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Philippe Donnay, un grand commis de l’Etat s’en est allé

Philippe Donnay, lors de notre interview le 26 août dernier. bePress Photo Agency / Philippe

Commissaire du bureau fédéral du Plan depuis le 1er mai 2014, Philippe Donnay est décédé ce vendredi matin des suites d’une crise cardiaque. Intelligent, humain, sociable et doté d’une rigueur scientifique, Philippe Donnay a dépoussiéré le bureau du Plan et lui a donné une notoriété grâce à son travail et à celui de ses équipes. Pédagogue, il expliquait la matière économique et ses implications avec une facilité déconcertante et la rendait accessible à tous. Sa mort laisse un grand vide.

Inattendue, brutale, injuste, incompréhensible, etc. Tels sont les mots qui m’arrivent en tête pour qualifier la mort inopinée de Philippe Donnay. Commissaire du Bureau fédéral du Plan depuis le 1er mai 2014, Philippe Donnay, âgé de 46 ans, est décédé vendredi matin à la suite d’un arrêt cardiaque. Il se rendait à son travail ce matin-là comme il a l’habitude de le faire. Passionné par la matière économique et son métier, il en parlait avec ferveur et refusait rarement une invitation à débattre des questions économiques ou à partager ses connaissances. Il livrait ses analyses avec une rigueur scientifique et une passion communicative. Doté d’une intelligence hors pair, d’un esprit vif, l’économiste de formation était étiqueté cdH, mais son indépendance d’esprit était tel que son travail était toujours marqué par le besoin de servir l’intérêt général. Ses opinions politiques n’avaient aucune influence sur ses analyses scientifiques et son travail d’expert. Il faisait de ses analyses sans parfois prendre des gants, il était direct et franc. C’est un homme loyal et fidèle en amitié. « Philippe quitte bien trop tôt notre institution. Au sein de notre institution, cette nouvelle fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel bleu. On se souviendra surtout de lui au sein de notre institution comme quelqu’un de très passionné et enthousiaste. Philippe était apprécié de tous », a déclaré le Bureau du Plan dans un court communiqué de presse.

Indigné par les discriminations

Il ne saurait en être autrement. L’hommage de ses équipes est plus que mérité. Philippe Donnay a dépoussiéré le Bureau du Plan. Il en a fait un outil d’analyses et de producteur incontournable de rapports sur les perspectives économiques pour l’Etat. Il aimait mettre en avant le travail de ses équipes. « Ton humanité, ta joie, ta force intellectuelle, ton exubérance, ta qualité d’écoute, ton respect pour les idées des autres, ta dévotion pour l’Etat, tout va nous manquer, tu vas nous manquer. Terriblement », a écrit Jean-Marc Galand, chef de cabinet de la ministre wallonne Valérie De Bue (MR) sur sa page Facebook.

Licencié en sciences économiques de l’Université catholique de Louvain/UCL (diplôme obtenu avec distinction en 1997), Philippe Donnay est également titulaire d’un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) dans la même matière décroché avec une grande distinction dans la même université en un an plus tard. Il a commencé sa carrière chez la banque Degroof Luxembourg en tant que macro-économiste en 1999, après avoir été doctorant en économie internationale monétaire à l’UCL (1998-1999). Il dirige le CEPESS, le bureau d’études du cdH, durant environ 2 ans (septembre 2004 à mars 2006). Il rejoint la Fédération belge des entreprises (FEB) comme chief economist (2006-2007) avant de monter à bord d’un cabinet ministériel en tant de directeur adjoint (Vice-Première et ministre de l’Emploi, Joëlle Milquet) pendant moins d’un an (2008). Il suivra cette dernière en tant que directeur de cabinet quand l’ancienne présidente du cdH poursuit sa mission en prenant en plus la compétence de la politique de l’Asile et de l’Immigration  entre 2008 et 2011, puis de 2011 à 2013 quand elle devient ministre de l’Intérieur et de l’Egalité des chances. « Je n’ai pas les mots pour exprimer ma profonde tristesse et mon émotion immense. Philippe était brillant, rigoureux, généreux, collectif, modeste et convivial, profondément habité par des valeurs humanistes fortes avec un sens de l’intérêt général rare. Il était respectueux des différences, indigné par les discriminations, inclusif d’une douceur et d’une sensibilité infinie », a témoigné Joëlle Milquet, également sur Facebook. Elle loue sa loyauté.

Il nous a accordé, il y a quelques semaines, une interview. Toutes nos condoléances à sa mère (dont il est le fils unique), à ses proches et surtout son compagnon Nizard.