POLITIQUE

Inondations : pour le ministre Henry, une « enquête parlementaire est inévitable »

Le ministre Philippe Henry (Ecolo). Crédit photo Bepress

Le ministre wallon du Climat, Philippe Henry (Ecolo) estime, au regard des dégâts matériels et des pertes en vies humaines, qu’il est évident que les députés se penchent sur les inondations inédites qui ont endeuillé la Wallonie. Il va diligenter une étude indépendante sur la gestion des voies hydrauliques dont il attend les conclusions pour début septembre. En attendant, la polémique enfle sur la gestion du barrage d’Eupen dont la (mauvaise ?) gestion aurait entraîné un débordement meurtrier de la Vesdre.

Près d’une semaine après les violentes inondations qui ont endeuillé la Belgique, principalement la région wallonne, de nombreuses questions se posent pour savoir si les autorités ont anticipé la catastrophe et s’il y a eu des manquements. En région wallonne, la polémique fait rage sur la façon dont le barrage d’Eupen a été géré. D’après les informations qui circulent depuis quelques jours, ses gestionnaires n’auraient pas anticipé les intempéries en ayant attendu la dernière minute pour relâcher une trop grande quantité d’eau d’un seul coup, renforçant ainsi le débordement de la Vesdre et augmentant l’ampleur des dégâts dans la vallée. On leur reproche de ne pas avoir procédé progressivement au délestage du barrage dès le lundi ou mardi avant l’arrivée des grandes pluies, alors que les alertes avaient été données dès samedi 10 juillet, notamment par le système européen d’alerte aux inondations (EFAS).

Selon nos informations, les instances provinciales auraient été prévenues du risque accru d’inondations dans la  vallée de la Vesdre. Mais on se demande aujourd’hui si le Comité de coordination provinciale a fait son travail en prévenant (à temps ?) les bourgmestres des localités concernées du risque d’inondations. Ainsi, ces derniers auraient pu prendre les dispositions nécessaires en prévoyant des plans d’évacuations des populations risquant d’être touchées. « Nous avons transmis aux autorités locales mardi ou mercredi les informations qui étaient en notre possession. En ce qui concerne le barrage d’Eupen, c’est la compétence du SPW (administration wallonne, NDLR), il faut voir ça avec le cabinet du ministre Henry (photo, NDLR) », nous a répondu Jean-Yves Segers, responsable du protocole et du service de communication du gouverneur de la Province de Liège.

Des bourgmestres induits en erreur

Le son de cloche est tout autre chez les principaux concernés. « Je n’ai été prévenu de rien du tout. Mardi 13 juillet, j’ai même été vérifier sur le site de la Région wallonne, Infocrue, il est d’ailleurs indiqué que la tendance est à la baisse sur la Vesdre et ses affluents ! Aux alentours de minuit trente, c’est la police qui m’a réveillé en pleine nuit pour me prévenir de ce qui se passait. Il était déjà pratiquement trop tard », rétorque Fabien Beltran (PS), bourgmestre de Trooz, une commune qui a payé un lourd tribut aux intempéries. Près de 47% de la population est impactée, soit environ 4.000 personnes dont 600 ont été relogées, d’après le bilan dressé mercredi 21 juillet. Le bourgmestre demande-t-il des comptes ? « Si quelqu’un était susceptible d’avoir les informations, mais ne les a pas données, alors il y a un problème. Mais pour l’instant, je m’occupe du relogement des habitants, j’essaie de gérer les problèmes d’insalubrité et d’infrastructures. Pour le reste, quelqu’un d’autre se chargera de demander les comptes pour moi », poursuit Fabien Beltran, visiblement dépité, mais motivé pour trouve des solutions aux urgences de ses administrés. Certains élus locaux auraient été prévenus et pas d’autres? Mystère…

Bepress

Erreur humaine au barrage d’Eupen

Selon plusieurs sources techniques, il y aurait eu une erreur humaine à l’origine des problèmes du barrage d’Eupen. Un agent préposé aurait tardé à réagir aux appels incessants pour procéder au relâchement progressif des eaux du barrage. Contacté par nos soins, le ministre wallon du Climat, Philippe Henry (Ecolo), en charge des barrages, reconnaît qu’il y a eu des informations allant soit dans un sens (décroissance), soit dans un autre (montée des eaux). Il n’est pas opposé à ce que les députés wallons se penchent sur le dossier des inondations. « Une enquête parlementaire est inévitable au regard des dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Nous avons eu, en 48 heures, le double des pires précipitations tombées en 200 ans ! Il est donc tout à fait normal que le travail parlementaire se fasse pour y voir plus clair. On verra à la rentrée », nous a confié Philippe Henry, également vice-président wallon.

Un rapport indépendant fin août

Pour l’instant, le dernier décompte provisoire indique 37 morts. Dans l’immédiat, le ministre du Climat a pris des décisions plus fortes en matière de transparence. « J’ai demandé au SPW de publier dans les 24 heures toutes les informations relatives aux données EFAS (alertes de risques de crues) », assène Philippe Henry. Il annonce également une analyse indépendante sur la gestion des voies hydrauliques pour la fin de l’été. « Je m’engage à ce que les analystes aient accès à tous les éléments des services de gestion hydrologique du SPW et à tous les documents nécessaires. Les familles des victimes, les sinistrés et les autorités locales doivent obtenir des réponses à leurs questions légitimes. J’attends le rapport pour fin août-début septembre », conclut-il.

Ph. Law.