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L’Europe appelle à une coopération internationale pour préserver la paix dans l’Arctique

AFP

Dans un nouveau rapport sur les défis en matière de géopolitique et de sécurité dans l’Arctique adopté cette semaine par le Parlement, les députés rappellent que les pays de l’Arctique et la communauté internationale devraient s’assurer que cet espace demeure un espace de paix, de faible tension et de coopération constructive. Le Parlement  européen en appelle ainsi à une coopération internationale constructive dans l’Arctique tout en alertant sur les menaces émergentes pour la stabilité dans la région.

Cette semaine, les députés européens se sont penchés sur le sort de l’Arctique. En amont du vote en plénière qui s’est tenu mercredi, une délégation de députés de la commission des affaires étrangères s’est rendue au Danemark, au Groenland et en Islande du 21 au 24 septembre pour débattre avec des représentants et responsables politiques de la coopération internationale et des défis dans l’Arctique.

Fort de ce déplacement, les députés ont voulu souligner que l’Union s’est engagée à poursuivre un objectif de développement durable et pacifique de la région. Le texte adopté par le Parlement européen (par 506 voix pour 36 contre et 140 abstentions)  estime que le modèle de gouvernance actuel de l’Arctique, fondé sur la législation internationale, a bénéficié à tous les pays de la zone et qu’il a assuré la stabilité de la région.

Changement climatique et communautés autochtones

Les députés en appellent ainsi tous les pays concernés et l’UE à répondre aux conséquences alarmantes du changement climatique dans l’Arctique, notamment en respectant les objectifs de l’accord de Paris. Ils soulignent la nécessité de garantir la préservation de la culture des peuples autochtones de la région arctique. Toutes les activités dans la zone, notamment l’utilisation de ressources naturelles, devraient respecter les droits des peuples autochtones et des autres habitants locaux et bénéficier à tous.

L’UE doit examiner de près toutes les tentatives de la Chine d’intégrer la route maritime septentrionale de l’Arctique

Vigilance requise face aux activités russes et chinoises 

En outre, le rapport exprime de sérieuses préoccupations quant au renforcement progressif des capacités militaires russes dans l’Arctique, considéré par les députés comme injustifié car dépassant largement les objectifs défensifs légitimes. Le Parlement UE réclame également que toute coopération avec la Russie dans la région soit conforme au principe d’un engagement sélectif de l’UE avec le pays et ne compromette pas les objectifs des sanctions et des mesures restrictives adoptées à la suite des actions du gouvernement russe dans d’autres parties du monde.
“Je suis favorable à la mise à jour de la politique de l’UE en Arctique, qui devrait continuer à se concentrer sur des questions liées aux communautés locales, en particulier aux peuples autochtones, explique Anna Fotyga, la députée polonaise en charge dudit rapport. Dans notre rapport, nous affirmons également que la stratégie de l’UE en Arctique doit refléter les nouvelles réalités de la région en matière de sécurité, les tensions géopolitiques croissantes et les nouveaux acteurs régionaux, comme la Chine. Nous devrions prendre conscience que nous ne sommes pas seuls dans l’Arctique, mais qu’ensemble, avec nos proches alliés que sont les États-Unis, le Canada, la Norvège et l’Islande, nous pouvons construire un avenir prospère et pacifique.’’

Les députés européens demeurent très préoccupés par les projets chinois de grande envergure dans l’Arctique. Ils affirment que l’UE doit examiner de près les tentatives de la Chine d’intégrer la route maritime septentrionale de l’Arctique dans son initiative une ceinture, une route, ce qui remet en cause l’objectif de maintenir l’Arctique à l’abri de la géopolitique mondiale.

Pour rappel, il y a près de quinze ans que  l’intérêt pour l’Arctique a donné lieu à des annonces scientifiques préoccupantes sur l’abondance présumée de ressources naturelles, dans un monde en perpétuelle recherche de nouvelles zones à exploiter. Cette nouvelle course pour la souveraineté de l’Arctique a mené les grandes nations frontalières à produire une stratégie pour le Pôle nord. Dans ce domaine, la Chine est fréquemment appelée « le dragon des neiges ». Elle ne dispose pas d’accès direct à cette région du monde, et ne possède pas de base légale lui permettant de formuler des revendications. Pékin a adopté une attitude très prudente et en apparence passive. Le réchauffement climatique modifie les possibilités de navigation sur les routes du nord, ouvrant du même coup des intérêts géostratégiques et géoéconomiques alléchants pour l’empire du milieu. Cet usage futur des passages dans le grand nord, concerne aussi l’Asie du Nord-Est avec le Japon et la Corée du Sud.