NOUVEAU GOUVERNEMENT DANS L'HEXAGONE

France : Gabriel Attal forme un gouvernement hétéroclite au fort accent de droite avec des poids lourds

Le nouveau Premier ministre français, Gabriel Attal, (à gauche) avec les membres de son gouvernement. AFP

Ce jeudi 11 janvier, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal, a annoncé les noms des ministres de son gouvernement, incluant de grands ministères. Les ténors de l’ex-équipe dirigée par Elisabeth Borne restent restent à leur place, avec quelques surprises tout de même, notamment Rachida Dati nommée à la Culture. Cette dernière n’est autre que l’ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy. Son entrée dans le nouveau gouvernement a entraîné son exclusion du parti, Les Républicains (dans l’opposition). Par ailleurs, pour la première fois dans l’histoire de la Vème République, un Premier ministre nomme son ancien compagnon dans son gouvernement : Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti présidentiel (Renaissance), a été en couple avec le nouveau locataire de Matignon avec qui il s’était pacsé en 2017. Ils seraient aujourd’hui séparés. L’équipe du jeune Premier ministre est un gouvernement resserré, puisque 14 ministres ont été nommés et des changements de nomenclatures ministérielles ont été opérés. Gabriel Attal a voulu aller vite et a prévu un premier conseil des ministres dès ce vendredi 12 janvier à 11h.

Pour les grands ministères, pas de changements

Ancienne porte-parole du Parti présidentiel, Renaissance, et ex-secrétaire d’Etat à la jeunesse, Prisca Thévenot a été promue porte-parole du gouvernement et remplace Olivier Véran.

Bruno Le Maire est confirmé à Bercy, au ministère de l’Economie et des Finances, poste qu’il occupe depuis maintenant 7 ans.

Gérald Darmanin, qui avait voulu donner sa démission au président, il y a un mois après le camouflet essuyé lors de la loi sur l’immigration, reste finalement au ministère de l’Intérieur, poste qu’il occupe depuis juillet 2020.

Eric Dupont Moretti, qui était sous le coup d’une enquête pour abus de pouvoir, mais relaxé en novembre dernier, est lui aussi reconduit à son poste de ministre de la Justice.

Sébastien Le Cornu, qui avait été pressenti comme un potentiel candidat à Matignon, garde également son portefeuille et reste ministre des Armées.

Marie LeBec, jeune parlementaire de l’Essonne, est chargée des relations avec le Parlement.

Aurore Bergé est rétrogradée en tant que ministre déléguée de l’Égalité Homme Femme.

Du côté de l’alliance avec le Modem, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Jean-Noël Barrot, ministre du Numérique, restent en place.

Un virage à droite

La grande surprise de ce remaniement est la nomination de Rachida Dati. Ancienne ministre de la Justice de l’ancien président, Nicole Sarkozy, elle remplace Rima Abdul Malak (étiquetée à gauche). Il s’agit pour Emmanuel Macron d’un grand coup de filet, puisque Rachida Dati, est une ponte chez Les Républicains. Elle a dû renoncer à sa fonction de présidente du conseil national des Républicains pour rejoindre le nouvel attelage gouvernemental. Son entrée dans le nouvel exécutif a entraîné son exclusion du parti, Les Républicains.

AFP

Président des Républicains, Eric Ciotti (à gauche) a annoncé l’exclusion de l’anciene garde des Sceaux, Rachida Dati (à droite) dès la nomination de cette dernière comme ministre de la Culture dans le gouvernement de Gabriel Attal. (Photo par GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Rachida Dati, qui était jusqu’alors chef de l’opposition à la mairie de Paris et aurait logiquement été la candidate LR à la mairie de Paris, aurait négocié d’être tête de liste de la majorité pour les municipales de Paris en 2027, lui assurant ainsi un face-à-face avec Anne Hidalgo, l’actuelle maire de Paris.

Cependant, il est risqué pour Emmanuel Macron de faire entrer Rachida Dati au gouvernement, puisqu’elle est actuellement sous le coup d’une mise en examen pour corruption et trafic d’influence passif avec l’entreprise Renault.

De même, une autre personnalité de droite a été nommée avec Catherine Vautrin, ancienne ministre sous Chirac. Elle hérite d’un double portefeuille, celui du Travail, de la Santé et des Solidarités. Lors de la nomination d’Elisabeth Borne, elle avait été pressentie pour être Première ministre, mais avait été confrontée à l’opposition de l’aile gauche du gouvernement et de François Bayrou qui lui a barré la route.

Quid des ministres de gauche ?

Emmanuel Macron avait promis, lors de son élection, de représenter toutes les couleurs politiques, c’est pourquoi il avait notamment nommé certains ministres à coloration de gauche comme Clément Beaune, ministre des Transports dans le gouvernement sortant. Cependant, il avait fait figure de frondeur lorsqu’il s’était opposé à la loi sur l’immigration.

Un autre ministre de gauche a également été évincé : Olivier Dussopt, ministre du Travail sortant, il est mis en examen pour favoritisme.

Autre surprise : Stéphane Séjourné, initialement militant socialiste et soutien de Dominique Strauss-Kahn, est nommé au ministère des Affaires étrangères et européennes. Il est secrétaire général du parti Renaissance, et, dans la vie privée, a la particularité d’être l’ancien compagnon de Gabriel Attal.

Éducation nationale et Santé

Amélie Oudéa-Castéra, anciennement ministre des Sports, hérite d’un mega portefeuille en ajoutant l’Éducation Nationale à ses responsabilités ministérielles. Gabriel Attal, qui avait déclaré « vouloir emmener l’éducation nationale avec lui à Matignon », a donc transmis le bébé en même temps que celui des Sports à l’aube des JO 2024.

Agnès Firmin Le Bodo, proche de l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, et ministre par intérim de la Santé, n’a pas été reconduite, ce qui n’est pas une grande surprise, car elle est sous le coup d’une enquête de la Répression des fraudes (DGCCRF) dans le cadre d’une affaire de cadeaux illicites reçus en tant que pharmacienne.

Léna Job