NOUVELLE ERE ENTRE LE ROYAUME-UNI ET L'EUROPE ?

Keir Starmer en tournée européenne pour renforcer les liens entre le Royaume-Uni et l’Europe. Quid du Brexit ?

Le Premeir ministre britannique, Keir Starmer (à gauche sur la photo) et le président français,Emmanuel Macron, lors de leur renncontre à l'Elysée le 29 août 2024. AFP

Londres. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, en poste depuis juillet dernier, a entamé une tournée avec des rencontres bilatérales au sommet visant à resserrer les liens du Royaume-Uni avec ses voisins européens, sans pour autant renégocier les termes du Brexit. Après une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin mercredi 28 août, il s’est entretenu jeudi 29 août à Paris avec le président français Emmanuel Macron. Les deux dirigeants ont discuté de la situation en Ukraine et de l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, tout en affirmant leur volonté de travailler ensemble sur des dossiers clés comme la sécurité et la croissance économique.

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer a été reçu le mercredi 28 août à Berlin, par le chancelier allemand, Olaf Scholz, marquant sa première série de rencontres officielles à l’étranger depuis son entrée en fonction en juillet 2024. Le nouveau locataire du 10 Downing Street a mis en avant le futur traité avec l’Allemagne comme « la chance d’une génération » pour renforcer les collaborations entre les deux pays dans des secteurs clés comme le commerce, la défense, la science et la technologie. Ce traité, prévu pour la fin de l’année, symbolise un pas important vers une relation plus étroite avec l’Allemagne, deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni.

Cependant, Keir Starmer a été clair : ce rapprochement ne signifie pas un retour sur le Brexit, ni une réintégration dans le marché unique ou l’union douanière. Pour lui, il s’agit d’approfondir les liens sans compromettre l’autonomie obtenue avec le Brexit, une position que le chancelier allemand Olaf Scholz a accueillie favorablement en affirmant vouloir « saisir cette main tendue ».

Priorité à l’économie et à la sécurité

Face à une économie britannique en difficulté, Keir Starmer a souligné que son premier budget, attendu pour octobre, sera « douloureux », mais nécessaire pour redresser la situation laissée par ses prédécesseurs conservateurs. « La croissance est la mission numéro un de mon gouvernement », a-t-il insisté depuis Berlin. Le traité avec l’Allemagne, en plus de renforcer les relations diplomatiques, vise à stimuler l’économie en créant des emplois et en favorisant la croissance dans les deux pays.

Sur le plan de la sécurité, Berlin et Londres se sont engagés à renforcer leur coopération, notamment dans la lutte contre l’immigration illégale, un sujet sensible dans les deux nations. Le Premier ministre britannique a abandonné le projet controversé de ses prédécesseurs visant à expulser les migrants vers le Rwanda, préférant se concentrer sur le démantèlement des réseaux de passeurs.

Le soutien à l’Ukraine a également été au cœur des discussions. Olaf Scholz et Keir Starmer ont réaffirmé leur engagement à soutenir Kiev contre l’invasion russe, tout en précisant qu’aucune nouvelle décision sur les livraisons d’armes n’avait été prise. Malgré les demandes répétées du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, les deux dirigeants ont exprimé leur méfiance quant à l’utilisation des armes occidentales sur le sol russe.

Un agenda européen chargé

Keir Starmer a poursuivi sa tournée européenne jeudi 29 août à Paris, où il a rencontré le président français, Emmanuel Macron. Les deux dirigeants ont convenu de l’importance de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps que nécessaire » pour garantir sa défense. Ils ont également discuté de la situation au Proche-Orient, appelant à la désescalade des tensions dans la région.

Emmanuel Macron et Keir Starmer ont échangé sur l’avenir des relations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, alors que le Premier ministre britannique met l’accent sur une amélioration des relations avec l’UE comme levier de croissance économique pour son pays. Cette rencontre, marquée par la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques à Paris, s’inscrit dans une volonté de renforcer les liens bilatéraux au-delà du cadre strictement politique.

Keir Starmer semble déterminé à repositionner le Royaume-Uni comme un partenaire fiable pour l’Europe, tout en respectant les choix post-Brexit. Ce rapprochement, bien qu’ambitieux, reste encadré par une volonté de ne pas revenir sur le passé, mais plutôt de construire un avenir commun basé sur des intérêts partagés.

Hamid CHRIET (à Londres)