresser.

L’actuel Président de centre-gauche, Alberto Fernandez, remet son mandat en octobre prochain et avait annoncé en avril dernier qu’il ne se représenterait pas, laissant planer l’incertitude sur le futur de la nation argentine largement. Du côté de la gauche, Sergio Massa, l’actuel ministre de l’Economie de centre-gauche représentera … la gauche !

Mais Fernandez, Président depuis 2019, savait qu’il devrait sûrement s’effacer face à deux figures montantes de la coalition d’opposition : Horacio Larreta, 57 ans, maire (centre-droit) de Buenos Aires depuis 2015, et Patricia Bullrich, 66 ans, la droitière ex-ministre de la Sécurité du gouvernement Macri.

Un candidat hors-système

Mais c’était sans compter sur un outsider, hors-système, le candidat libertaire, Javier Milei, qui a créé en quelques semaines la surprise lors des élections du 13 août dernier qui visaient à désigner les futurs candidats de l’élection présidentielle qui se tiendra le 22 octobre prochain. Se désignant lui-même comme un « anarcho-capitaliste » (il cultive l’art de l’oxymore semble-t-il), il est finalement arrivé en tête du scrutin avec 32 % des voix, devant Patricia Bullrich.

Economiste et député à Buenos-Aires, avec un look d’Elvis Presley un peu éculé, Milei à 52 ans et compte combattre la caste politique.

L’ancienne présidente Christina Kirchner ne se représentant pas après sa condamnation à six ans de prison et l’impossibilité à vie d’exercer une fonction politique, c’est justement ce que Milei vends à ses électeurs pour espérer l’emporter : la fin des élites corrompues ! Face à un électorat désenchanté, lassé des candidats traditionnels de gauche et de droite qui ne semblent pas répondre à la crise historique économique que traverse le pays, dont une inflation incontrôlée, une dette colossale, une pauvreté qui touche presque la moitié des Argentins, et une incertitude totale sur l’avenir. On parlait de 80% d’inflation fin 2022. Économiste médiatique, Javier Milei promet de sortir le pays de l’impasse dans lequel il se trouve depuis des années.

Un fan de Trump : Make Argentina great again

Il se présente comme le messie et ne semble pas très éloigné de certains crédos que l’on entend désormais régulièrement chez les populistes. Il veut refaire de l’Argentine, une puissance mondiale, comme elle le fut au début du XXe siècle. Le teaser « Make Argentina Great again » devrait capter un large électorat qui n’en peut plus de la situation dans laquelle est plongé le pays.

Dans le même temps, Milei veut revenir aux fondamentaux du conservatisme : interdire l’avortement, libéraliser la vente d’armes, lutter contre la corruption de tout un système, privatiser à gogo, américanisation de l’économie. Milei n’a jamais caché sa sympathie et son admiration pour Donald Trump. Des bébés Trump, il y en a encore de toute évidence des dizaines en gestation dans le monde et Javier Milei semble en être le dernier avatar.

S.B.