POLITIQUE

Le coût de la crise en Wallonie : 2,1 milliards d’euros

BELGA

Alors que qu’une nouvelle batterie d’aides wallonnes en faveur des secteurs fortement impactés par la crise entraient en vigueur hier, le ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke  détaille le coût de la crise sanitaire pour l’exercice 2020.Un seul chiffre à retenir : 2,1 milliard d’euros.
Tel est l’impact du Covid-19 pour les finances wallonnes. Soit 300 millions de plus qu’en juin dernier. La crise a entraîné une baisse historique du PIB (-8% en avril et-7,10% en octobre). L’impact le plus important se situe au niveaux des recettes institutionnelles avec près de 400 millions d’euros. Les dépenses comptabilisées en vue de d’encourager la relance économique pour un montant de 313 millions d’euros. Une anticipation dont se réjouit le ministre, cette dernière aura permis de neutraliser en partie la “dette Covid” et soulager la trésorerie régionale en cas de nouvelle vague même si on peut s’attendre tout de même à un déficit en 2021.

Le coût de la relance est indispensable

Il ressort donc de ce bilan de la crise Covid 2020, que la Région a enregistré une perte de 583 millions d’euros de recettes et dépensé 1,553 milliard d’euros pour faire face aux demandes de soutien. La seconde vague « corona » ayant infligé à la Wallonie de soutenir de façon plus importante encore les entreprises. Ainsi, 90% du montant des dépenses a été attribué au secteur de la santé soit 260 millions d’euros et à l’économie pour 1,059 milliard  d’euros. Le reliquat ayant été distribué un peu à tout le monde sans aucune autre priorité : mobilité, travaux publics, action sociale, énergie et pouvoirs locaux.

Un effort considérable

Pour Jean-Luc Crucke l’effort a été conséquent et finalement, la Wallonie s’en sort plutôt bien. « La Région a fourni un effort important par rapport à la taille de son budget et de ses moyens et le montant de sa dette; Je n’ai pas envie de jouer le jeu des comparaison entre les actions des différentes régions du pays. La Wallonie est celle qui a dépensé le plus. »  Même s’il ne s’agit pas là d’un concours, la Flandre aurait pour l’heure dépensé en matière de « soutien Covid » plus de 3,3 milliards d’euros. Certains secteurs tel que l’horeca au sud du pays se plaignant même de n’avoir pas été suffisamment soutenus par la Région, en tout cas moins que l’horeca flamand.
Le ministre se réjouit d’avoir anticipé les dépenses de la relance, par secteur, pour un montant de 313 millions d’euros ventilé principalement sur l’économie (96 millions), l’énergie (58 millions), l’emploi ( 36 millions) et l’environnement (24,5 millions). Et dans une moindre mesure: le logement (23,3 millions), le tourisme ( 11,7 millions),  la mobilité (8,4 millions), l’action sociale (3,5 millions) et la santé (2,3 millions).

De nouvelles aides octroyées à l’horeca aussi

Ces nouvelles aides s’adressent spécifiquement aux indépendants et aux entreprises fermés depuis mi octobre dernier, soit près de 28.000 bénéficiaires issus des secteurs de l’horeca, de la culture et des cinémas, de l’événementiel… et même ceux dont la reprise vient à peine d’être accordée tel que les métiers de contacts et qui n’avaient plus bénéficié d’aucune aide régionale depuis décembre. Ces nouvelles oscilleront entre 3250 et 12 000 euros en fonction de la taille de l’entreprise. Pour en bénéficier, le procédé reste le même : obligation de passer par la plateforme active depuis le printemps dernier indemnitecovid.wallonie.be.

Par ailleurs, d’autres nouvelles mesures seront prises dès aujourd’hui, et annoncée à l’issue du Conseil des ministres wallons. C’est le secteur de l’horeca (cafés, hôtels et restaurants) qui devrait cette fois bénéficier de ces nouvelles mesures de soutien. Il se dit que les métiers liés de près au secteur hôtelier ou celui des voyages ou les professions indirectement touchées par leur fermeture pourraient aussi être concernés par cette nouvelle manne financière comme les brasseurs pour ne citer qu’eux. Les indépendants dans leur ensemble pourraient aussi voir proposer une aide au paiement des loyers. Il pourrait s’agir de prêts octroyés aux commerçants qui ont du mal (et ils sont nombreux) à joindre les deux bouts aussi face à leur propriétaire.

Dette Covid neutralisée en partie

La baisse des taux d’intérêt aura eu, quant à elle, pour conséquence de donner un peu d’air aux finances régionales et à sa dette.  Car si la dette Covid semble neutralisée en partie, en 2020, le coût de la charge d’intérêt pour 5 milliards d’euros empruntés était de près de 43 millions d’euros. Suite à la baisse des taux, le coût de la charge en 2020 est donc moins élevé alors que le montant emprunté fut 3 fois supérieur. “On maîtrise la charge de la dette”, reprend le ministre du Budget précisant encore que même si la croissance peine à se rétablir, il faut l’anticiper. “Les 23 milliards d’épargne des Belges sont un signe, c’est une épargne d’attente; on a connu une brève relance lors du déconfinement, on peut s’attendre à la même chose une nouvelle fois, c’est pourquoi nous avons anticipé des dépenses relance en 2020 afin de soulager la trésorerie en cas de nouvelle crise. Si la crise devait perdurer, les dépenses “relance” passeront du côté des aides supplémentaires en dépenses Covid et la Région pourra ainsi continuer à être solidaire. Mais anticiper le coût de la relance est et était indispensable!  Par ailleurs, notre dette, il faudra bien la payer un jour, je ne suis pas de ceux qui laisse une ardoise ni de ceux qui pensent, comme en France, qu’on doit songer à l’annuler. Et la croissance doit permettre le remboursement de la dette.”  

A refaire, le gouvernement wallon procéderait de la même façon dans un contexte identique en apportant les mêmes réponses à savoir faire passer la crise sanitaire, économique et sociale comme urgente et prioritaire.

Des chiffres à l’échelon national

A noter encore en guise de pic de rappel que selon la dernière enquête  de l’Economic Risk Management Group (ERMG), publiée le 16 février dernier, la perte de chiffre d’affaires moyenne des entreprises belges, au niveau national donc, est toujours inférieure de 10 % à la normale. Les entreprises ne s’attendent pas à un sursaut miracle, cette année devrait être une année de transition. Les secteurs les plus touchés, ou toujours fermés, s’attendent à d’énormes pertes jusqu’à l’an prochain inclus. Il s’agit évidemment du secteur de l’horeca, celui des agences de voyage (‑31 %), celui de de la culture, des arts et services récréatifs (‑22 %), des métiers de contact non médicales (‑10 %) et celui des transports et de la logistique (‑6 %).  Les investissements en 2021 devraient être 20 % inférieurs aux prévisions et 12 % encore inférieurs en 2022. La perception du risque de faillite et des problèmes de liquidité reste une préoccupation pour les industries les plus touchées, les travailleurs indépendants et les petites entreprises. Quant à l’inflation, elle reste probable. “Elle peut être bénéfique pour tout le monde”, selon les dires de Jean-Luc Crucke.

 

R.K.