DONALD TRUMP ET SON COLISTIER A LA CONQUETE DE LA MAISON BLANCHE

Avec J.D. Vance comme colistier, Donald Trump a choisi un fidèle au parcours qui force l’admiration

'ancien président américain et candidat républicain à la présidentielle de 2024, Donald Trump (à gauche), discute avec le sénateur américain de l'Ohio et candidat républicain à la vice-présidence de 2024, J.D. Vance, après avoir accepté la nomination de son parti à la fin de la dernière journée de la Convention nationale républicaine de 2024 au Fiserv Forum à Milwaukee, Wisconsin, le 18 juillet 2024. AFP

C’est un nouveau « bébé Trump » que l’on n’avait pas vu venir et qui sera désormais le colistier et donc le futur vice-Président des Etats-Unis si Donald Trump, l’emporte à nouveau en novembre prochain : James David Vance. Pendant que les démocrates pataugent avec un Joe Biden à la santé déclinante qui s’accroche à son fauteuil, les Républicains mènent, tambour battant, le début d’une campagne où tout sourit à leur chouchou, l’ancien Président. La convention du Great Old Party (GOP) s’est terminée, jeudi 18 juillet, et a investi Donald Trump comme le candidat des Républicains pour les élections de novembre 2024. En ce qui concerne le candidat vice-Président, J.D. Vance, il semble que ce sont les deux fils de Donald Trump qui, dans les derniers jours, ont fait le forcing pour que leur père éconduise les prétendants donnés favoris et choisisse Vance à leur place. J.D. Vance n’était donc pas le premier choix de l’ancien Président. Il faudra donc observer comment cet attelage va fonctionner et quel poids le vice-président aura. Car on s’en souvient : Mike Pence n’avait aucune influence et ne semblait pas chercher à peser. Qu’en sera-t-il de J.D. Vance ?

Alors que la convention républicaine vient de se terminer et que l’ancien Président Donald Trump a accepté jeudi l’investiture du Parti républicain, il a en même temps mis en ordre de bataille ses troupes pour constituer l’armée de dévoués qui le mènera à nouveau dans le bureau ovale. Il a d’ailleurs prononcé un vibrant discours mobilisateur. « Ce soir, avec foi et dévouement, j’accepte fièrement votre investiture pour la présidence des Etats-Unis », a-t-il déclaré jeudi 18 juillet, dernier jour de la convention du parti à Milwaukee.

Un des moments importants de ce grand rassemblement du parti, c’est aussi, l’officialisation du candidat vice-Président J.D. Vance.

Un des moments importants de ce grand rassemblement du parti, c’est aussi, l’officialisation du candidat vice-Président J.D. Vance. L’arrivée du jeune sénateur de l’Ohio de seulement 39 ans, est le signe d’un nettoyage en profondeur du parti reaganien, qui vient parachever l’emprise historique de Donald Trump sur la droite américaine. Désormais, du parti aux arcanes du pouvoir en passant par la Cour Suprême qui a fait annuler certaines charges contre l’ancien président des USA, plus rien ne semble l’arrêter.

La voie est dégagée

Après avoir évincé ses principaux concurrents sur le chemin de la Maison Blanche, comme Nikki Haley ou Ron de Santis, Donald Trump savait qu’il devrait annoncer au plus vite le nom de celui qui l’accompagnerait pour un futur ticket gagnant aux prochaines élections présidentielles qui se tiendront en novembre 2024.

La tentative d’assassinat dont il a été l’objet la semaine dernière n’a fait que renforcer sa position et sa détermination, comme celle de ses supporters qui ont vu en sa survie un signe mystique, voire messianique. Donald Trump est désormais plus puissant que jamais et J.D. Vance se présente déjà, avec son âge, en héritier politique, mais également pilier de la relève générationnelle du trumpisme.

Un futur vice-Président au parcours atypique

Clairement nationaliste, populiste, isolationniste, J.D. Vance est considéré comme un des politiques les plus brillants de sa génération. Redoutable orateur, il a touché à tout. Ancien marine formé à Yale, élevé dans la pauvreté, il a pratiqué la finance, les nouvelles technologies, la littérature, et le cinéma puisque sa biographie (publiée à 30 ans !) a fait l’objet d’une adaptation Netflix.

Son parcours familial est classique de ces familles déclassées, marginalisées, en proie au chômage et à l’alcool, du fin fond de ce qui n’est plus le rêve américain.

Son parcours familial est classique de ces familles déclassées, marginalisées, en proie au chômage et à l’alcool, du fin fond de ce qui n’est plus le rêve américain. Il saura donc s’adresser à ces millions d’Américains qu’il faut aller chercher dans les Etats de la Bible Belt, ultra-ruraux et ultra-croyants. Il promet de les sortir de l’impasse. Ce sont essentiellement les Etats de Pennsylvanie, du Michigan, de l’Ohio (dont il vient), du Wisconsin et du Minnesota, que le parti démocrate a délaissé depuis longtemps au profit des grandes villes des côtés Ouest et Est.

Ancien critique de Donald Trump

Se lançant en politique en 2021, J.D. Vance reçoit le soutien d’un riche magnat des hautes technologies et milliardaire de la Silicon Valley, Peter Thiel. Auréolé du succès de son livre et de l’adaptation cinématographique, il se présente immédiatement comme un modèle de réussite et d’extraction sociale réussie. Il n’y a pas de fatalité à la misère. Critique à l’époque de Donald Trump, il aura la révélation par la suite et finira par embrasser toutes les causes de son nouveau mentor.

Fan de sa vision de la politique étrangère, du protectionnisme contre les étrangers et le commerce mondial, de sa méfiance à l’égard de la Chine, de la nécessité d’une résolution de la guerre en Ukraine, de la marginalisation de l’Europe, de la limitation de l’immigration sur le sol américain, il défend alors la complexité du personnage de Donald Trump, que beaucoup résument à un idiot ou à un fou. Il sera élu sénateur en 2021 et l’un de ses plus jeunes membres. Le slogan MAOGA (« Make America Once Great Again »), adaptation du fameux MAGA de 2016, devient le sien.

Un couple de juristes

Plus posé que l’ancien Président et que certains trumpistes sanguins, J.D. Vance pourrait aussi rassurer ceux qui hésitent encore à rallier les Républicains en novembre, surtout ceux qui sont contre la nouvelle candidature d’un Joe Biden usé jusqu’à la corde. A ce stade, J.D. Vance et sa femme, Usha Chilukuri Vance, font penser aux Obama : self-made Américains, deux couples de brillants juristes, Yale et Harvard respectivement. Ça rend le futur vice-Président déjà encore plus redoutable car, comme le soulignent déjà des observateurs, son profil lui donne un cadre conceptuel au Trumpisme, qui chez l’ancien Président est purement viscéral et « animal », d’où une bonne part de son charisme phénoménal.

Si le duo se cimente, ce sera très puissant, mais avec un agenda économique, commercial et géopolitique qui va soumettre l’Europe à du « carpet bombing », des pressions et chantage énormes sur les pays ennemis comme sur les alliés de l’Amérique.

Plus posé que l’ancien Président et que certains trumpistes sanguins, J.D. Vance pourrait aussi rassurer ceux qui hésitent encore à rallier les Républicains en novembre.

Mais pour obtenir sa place, J.D. Vance a dû montrer patte blanche et accepter deux rites de passage auprès de Donald Trump, lui qui craint la trahison plus que tout : la reconnaissance de la fameuse victoire volée de 2020, chère à tout le camp comploto-trumpiste, et la loyauté absolue à son parrain devant même la Constitution américaine (contrairement à Mike Pence au moment de l’attaque du Capitole en 2021).

J.D. Vance a de l’avenir : Donald Trump l’a propulsé. S’il est élu vice-président en novembre, il pourrait alors avoir un boulevard pour la prochaine présidentielle américaine en 2028. Trump serait alors le plus vieux Président américain en exercice, et lui devenir le plus jeune candidat à sa succession.

Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), associé au CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense), à l’Institut d’Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA Paris), au Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm) et à l’Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse).